25/12/2012
Voilà de ces révolutions bien capables de détromper des grandeurs humaines, si quelque chose pouvait désabuser les hommes
... Car tout grand homme prétendu tel, sur son trône n'est jamais assis que sur son cul , lequel n'a pas plus fière allure que le mien, et le vôtre .
Dés -abuser les hommes, oui, j'ai quelques lueurs d'espoir, c'est Noël
« A Mme Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
Aux Délices, 22 septembre [1757]
Madame, deux ou trois armées du meilleur des mondes possibles m'ont privé de la consolation de recevoir des lettres de Votre Altesse sérénissime; je n'en ai pas été moins touché de tous les événements qui ont pu regarder vos États. Je me suis intéressé à eux comme à ma patrie, et à votre personne, madame, comme à ma protectrice, à qui j'ai voué un attachement qui durera autant que ma vie.
On a dit, sur les bords du lac de Genève, que Votre Altesse sérénissime y enverrait un des princes ses enfants ; si cela était vrai, madame, que je serais heureux de pouvoir recevoir vos ordres, soit pour Lausanne, soit pour Genève, et de montrer au fils tous les sentiments respectueux qui m'attachent à la mère ! J'adresse cette lettre à M. le maréchal de Richelieu, dans l'espérance qu'il la fera rendre avec sûreté à Votre Altesse sérénissime, je me flatte même qu'elle pourra parvenir dans un temps où toutes les difficultés seront aplanies, et où vos États jouiront de la tranquillité que votre sagesse et celle de monseigneur le duc leur aura procurée.
J'eus l'honneur de recevoir, il y a peu de temps, une lettre du roi de Prusse, dans laquelle il me dit qu'il ne lui reste plus qu'à vendre cher sa vie. Mais sa vie est trop précieuse, trop marquée par de beaux événements, pour qu'il songe à la finir et il est trop philosophe pour ne savoir pas supporter des revers. Qui eût dit, madame, qu'un jour je prendrais la liberté de le consoler? Voilà de ces révolutions bien capables de détromper des grandeurs humaines, si quelque chose pouvait désabuser les hommes.
Puissent ces grands mouvements ne point porter dans vos États les calamités qui les suivent . Puisse votre santé n'être pas plus altérée que votre courage . Que Votre Altesse sérénissime daigne recevoir, avec sa bonté ordinaire, mon profond respect pour sa personne et pour toute son auguste famille, aux pieds de qui je me mets.
V.»
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