29/09/2013
Vous sentez bien , madame, que si mon goût décidait de ma conduite je serais déjà auprès de vous
... Et ce n'est que trop vrai !
« A Charlotte von Altenburg, comtesse Bentinck
A Schwetzingen 4 août 1 [1758]
Je ne suis pas plus jaloux, madame, de M. Haller 2 que de Marie-Thérèse . L'une mérite des adorations et l'autre la plus grande estime . Mais s'il reste un petit coin dans votre cœur, je le demande et je retiens place . Le roi de Prusse a délogé de Koenigsgrats la nuit du 25 au 26 juillet avec beaucoup de précipitation 3. Il a abandonné treize gros canons et des munitions . Il a perdu quelques automates de six pieds de haut . On prétend que c'est M. de Daun qui le fait fuir . Mais ceux qui ont le nez plus fin prétendent qu'il va attaquer et probablement battre les Russes qui sont dans ses États et qui ont passé l'Oder le 22 juillet 4. On s'attend à de grands évènements avant la fin de la campagne . Vous serez bientôt, madame, à la source de ces nouvelles intéressantes . Vous serez à Vienne . Je vois bien que vous n'êtes pas faite pour notre vie simple et rustique . Mais si vous avez la fantaisie, la cruauté , la rage de partir avant que j'arrive à Lausanne, informez-vous du moins, en chemin, du plus maigre des Suisses . Je passerai par Bâle, par Soleure, où je m'arrêterai nécessairement deux jours chez l'ambassadeur de France, enfin par Berne où peut-être je verrai ce grand Haller . C'est votre route en allant à Vienne . Mais il vaudrait mieux assurément que j’eusse l'honneur de vous voir à Lausanne .
Je vous donne encore ma parole d'y être le premier ou le second septembre au plus tard et de faire tous mes efforts pour y être plus tôt . Vous ne doutez pas je crois de mon empressement . J'ai quelques affaires à Strasbourg qui m'y retiendront trois ou quatre jours . Vous voyez avec quelle exactitude je vous rends compte de mes marches . Vous sentez bien , madame, que si mon goût décidait de ma conduite je serais déjà auprès de vous . J'ai plus d'une chose à vous dire ; et la plus importante pour moi est de vous convaincre que c'est à vous seule que je voudrais faire ma cour .
Vous trouvez Montriond trop petit . Il est très grand pour le prix, et avec cent écus de dépense, il y a de quoi loger encore vingt personnes .
Vous ne trouverez peut-être pas en Europe un pareil marché, quoi que vous en disiez . Si vous voulez ne vous pas ruiner, il faut que votre monde reste là . Songez que rien n'est plus cher que les déplacements . Mais nous parlerons de ces arrangements à loisir . Du moins je l'espère . Attendez-moi je vous en conjure et souvenez-vous que jamais ni Autrichien ni même Wesphalien ne vous sera plus attaché que le Suisse
V. »
3 Frédéric II tire son armée d'affaire par son habileté et par la timidité de l'adversaire , il prend position à Königsgrätz, puis après avoir échoué à entrainer Daun à livrer bataille, il se retira en bon ordre de Bohème . Voir page 59 : http://books.google.fr/books?id=AuwEAAAAYAAJ&pg=PA62&lpg=PA62&dq=konigsgratz+1758&source=bl&ots=aawYRrBjrn&sig=l6PqwbRov8wsbZ-ccZbMKcn7bp0&hl=fr&sa=X&ei=2ppIUsGvC-KN4AS42oGoAg&ved=0CEIQ6AEwAg#v=onepage&q=konigsgratz%201758&f=false
4 La nouvelle est fausse, un peu plus tard dans le mois, c'est Frédéric II qui franchira l'Oder dans la direction opposée pour aller rencontrer l'ennemi .
23:52 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Je ne sais pas pourquoi votre titre d'article me parle quelque part ... Me trompè-je ?
Savez-vous, Mister James, que "quand on veut on peut" :)
Bonne journée à vous.
L.V.
Écrit par : lovevoltaire | 30/09/2013
Chère LoveV, vous lisez en moi clairement et je suis toujours touché de vos attentions .
Mon pouvoir, vous le savez est actuellement limité , et je crois à l'égal du gouvernement actuel ;).
Mon vouloir ne faiblit pas et votre gentillesse ne peut que le conforter .
Que les jours vous soient agréables sans fin .
Écrit par : James | 30/09/2013
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