06/11/2012
Pour Dieu, faites donner à dîner à Lekain, tout laid qu'il est.
... Pas de délit de sale gueule avec Voltaire !
Il sait reconnaitre les qualités et mérites, il est un avocat qui ne délaisse pas son client et qui, mieux que ça, plaide en faveur de ceux qui en ont besoin avant qu'ils appellent au secours . A ceux qui décrivent un Voltaire flatteur je demande de voir le Voltaire altruiste qui use de la flatterie -banale ne ce temps-là- qui n'engage pas plus que notre "veuillez-agréer, monsieur, madame, l'expression de mes respectueuses salutations" qu'on affiche au bas de nos lettres à des supérieurs .
De plus amusez-vous à prononcer rapidement le titre de cette note . Est-ce que ça vous rappelle quelque chanson ? oui ? pour moi c'est ceci : http://www.deezer.com/track/5515482
« A M. Louis-François-Armand du PLESSIS, maréchal duc de RICHELIEU.
Aux Délices, 4 juin[1757].
Ma conscience m'oblige, monseigneur, de vous présenter les remontrances de mon parlement, ce parlement est le parterre. Je suis assassiné de lettres qui disent que Lekain 1 est le seul acteur qui fasse plaisir, le seul qui se donne de la peine, et le seul qui ne soit pas payé. On se plaint de voir des moucheurs de chandelles qui ont part entière, dans le temps que celui qui soutient le théâtre de Paris n'a qu'une demi-part. On s'en prend à moi; on dit que vous ne faites rien en ma faveur, et on croit que je ne vous demande rien, cependant, je demande avec instance. Je conviens que Baron avait un plus bel organe que Lekain, et de plus beaux yeux; mais Baron avait deux parts; et faut-il que Lekain meure de faim, parce qu'il a les yeux petits et la voix quelquefois étouffée ? Il fait ce qu'il peut; il fait mieux que les autres, les amateurs font des vers à sa louange; mais il faut que son métier lui procure des chausses; il n'a que la moitié d'un cothurne, je vous conjure de lui donner un cothurne tout entier .
J'aimerais mieux vous écrire en faveur de quelque Prussien que vous auriez fait prisonnier de guerre vers Magdebourg mais puisqu'à présent vous êtes occupé d'emplois pacifiques, souffrez que je vous parle en faveur d'Orosmane, de Mahomet, et de Gengis- kan. Les héros doivent-ils laisser mourir de faim les héros? On dit que vos chevaux manquent de fourrages en Vestphalie, et qu'on leur donne du jambon. Pour Dieu, faites donner à dîner à Lekain, tout laid qu'il est.
Vous avez dû recevoir les dernières volontés de l'amiral Byng les miennes sont que je vous serai attaché tout ma vie avec le plus tendre respect. »
1Henri-Louis Caïn dit Lekain : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lekain
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