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15/09/2013

S'il y avait quelque nouvelle favorable au genre humain, j'aurais l'honneur de la mander . Mais on ne doit s'attendre qu'à du carnage

 ... Une nouvelle favorable, comme par exemple celle-ci :  http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20130912.OBS6824/albert-jacquard-qu-est-ce-que-cela-veut-dire-l-intelligence.html

 Le carnage attendra !... un peu ! seulement un peu, misère .

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« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

A Shwessing 16 juillet [1758]

Je n'arrive que dans ce moment à Shwessingen, maison de plaisance de Mgr l’Électeur palatin, ayant été longtemps malade en chemin . Je trouve la lettre du 4 juillet 1 dont m'honore votre Altesse Sérénissime . Je commence par lui souhaiter d'abord et à toute son auguste famille une neutralité tranquille qui la mette à l'abri des dévastations cruelles que l'Allemagne éprouve . Je ne vois partout que des malheurs et Dieu sait quand ils finiront . Les misères publiques sont cimentées de sang et tous les partis ont des larmes à répandre .

J'ose assurer monsieur le duc que c'est un coup du hasard que j'aie trouvé ce M. Labat après avoir frappé en vain à trente portes . Je pense, madame, qu'il en coutera moins à Vos Altesses Sérénissimes en traitant par un de vos ministres avec ce Genevois que si vous aviez emprunté à Berne, et que tout sera plus prompt et plus facile . Car Berne ne prête aux princes qu'avec la garantie de leurs États ce qui entraine toujours des longueurs et des frais , et j'imagine que Labat fera toucher de l'argent sur une simple lettre d'un de vos ministres . Cette insolence que j'ai eue, madame, de me faire caution, est entre Labat et moi, mais n'exige assurément aucun billet de la part de Vos Altesses Sérénissimes ; Labat n'a pas l'honneur de les connaître, c'est un négociant chargé de famille qui veut prendre ses suretés . Mais moi, madame, je vous suis attaché depuis longtemps . Je connais votre cœur et votre manière de penser généreuse , la bonté de votre belle âme ne voudra pas m'offenser par un billet . Les sentiments dont elle daigne m'honorer sont le meilleur des billets .

Je me flatte que sa santé est actuellement meilleure . Je crains bien que les désastres publics ne l'aient altérée . Prions Dieu qu'il rende bientôt à l'Allemagne la paix dont elle a besoin . On s'attend encore à des batailles de tous cotés . S'il y avait quelque nouvelle favorable au genre humain, j'aurais l'honneur de la mander . Mais on ne doit s'attendre qu'à du carnage . Que dit de tout cela la grande maîtresse des cœurs ? Je crois qu'elle gémit . Autant le fait le bon Suisse V. qui se met aux pieds de Vos Altesses Sérénissimes avec le plus profond respect .

V.

P.S.- Si jamais Vos Altesses Sérénissimes avaient quelque chose à faire dire au ministre des affaires étrangères en France, je les supplie de me charger de leurs ordres, en cas qu'elles n'aient point de ministre à Paris . Je m'en acquitterai avec le zèle qu'elles me connaissent . M. l'abbé de Bernis qui m'honore de ses bontés est un des plus aimables hommes de l'Europe . »

1 « Que ne puis-je vous exprimer, monsieur, à quel point je suis sensible aux soins et peines que vous vous êtes donnés pour nous procurer la somme de cinquante mille florins de l'empire : nous reconnaissons avec satisfaction les démarches que vous avez faites à cet égard comme l'effet certain de votre amitié […] Notre ministre M. de Keller écrira aujourd'hui au sieur Labat au nom du duc pour l'avertir que le duc accepte l'offre de la somme en question à six pour cent d'intérêts […] Bien loin d'être surpris ou fâchés nous sommes très flattés monsieur de ce que vous voulez nous servir de caution […] » . Au sujet du prêt voir aussi la lettre du 22 juin 1758 à Labat : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/01/il-faut-brievete-et-clarte-bonsoir-5153854.html

 

 

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