12/06/2013
Ces marauds-là ont peut-être raison de crier contre la vérité et de sonner l'alarme quand leur ennemi est aux portes ; mais on n'a pas raison de souffrir leurs impertinentes et punissables clameurs
... Et une fois de plus , à la SNCF, les syndicats menés par des syndicalistes favorisés, forts en gueule, appellent à la grève et vont, pour continuer leur pantouflage, emmerder leurs concitoyens . Très aimablement je leur souhaite de subir prochainement ce qu'ils disent craindre de voir -hypothètiquement- arriver .
Ces andouilles sont malheureusement les créateurs officiels du mouvement perpétuel, mouvement de grève évidemment . Ils n'en auront pas le prix Nobel, quelle injustice ! Non ?
« A Louis-Elisabeth de La Vergne, comte de Tressan
A Lausanne, 13 février [1758]
Je reçois, monsieur, une réponse à la lettre que j'eus l'honneur de vous écrire hier 1. Votre bonté m'avait prévenu . Je ne savais pas que vous eussiez déjà reçu le fatras énorme dont vous voulez bien charger les tablettes de votre bibliothèque . Il y a là bien des inutilités ; mais si on se réduisait à l'utile, l'Encyclopédie même n'aurait pas tant de volumes . Il y a d'excellents articles et celui de Génie 2 n'est pas le moindre . Si vous étiez encore dans les Gardes, n'est-il pas vrai que vous auriez arrêté ce père Chapelain 3 qui prêche comme l'autre Chapelain faisait des vers et qui a l'insolence de condamner devant le roi un livre muni du sceau du roi ? Ces marauds-là ont peut-être raison de crier contre la vérité et de sonner l'alarme quand leur ennemi est aux portes ; mais on n'a pas raison de souffrir leurs impertinentes et punissables clameurs .
Voilà le temps où tous les philosophes devraient se réunir . Les fanatiques et les fripons forment de gros bataillons et les philosophes dispersés se laissent battre en détail ; on les égorge un à un et pendant qu'ils sont sous le couteau ils se brouillent ensemble et prêtent des armes à l'ennemi commun . D'Alembert fait bien de quitter et les autres font lâchement de continuer . Si vous avez du crédit sur Diderot et consorts, vous ferez une action de grand général de les engager à se joindre tous, à marcher serré, à demander justice et à ne reprendre l'ouvrage que quand ils auront obtenu ce qu'on leur doit : justice et liberté honnête . Il est infâme de travailler à un tel ouvrage comme on rame aux galères . Il me semble que les exhortations d'un homme comme vous doivent avoir du poids . C'est à vous de donner du cœur aux lâches .
Vous pensez comme il faut d'Iphigénie en Crimée mais ce n'est pas la première fois que les badauds de Paris se sont trompés et ce ne sera pas la dernière .
Vous persistez donc dans le goût de la physique . C'est un amusement pour toute la vie . Vous êtes vous fait un cabinet d'histoire naturelle ? Si vous avez commencé, vous ne finirez jamais . Pour moi j'y ai renoncé ; et en voici la raison : un jour en soufflant mon feu je me mis à songer pourquoi du bois faisait de la flamme ; personne ne me l'a pu dire et j'ai trouvé qu'il n'y a point d'expérience de physique qui approche de celle-là . J'ai planté des arbres et je veux mourir si je sais comment ils croissent . Vous avez eu la bonté de faire des enfants et vous ne savez pas comment . Je me le tiens pour dit, je renonce à être scrutateur . D'ailleurs je ne vois guère que charlatanisme ; et excepté les découvertes de Newton et de deux ou trois autres, tout est système absurde . L'histoire de Gargantua vaut mieux .
Ma physique est réduite à planter des pêchers à l'abri du vent du nord . C'est encore une belle invention que les poêles dans les antichambres ; j'ai eu des mouches dans mon cabinet tout l'hiver . Un bon cuisinier est encore un brave physicien ; cela est rare à Lausanne . Plût à Dieu que le mien pût vous servir de grosses truites et que je fusse assez heureux pour philosopher avec vous le long de mon beau lac de Lausanne à Genève !
Recevez les tendres respects du vieux Suisse
Voltaire . »
1 Voir lettre du 11 février 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/06/12/j-ai-pris-l-enorme-liberte-monsieur-de-vous-envoyer-une-bibl.html
3 Que V* nomme parfois Garasse-Chapelain ; Charles-Jean-Baptiste Le Chapelain, jésuite, né à Rouen en 1710, mort en 1779. Ses Sermons, dont un contre l'Encyclopédie , parurent en 1767, six volumes in-12. (Beuchot.)
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