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20/10/2011

Il me semble que je suis las du public

 

lit frontiere ferney candide.jpg

http://www.ferney-candide.fr/2.html

 

 

« A Charles -Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

 

 

De mon lit, à Lyon, le 4 décembre [1754]

 

 

 

Mon cher ange, votre consolante lettre, adressée à Colmar, est venue enfin à Lyon calmer une partie de mes inquiétudes . Vous aurez tout ce que vous daigner demander, et je ferai tout transcrire pour vous, dès que je serai quitte d'une goutte sciatique qui me retient au lit . J'éprouve tous les maux à la fois, et je perds dans les voyages et dans les souffrances un temps précieux que je voudrais employer à vous amuser . Il me semble que je suis las du public, et que vous êtes ma seule passion . Je n'ai plus le cœur au travail que pour vous plaire ; mais comment faire , quand on court et quand on souffre toujours ? On veut à présent que j'aille aux eaux d'Aix en Savoie, pour le rhumatisme goutteux qui me tient perclus . On m'a prêté une maison charmante,1 à moitié chemin ; il faudrait être un peu plus sédentaire ; mais je suis une paille que le vent agite , et Mme Denis s'est engouffrée dans mon malheureux tourbillon . J'attends toujours de vos nouvelles à Lyon . On dit qu'on va jouer enfin le Triumvirat d'un côté, et Pandore, de l'autre : ce sont deux grands fléaux de la boîte . Hélas ! mon cher et respectable ami, si j'avais trouvé au fond de la boîte l'espérance de vous revoir, je mourrais content . Mme Denis vous fait mille compliments . Je baise , en pleurant, les ailes de tous les anges . »

 

1 Le château de Prangins , près de Genève .

 

 

 

 

 

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