13/06/2013
je regarde avec pitié Les traités frauduleux, la sourde inimitié Et les fureurs de la vengeance
... Et je regarde avec amusement des rapprochements incongrus qui tiennent plus de l'humour noir que de la bienséance et l'à-propos . Merci à Google pour ses Actualités du 12 juin 2013 !
Je ne pourrai plus désormais voir la rubrique nécrologique sans imaginer qu'elle pourrait fort bien , aux yeux de certains, figurer dans la rubrique divertissement , tant il est vrai que mourir peut être vu comme un oubli de respirer par distraction .
Je vois très bien dans une revue TV : Résumé si vous avez manqué le début ...
« A Alexandre d'Adhémar de Monteil de Brunier, marquis d'Adhémar 1
Il n'est chère que de vilain, monsieur le grand maître ; vous écrivez rarement mais aussi , quand vous vous y mettez, vous écrivez des lettres charmantes ; vous n'avez pas perdu le talent de faire des jolis vers ; les talents ne se rouillent pas auprès de votre adorable personne .
Pour moi, dans la retraite où la raison m'attire,
Je goûte en paix la liberté ;
Cette sage divinité,
Que tout mortel ou regrette ou désire,
Fait ici ma félicité .
Indépendant, heureux, au sein de l'abondance,
Et dans les bras de l'amitié,
Je ne puis regretter ni Berlin ni la France, et je regarde avec pitié
Les traités frauduleux, la sourde inimitié
Et les fureurs de la vengeance .
Mes vins, mes fruits, mes fleurs, ces campagnes, les eaux,
Mes fertiles vergers et mes riants berceaux,
Trois fleuves que de loin mon œil charmé contemple,
Mes pénates brillants, fermés aux envieux
Voilà mes rois, voilà mes dieux,
Je n'ai point d'autre cour, je n'ai point d'autre temple .
Loin des courtisans dangereux,
Loin des fanatiques affreux,
L'étude me soutient, la raison m’illumine ;
Je dis ce que je pense, et fais ce que je veux ;
Mais vous êtes bien plus heureux :
Vous vivez auprès de Wilhelmine .
Vous devez recevoir incessamment un chambellan 3 de son Altesse Royale qui est presque aussi malade que moi, mais qui est presque aussi aimable que vous ; j'ai eu l'honneur de le posséder quelquefois dans mon ermitage des Délices où nous avons bu à votre santé . Mme Denis, compagne de ma retraite et de ma vie heureuse, vous aime toujours et vous fait les plus tendres compliments ; je vous fais les miens sur votre dignité de grand maître . Souvenez-vous que j'ai été assez heureux pour poser les premières pierres de cet édifice ; ne m'oubliez jamais auprès de Monseigneur et de son Altesse Royale . Je voudrais leur pouvoir faire ma cour encore une fois avant que de mourir . Ils ont un frère qu'il faudra toujours regarder comme un grand homme, quoi qu'il arrive ; et dont j'ambitionnerai toujours les bontés quoi qu'il soit arrivé . Comptez, monsieur, sur ma tendre amitié et sur tous les sentiments qui m'attacheront à vous pour jamais .
Le Suisse V. »
1 Grand maître à la cour de Bayreuth ; voir : http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?f=2&t=36216&view=print
2Aucune des copies de cette lettre parvenues à ce jour ne sont datées, non plus que l'édition . La date proposée
par Besterman se fonde sur le fait que les affaires de Prusse sont encore dans l'incertitude et que le chambellan doit revenir de façon imminente .
3 Louis-Alexandre Riqueti, chevalier de Mirabeau ; voir lettre du 15 juillet 1757 à la margravine de Baireuth : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/22/la-gloire-qui-s-achete-par-tant-de-peines-est-moins-rare-que.html
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