19/06/2013
Ma foi à force d'emprunter on sera enfin réduit à ne rien payer . Sauve qui peut
... Un peu de bon sens n'est pas de trop , ni pour les particuliers, ni pour les Etats .
Avant
Grandeur et décadence
« A Jean-Robert Tronchin
à Lyon
A Lausanne 23 février [1758]
Je reçois, mon cher monsieur , votre lettre du 19 . J'ai donné une lettre de change de 1700 livres sur vous à M. Francillon de Lausanne 1. Les 500 louis seront arrivés assez tôt au mois d'avril . Je ferai peut-être aussi de mon côté un petit voyage mais ce ne sera pas à Paris . Grand merci des cinquante bouteilles . C'était pour mêler avec le vin de Beaujolais mais puisque vous dites qu'il est si bon, il sera bu sans mélange . Pourrait-on en avoir cent bouteilles au lieu de 50 ?2 Je vous remercie des chiffons de théâtre . J'en fais usage car il faut s'amuser et la bonne philosophie n'est que cela . Vraiment je vous serai très obligé de me faire marcher sur des dépouilles anglaises . Je veux fouler aux pieds leurs tapis de Turquie . Ayez la bonté de m'en faire avoir quatre . Les dimensions n'y font rien . Ils seront bien reçus . Je ne veux pas que la maison des Délices soit de pire condition que la maison de Lausanne dans laquelle j'ai fait mettre des tapis partout . Si je suis philosophe je ne suis pas de la secte des cyniques qui gâtaient les meubles .
Il n'y a que Dieu qui sache ce que le diable nous promet cette année . On dit que le diable menace encore d'un nouvel emprunt dans six mois . Ma foi à force d'emprunter on sera enfin réduit à ne rien payer . Sauve qui peut . Je vous embrasse . Point de nouvelles des exacteurs généraux sur mes flambeaux .3
V.
Je tire encore sur vous, monsieur, une lettre de change pour la solde du sieur Aubousier 4, marchand de Lausanne . Elle sera environ 1650 livres . »
1 Sans doute un des fils du banquier Louis Francillon , Jean-François et Abraham-Isaac, tous deux marchands et banquiers .
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