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23/09/2011

Il y a toujours quelques belles dames qui vont parer les loges, et des petits-maîtres qui font des pirouettes sur le théâtre ; mais le reste souffre et murmure

 Cette note est la millième que je mets en ligne, et j'ose espérer, en suivant mon cher Voltaire (Volti pour moi ! ), vous faire profiter, au jour le jour , de la vie ce cet homme remarquable .

 Depuis quelques jours maintenant, je me consacre à sa correspondance à partir du moment où il commence à parler de son exil, ou retrait loin de Paris , donc depuis son séjour à Colmar en 1754 .

A suivre ...

 

 

 

« A madame Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg

 

A Colmar, ce 23 septembre [1754]

 

Je ne guéris point, madame, mais je m'habitue à Colmar plus que la grand'chambre à Soissons . Les bontés de monsieur votre frère 1 contribuent beaucoup à me rendre ce séjour moins désagréable . Je serais heureux dans l'ile Jard, mais cette île Jard me suis partout . Vous avez deux neveux aussi à plaindre qu'ils sont aimables : l'un plaide, l'autre est paralytique 2. Je ne vois de tous côtés que désastres au monde . La langueur, la misère, et la consternation, règnent à Paris . Il y a toujours quelques belles dames qui vont parer les loges, et des petits-maîtres qui font des pirouettes sur le théâtre ; mais le reste souffre et murmure . Il y a un an que j'ai de l'argent aux consignations du parlement ; le receveur jouit . Combien de familles sont dans le même cas, et dans une situation bien triste ! On exige , dans votre province, de nouvelles déclarations qui désolent les citoyens ; on fouille dans les secrets des familles ; on donne un effet rétroactif à cette nouvelle manière de payer le vingtième, et on fait payer pour les années précédentes . Voilà bien le cas de jeûner et de prier, et d'avoir des lettres consolantes de M. de Beaufremont . Il n’est pas plus question de la préture de Strasbourg que des prêteurs de l'ancienne Rome . Vivez tranquille , madame, avec votre respectable amie,3 à qui je présente mes respects . Faites un bon feu ; continuez votre régime : cette sorte de vie n'est pas bien animée, mais cela vaut toujours mieux que rien . Si vous avez quelques nouvelles, daignez en faire part à un pauvre malade enterré à Colmar . Permettez-moi de présenter mes respects à monsieur votre fils, et de vous souhaiter, comme à lui, des années heureuses, s'il y en a . »


1 Le premier président au conseil souverain de Colmar, Christophe de Klinglin .

2 Le baron d'Hattsatt et le chevalier de Klinglin.

3 Mme de Brumath .

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