14/04/2011
j'ai toujours détesté et méprisé des monstres noirs et insolents, ennemis de la raison et du roi
A tous ceux que certains mariages princiers à venir intéressent et qui se demandent pourquoi ceux-là ont choisi de s'unir, Volti donne cette réponse ( à mettre au pluriel) : "Ce mariage-là n'est pas tout à fait selon les canons, mais il est selon la nature dont les lois sont plus anciennes que le concile de Trente . "
http://www.deezer.com/listen-5189118
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
1er avril 1772
Mon cher ange a sans doute reçu la lettre écrite au quinque i, et je ne puis rien ajouter au verbiage de M. du Roncel ii. Vraiment je vous enverrai tant de neuvièmes iii que vous voudrez, mais comment, et par où ? Les clameurs commencent à s'élever iv, et il y a des personnes qui n'osent pas voyager . Si vous ne trouvez pas une voie, vous qui habitez la superbe ville de Paris, comment voulez-vous que j'en trouve, moi qui suis chez les antipodes dans un désert entouré de précipices ?
Vous m'avez ôté un poids de quatre cents livres qui pesait sur mon cœur, en me disant que M. d'Albe v avait toujours de la bonté pour moi . Mais ce n'est pas assez, et je mourrai certainement d'une apoplexie foudroyante s'il n'est pas persuadé de mon inviolable attachement, et de la reconnaissance la plus vive que ce cœur oppressé lui conserve . L'idée qu'il en peut douter me désespère . Je l'aime comme je l'ai toujours aimé vi, et autant que j'ai toujours détesté et méprisé des monstres noirs et insolents, ennemis de la raison et du roi vii.
Florian viii qui pleurait ma nièce, et qui est venu chez moi toujours pleurant, a trouvé dans la maison une petite calviniste assez aimable et au bout de quinze jours il est allé se faire marier vers le lac de Constance par un ministre luthérien ix. Ce mariage-là n'est pas tout à fait selon les canons, mais il est selon la nature dont les lois sont plus anciennes que le concile de Trente .
Est-il vrai que M. le duc de La Vrillière se retire ? J'en serais fâché x, il m'a témoigné en dernier lieu les plus grandes bontés . Ayez celle de me mander si vous voyez déjà des arbres verts aux Tuileries, des fenêtres de votre palais . Je me mets de ma chaumière au bout des ailes de mes anges, avec effusion de cœur . »
i V*, dans des lettres précédentes parlait d'un quatuor d'experts en théâtre : les d'Argental, Thibouville et sans doute Chauvelin ; s'y ajoute alors Praslin (exilé à Praslin) ou Pont-de-Veyle, frère de d'Argental.
ii Le « jeune avocat du Roncel », auteur prétendu des Lois de Minos . http://www.voltaire-integral.com/Html/07/04MINOS.html
iv Le 26 mars, le Consistoire de Genève a décidé de prendre des mesures contre la publication des Questions sur l'Encyclopédie .
vi Sur ses relations avec Choiseul depuis sa disgrâce, voir lettres aux d'Argental, à la duchesse de Choiseul, à Mme du Deffand, à La Ponce depuis janvier 1771.
Sur les « doutes » des Choiseul, voir le passage d'une lettre de la duchesse cité dans une note de la lettre à de La Ponce de mars 1771 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/10/un-moment-a-tout-detruit-nous-n-avons-a-present-qu-une-persp.html
vii L'ancien parlement de Paris ; V* approuvant la réforme Maupéou, ce qu'admettent difficilement les Choiseul et leurs alliés .
ix Florian épousa Mme Rilliet, divorcée d'un huguenot, huguenote . V* le 28 janvier, avait écrit au cardinal de Bernis pour lui faire demander une permission au pape : il promettait la conversion de la jeune femme ... après la mariage ; la requête ne fut pas agréée .Voir page 402 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80040v/f407.image.r=.langFR
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