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06/09/2013

malgré l'oubli de l'usage où l'on est de charger ces paquets de quelques pistoles qui rendent la consultation plus aisée

 ... On se rend compte que malgré tout il reste encore des électeurs .

Oh ! pardon, je mélange les consultations médicales avec les électorales, j'ai été abusé par la question d'argent donné qui facilite, il faut le reconnaitre, plus les unes que les autres , c'est vous qui voyez . Un ex-futur-ex président aux dents longues et aux grands moyens (qui ne lui coûtaient personnellement pas beaucoup) a démontré que certaines consultations amènent un diagnostic et un pronostic défavorables , l'argent ne fait pas tout, heureusement .

 

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« A Charlotte-Sophie von Altenbourg, comtesse Bentinck

Aux Délices 29 juin [1758]

Non, madame, vous n'êtes point ingrate pour moi et vous l'êtes encore moins pour M. le comte Christiani 1. Je partais pour aller à la cour de l’Électeur palatin où il faut nécessairement que je passe quelques jours . Je reçus hier votre paquet à ma campagne par la voie d'un négociant de Genève et je ne vis point l'estafette . J'allai sur le champ chez Tronchin qui malheureusement n'entend pas l'italien . Il a fallu traduire le long mémoire du pauvre docteur de Milan et ce docteur a oublié, tout juste, de dire quel remède Vansuitten 2 a prescrit au malade . Malgré ce double embarras et malgré l'oubli de l'usage où l'on est de charger ces paquets de quelques pistoles qui rendent la consultation plus aisée, M. Tronchin a travaillé presque toute la nuit, et demain , vendredi 30 du mois, la consultation partira par la poste . C'est une bien faible ressource, on ne guérit pas de si loin, et si la nature ne s'en mêle, les médecins de Genève ne feront pas plus de bien que ceux de Milan .

Je rends compte à M. le comte Laurent Christiani de la commission que vous m'avez donnée . Je lui annonce la lettre de M. Tronchin et je pars pour Manheim .

Ce voyage, madame, est un triste contretemps pour moi . Je ne me trouverai point dans mon ermitage des Délices pour vous recevoir . Mes nièces vous en feront les honneurs et seront à vos ordres . Je reviendrai dans peu pour me joindre à elles dans le plaisir qu'elles auront pour vous servir .

Ce dérangement est un peu votre faute car il ne tenait qu'à vous de m'instruire de vos marches . J'aurais remis à un autre temps les engagements que j'ai pris avec la cour palatine, dont je ne peux actuellement me dispenser . Nulle raison politique ne devait vous empêcher de me donner vos ordres . Je ne prétends point et je n'ai jamais prétendu , quoi qu'on en dise, faire la paix entre les puissances . Je ne me mêle point des affaires des rois . Je ne pense qu'à ma chaumière et au bonheur de vous y faire ma cour .

Jugez à quel point je dois être fâché contre vous . Un mot de lettre écrit de Milan quinze jours plus tôt eût empêché mon voyage de Manheim . J'aurais volé en Savoie au devant de vous . Je vous aurais escortée à ma chaumière auprès de Genève et à ma cabane de Lausanne . Vous n'êtes point ingrate, mais vous êtes trop négligente et je ne vous pardonnerai que quand j'aurai l'honneur de vous revoir .

Je pars avec bien du chagrin et avec le respectueux et tendre attachement que j'ai toujours eu pour vous .

V. »

1 Le 23 juin 1758, la comtesse demandait à V* une consultation de Théodore Tronchin pour le comte Cristiani, chancelier du duché de Milan pour la reine Marie-Thérèse, alors gravement malade et qui devait mourir peu après ; voir Beltrame, comte Cristiani : http://books.google.fr/books?id=dOMauMaYA9EC&pg=PA276&lpg=PA276&dq=comte+cristiani+1758&source=bl&ots=LNW-YKMaZz&sig=pl_d7s0n3dKsppxUy_8dAO1FP8g&hl=fr&sa=X&ei=9UEqUvGxE6uw7QbW0oGgDg&ved=0CDkQ6AEwAQ#v=onepage&q=comte%20cristiani%201758&f=false

C'est de cette commission que s'acquitte ici V* . Voir une note de la lettre lettre du 12 mai 1758 à la comtesse . La comtesse écrivait le 23 juin: « Commencez s'il-vous-plait, monsieur, par lire le nom du lieu d'où je vous écris cette lettre [Milan] et puis dites-moi si les noms d'ingrate, de perfide, et toutes les galantes épithète dont vous m'honorez me vont au visage . »

Le comte Laurent Cristiani dont il est question plus loin est le fils du grand chancelier malade ; on parle de lui dans : http://www.cg06.fr/cms/cg06/upload/decouvrir-les-am/fr/fi...*

2 Gérard van Swieten, médecin et éminence grise de Marie-Thérèse , « tyran de l'esprit » .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gerard_van_Swieten

 

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