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29/12/2012

ce qui n'a pas réussi dans un temps peut réussir dans un autre et chaque chose a son point de maturité

... Me dis-je à chaque fois que je ressort bredouille de sous le capot de cette fichue bagnole/boite à soucis qui refuse de démarrer .

A chaque chose agaçante  (je mets "agaçante" pour ne pas être interdit de lecture aux moins de cinq ans, je pense fortement "emm...te" !) . Son pendant favorable : j'ai plus marché en une semaine que pendant tout le reste de l'année, je suis plus en forme que je le pensais, ou "comment positiver ?". Et ça n'est pas fini je crois, ma capacité de dépannage n'ayant pas encore atteint la maturité .

 Contrairement à ces pommes

 maturité pommes hiver 1101.png

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

A vous seul [27 septembre 1757]

Mon héros, vous avez vu et vous avez fait des choses extraordinaires . En voici une qui ne l'est pas moins et qui ne vous surprendra pas . Je la confie à vos bontés pour moi, à vos intérêts, à votre prudence, à votre gloire .

Le roi de Prusse s'est remis à m'écrire avec quelque confiance . Il me mande qu'il est résolu de se tuer s'il est sans ressource et Mme la margrave sa sœur m'écrit quelle finira sa vie si le roi son frère finit la sienne . Il y a grande apparence qu’au moment que j'ai l'honneur de vous écrire le corps d'armée de M. le prince de Soubise 1 est aux mains avec les Prussiens . Quelque chose qui arrive il y a encore plus d'apparence que ce sera vous qui terminerez les aventures de la Saxe et du Brandebourg, comme vous avez terminé celles de Hanovre et de la Hesse . Vous courez la plus belle carrière où on puisse entrer en Europe et j'imagine que vous jouirez de la gloire d'avoir fait la guerre et la paix .

Il ne m'appartient pas de me mêler de politique et j'y renonce comme au char des Assyriens . Mais je dois vous dire que dans ma dernière lettre à Mme la margrave de Baireuth je n'ai pu m'empêcher de lui laisser entrevoir combien je souhaite que vous joigniez la qualité d'arbitre à celle de général . Je me suis imaginé qu’en cas qu'on voulût tout remettre à la bonté et à la magnanimité du roi, il vaudrait mieux qu'on s'adressât à vous qu'à tout autre 2. En un mot j'ai hasardé cette idée sans la donner comme conjecture ni comme conseil , mais simplement comme un souhait qui ne peut compromettre ni ceux à qui on écrit ni ceux dont on parle et je vous en rends compte sans autre motif que celui de vous marquer mon zèle pour votre personne et pour votre gloire . Vous n'ignorez pas que Mme de Bareith a voulu déjà entamer une négociation qui n'a eu aucun succès . Mais ce qui n'a pas réussi dans un temps peut réussir dans un autre et chaque chose a son point de maturité . Je n'ajoute aucune réflexion, je crois seulement vous dire qu'en cas qu'on puisse résoudre le roi de Prusse à remettre tout entre vos mains ce ne sera que par Mme la margrave sa sœur qu'on pourra y réussir .

J'espère que ma lettre ne sera pas prise par des housards prussiens ou autrichiens . Je ne signe ni ne date . Vous connaissez mon ermitage . J'ose vous supplier de m'écrire seulement quatre mots qui m'instruisent que vous avez reçu ma lettre .

J'ai eu l'honneur de mettre sous votre protection une lettre pour Mme la duchesse de Saxe-Gotha . Plus d'une armée mange son pauvre pays et tout galant que vous êtes vous y avez quelque part . Vous ne pouvez toujours contenter toutes les dames .3

Voilà une belle méprise de ma part mais je relis toujours mes lettres avant de les cacheter . Je demande pardon à Mgr le maréchal pour les tapis d'Aubusson 4.

Permettez encore que j'ajoute que vous avez parmi vos aides de camp un comte Divonne mon voisin qu'on dit très aimable et très empressé à bien servir . Vous êtes très bien en médecins et en aides de camp . Ils sont bien heureux . Que ne puis-je comme eux être à portée de voir mon héros ? »

1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Rohan-Soubise

Soubise fait tout pour retarder l'affrontement qui ne surviendra que début novembre et se soldera par une défaite .

2 Frédéric II écrivit à Richelieu :

« Roetha 6 septembre 1757

Je sais monsieur le duc qu'on ne vous a pas mis dans le poste où vous êtes pour négocier ; je suis cependant très persuadé sue le neveu du grand cardinal de Richelieu est fait pour signer des traités tout comme pour gagner des batailles . Je m'adresse à vous par un effet de l'estime que vous inspirez à ceux qui ne vous connaissent pas même particulièrement .il s'agit d'une bagatelle , monsieur, de faire la paix si on le veut bien . J'ignore quelles sont vos instructions mais dans la supposition , qu'assuré de la rapidité de vos progrès, le roi votre maître vous aura mis en état de travailler à la pacification de l’Allemagne, je vous adresse M. d'Eickstedt, dans lequel vous pouvez prendre une confiance entière . Quoique les évènements de cette année ne devraient pas me faire espérer que votre cour conserve encore quelques dispositions favorables pour mes intérêts, je ne puis cependant me persuader qu'une liaison qui a duré seize années n'ait pas laissé quelques traces dans les esprits ; peut-être que je juge des autres par moi-même, quoi qu'il en soit, enfin je préfère de confier mes intérêts au roi votre maître plutôt qu'à tout autre . Si vous n'avez, monsieur, aucune instruction relative aux propositions que je vous fais, je vous prie d'en demander et de m'informer de leur teneur . Celui qui a mérité des statues à Gènes, celui qui a conquis l'île de Minorque malgré des obstacles immenses, celui qui est sur le point de subjuguer la Basse-Saxe, ne peut rien faire de plus glorieux que de travailler à rendre la paix à l'Europe . Ce sera sans contredit, le plus beau de vos lauriers . Travaillez-y monsieur,avec cette activité et cette promptitude qui vous font faire des progrès si rapides, et soyez persuadé que personne ne vous en aura plus de reconnaissance au, monsieur le duc, votre fidèle ami

Fédéric »

Réponse de Richelieu :

« Sire, quelque supériorité que votre Majesté ait en tout genre, il y aurait peut-être beaucoup à gagner pour moi de négocier plutôt qu'à combattre vis-à-vis un héros tel que votre Majesté . Je crois que je servirais le roi mon maître d'une façon qu'il préfèrerait à des victoires si je pouvais contribuer au bien d'une paix générale . Mais j'assure votre Majesté que je n'ai ni instructions ni notions sur les moyens d'y pouvoir parvenir .

Je vais envoyer un courrier pour rendre compte des ouvertures que votre Majesté veut bien me faire et j'aurai l'honneur de lui rendre la réponse de l'affaire dont je suis convenu avec M. d'Elcheter .

Je sens comme je le dois tout le prix des choses flatteuses que je reçois d'un prince qui fait l'admiration de l'Europe et qui , si j'ose le dire a fait encor plus la mienne particulière . Je voudrais bien au moins pouvoir mériter ses bontés en le servant dans le grand ouvrage qu'il paraît désirer et auquel il croit que je peux contribuer, je voudrais surtout pouvoir lui donner des preuves du profond respect avec lequel j'ai l'honneur d'être,

de votre Majesté » etc.

3 La phrase suivante est due à une méprise de V* qui a écrit ce qui précède sur le verso d'une lettre adressée à Ami Camp ; après cette excuse il continua le reste de la lettre sur une nouvelle feuille .

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