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30/12/2010

J'ai lu tous les mémoires de Beaumarchais, et je ne me suis jamais tant amusé. J'ai peur que ce brillant écervelé n'ait au fond raison contre tout le monde

 

 http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Barbier_de_S%C3%A9ville

http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Mariage_de_Figaro

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_M%C3%A8re_coupable

Ci-dessous, Giovanni Paisiello, dans ses oeuvres, ici, plutôt que W-A Mozart (qui , lui, a eu des paroles plus que méprisantes à la mort  de Volti, que j'écoute parfois, mais que je ne mettrai pas en vedette ! )

http://www.deezer.com/listen-7954123

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http://www.deezer.com/listen-7954145

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 Beaumarchais, homme génial, qui reconnut le génie de Volti et dépensa sans compter pour faire connaitre l'oeuvre de cette Lumière du monde.

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Envoyé de Parme, etc. en son hôtel quai d'Orsay à Paris

 

30è décembre 1773

 

Mon cher ange, votre lettre du 19è décembre me confirme dans les soupçons que j'avais depuis longtemps. Je n'ai point reçu celle que vous m'avez écrite par M. de Varicourt qui a été très longtemps malade. L'homme dont vous me parlez commence à être connu i. Je n'ai autre chose à faire qu'à me taire ii.

 

J'ai lu cette pauvre Orphanis iii, cela est très digne du siècle où nous sommes. Tout me dégoûte du théâtre, et pièces et comédiens. Sans Lekain il faudrait donner la préférence à Gilles iv, sur le théâtre français.

 

Il ne me reste plus qu'à cultiver mon jardin après avoir couru le monde ; mais malheureusement on ne cultive point son jardin pendant l'hiver, et cet hiver est furieusement long entre les Alpes et le mont Jura. Il faut donc mourir sans vous avoir revu et sans vous avoir embrassé.

 

Je n'ai pour ma consolation qu'un procès très désagréable que me fait un polisson de Genève au sujet d'une petite terre auprès de Ferney que j'avais achetée de lui pour Mme Denis v.

 

Voici dans mes détresses une autre petite affaire que je confie à votre générosité.

 

La Harpe me parait être dans une situation assez pressante, et je n'ai pas de quoi l'assister, parce que M. le duc de Virtemberg ne me paie plus, et que M. de Laleu est considérablement en avance avec moi. Si vous pouviez donner pour moi vingt-cinq louis à La Harpe vi, vous me feriez un plaisir infini. On dit qu'il a fait une excellente tragédie des Barmécides. L'avez-vous vue ? En êtes vous aussi content que lui ?

 

Je ne sais s'il sera jamais un grand tragique, mais il est le seul qui ait du goût et du style ; c'est le seul qui donne des espérances, le seul peut-être qui mérite d'être encouragé, et on le persécute.

 

Si les vingt-cinq louis vous gênent, mandez-le moi hardiment.

 

J'ai lu tous les mémoires de Beaumarchais vii, et je ne me suis jamais tant amusé. J'ai peur que ce brillant écervelé n'ait au fond raison contre tout le monde. Que de friponneries, ô ciel ! que d'horreurs ! que d'avilissement dans la nation! quel désagrément pour le parlement viii! que mon Caton d'abbé Mignot en est ébouriffé ! Il vaudrait mieux manger en paix de meilleurs petits pâtés que n'en faisait l'empoisonneur Mignot, qu'il a plu à messieurs les auteurs des Œufs rouges ix et à M. Clément x de faire passer pour son grand-père. M. Clément imprime cette belle généalogie dans une des Lettres qu'il me fait l'honneur de m'écrire avec une permission tacite xi. Encore une fois, nous sommes dans un étrange temps . Dieu soit béni ! La tête me tourne. Je me mets au milieu de mes frimas sous les ailes de mes anges .

 

V. »

 

i Par cette lettre, V* apprend : « par une voie un peu lente mais sure » « le peu de bonne volonté » de Richelieu pour les Lois de Minos et son « défaut d'activité sur une possibilité de retour (de V* à Paris » et d'autre part la responsabilité de Marin dans l'édition pirate des Lois de Minos : il «s'est entendu avec Valade auquel cette intelligence a assuré l'impunité. » 

 

ii Ce que lui conseille d'Argental, tant pour Richelieu que pour Marin : « ... cette découverte ne doit pas vous déterminer à rompre avec un homme [Marin] dont à tout moment vous pouvez avoir besoin... il faut dissimuler les injures et feindre de les ignorer afin de ne pas être obligé à en marquer son juste ressentiment . Il doit en être usé de même à l'égard du maître des Jeux [Richelieu]. »

 

iii De Blin de Sainmore, représentée le 25 septembre 1773. http://books.google.com/books?vid=0FbaOHq5oAeyeEdws9&...

 

iv Personnage de foire, mais aussi allusion à « Gilles Shakespeare ».

 

v C'est l'Ermitage, près de Colovrex, acheté à Choudens en 1759. V* dans ses contacts avec l'avocat Christin et Florian parle de ce procès « contre celui qui nous avait vendu l'Ermitage et qui veut y rentrer au bout de quatorze ans. »

 

vi Auparavant, en juillet 1769, V* a prêté dix mille francs à d'Argental.

 

vii Mémoires Goësmann, concernant son procès, le premier procès ayant eu lieu en 1771 avait pour objet la succession de Pâris-Duvernet. Beaumarchais réclamait 100 000 livres. Le légataire universel, comte de La Blache, prétendait que le papier qui servait de preuve était u faux ; puis, redemandant 15 louis versés à Mme Götzman, Beaumarchais fut accusé de corruption (du juge Götzman) en juin 1773 ; il fut de plus accusé notamment d'avoir tué ses premières femmes. Le premier Mémoire avait paru le 5 septembre, le second le 18 novembre, le troisième le 19 ou 20 décembre . Cf. lettre du 17 janvier 1774 à d'Argental. Fin page 73-début 74 : http://books.google.be/books?id=6gz38JE6zFkC&pg=PA74&...

Page 35- et suivantes - : sun2.science.wayne.edu/multimedia/.../File/.../Beaumarchais_Volume_II.pdf

http://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=mdp.39015070447662

 

viii Les 22 et 23 décembre, le parlement dut « décréter son membre pourri » Götzman pour falsification de documents.

 

ix Les Œufs rouges de monseigneur Sorhouet mourant . A monsieur de Maupéou, 1772, qu'on attribue à Matthieu-François Pidansat de Mairobert ou à Jacques-Matthieu Augeard ; cf. lettre du 6 janvier 1774 à d'Hornoy.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mathieu-Fran%C3%A7ois_Pidans...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Mathieu_Augeard...

 

 

x Jean-Marie-Bernard Clément, auteur de Première Neuvième Lettre à M. de Voltaire, 1773-1776 ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie-Bernard_Cl%C3%A9m...

http://books.google.fr/books?id=CD40AAAAMAAJ&printsec...

 

 

xi V* venait de lire la Quatrième Lettre où il est écrit : « peut-être M. de V*** veut-il se venger ... de ce que ce fameux satirique [Boileau] avait traité d'empoisonneur le traiteur Mignot, dont M. de V** est le petit-neveu , à ce qu'on dit . » V* se plaignit à Maupéou le 20 décembre de « cette petite calomnie » qui « jette un très grand ridicule sur la tête à cheveux blancs d'un conseiller de la Grand-Chambre [l'abbé Mignot] , et avilit un corps que (Maupéou) a bien voulu honorer. »

 

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