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23/10/2013

je m'engage à ne pas vivre plus de quatre ou cinq ans. Moyennant ces offres honnêtes, je demande la pleine possession de votre terre, de tous vos droits, meubles, bois, bestiaux, et même du curé

...Pour le curé, je pense qu'il en est un , -un peu cher je vous l'avoue,- qui  se trouve sur le marché , au chomage pour ainsi dire, licencié sans indemnités, c'est Mgr Franz-Peter Tebartz-van Elst, indigne prélat allemand qui s'est pris pour un sultan des mille et une nuits , un nabab immoral .

Ce baron Thunder Ten Tronck moderne , je l'enverrais volontiers faire la manche à la sortie des églises, il est doué, le bougre, pour récupérer l'argent de ses paroissiens . Comment voulez-vous après ça donner le denier du culte , qui, si je ne me trompe, est une taxe à l'égal des impôts en Allemagne, et en Suisse . Qu'il connaisse le chom'du, la précarité, le trottoir , ce soi-disant prince de l'Eglise .

http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/p-1911-Le-...


http://www.swisscastles.ch/Geneve/tournay.html

tournayGE.JPG

 

 

 

« A Charles de BROSSES, baron de Montfalcon

Aux Délices, près de Genève,

9 septembre 1758.

J'ai lu avec un extrême plaisir ce que vous avez écrit sur les Terres australes 1; mais serait-il permis de vous faire une proposition qui concerne le continent ? Vous n'êtes pas homme à faire valoir votre terre de Tournay 2. Votre fermier Chouet en est dégoûté, et demande à résilier son bail. Voulez-vous me vendre votre terre à vie ? Je suis vieux et malade. Je sais bien que je fais un mauvais marché mais ce marché vous sera utile et me sera agréable. Voici quelles seraient les conditions que ma fantaisie, qui m'a toujours conduit, soumet à votre prudence.

Je m'engage à faire bâtir un joli pavillon des matériaux de votre très-vilain château, et je compte y mettre vingt-cinq mille livres. Je vous payerai comptant vingt-cinq autres mille livres. Tous les embellissements que je ferai à la terre, tous les bestiaux et les instruments d'agriculture dont je l'aurai pourvue, vous appartiendront. Si je meurs avant d'avoir achevé le bâtiment, vous aurez par devers vous mes vingt-cinq mille livres, et vous achèverez le bâtiment si vous voulez. Mais je tâcherai de ne pas mourir de deux ans, et alors vous serez joliment logé sans qu'il vous en coûte rien.

De plus, je m'engage à ne pas vivre plus de quatre ou cinq ans.

Moyennant ces offres honnêtes, je demande la pleine possession de votre terre, de tous vos droits, meubles, bois, bestiaux, et même du curé 3, et que vous me garantissiez tout jusqu'à ce que ce curé m'enterre. Si ce plaisant marché vous convient, monsieur, vous pouvez, d'un mot, le rendre sérieux : la vie est bien courte pour que les affaires soient longues.

J'ajoute encore un petit mot ; j'ai embelli mon trou intitulé les Délices. J'ai embelli une maison à Lausanne. Ces deux effets, grâce à ma façon, valent actuellement le double de ce qu'ils valaient. Il en sera autant de votre terre. Voyez ce que vous en pensez. Vous ne vous en déferez jamais dans l'état où elle est. Quoi qu'il en soit, je vous demande le secret, et j'ai l'honneur d'être, d'ailleurs, avec la plus respectueuse estime, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

Voltaire »

1 Paru sous le titre Histoire des navigations aux terres australes, dont de Brosses adressait le tome V en manuscrit à Jallabert le 21 mars 1755 . Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k751404 ; http://www.odsas.fr/scan_sets.php?set_id=9

De Brosses écrivait à Jallabert le 12 mai 1757 pour lui annoncer l'envoi de quatre exemplaires de son œuvre destinés , à lui-même, Pictet, Charles Bonnet et Voltaire, en disant au sujet de ce dernier «  … je vous prie de [lui] faire de ma part cette mienne offrande comme une légère marque de l'agrément que je trouve à l'avoir vu devenir mon voisin. »

Voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Brosses

2 Le château de Tournay est une demeure seigneuriale fortifiée du XVè siècle, au nord de Genève, sur le territoire de la commune de Pregny-Chambésy .

De Brosses donnera son accord le 14 septembre 1758 avec les précisions suivantes : « Terre, seigneurie, prés, vignes, droits .- Convenu .

Meubles . Convenu. Mais je vous avertis qu'il n'y en a guère.

Bois .- Vous l'entendez sans doute comme un usufruitier a les bois d'une terre […] il n'a pas le droit de les couper […] Les bois ne sont pas dans le bail du sieur Chouet, si ce n'est pour le pâturage, le chauffage, la glandée (articles annuels).

Bestiaux- […] [le] troupeau de vaches […] est du bail , par conséquent de la vente . Mais […] dans ce pays-là, c'est un fonds dans les terres . Il sera convenu qu'après vous, on le rendra en même nombre et valeur qu'il aura été livré .

Curé .- Sous la figure d'un ours, ce curé est un très bon homme, fort droit, chose rare, […] il parle mal, mais il pense bien . Sérieusement si nous finissons, je vous le recommande .

Vous voulez construire un bâtiment de vingt cinq mille francs ; je n'en doute pas […]. mais la volonté de l'homme est ambulatoire .[...] Lorsque mon vieux vilain château, logeable pour moi pendant quinze jours tous les trois ans, pour un fermier et pour mes pressoirs pendant toute l'année, sera, une fois détruit, je me trouverais fort embarrassé , si par le hasard des évènements les choses venaient à en rester là . […]

Vous m'offrez vingt cinq mille livres comptant . Mettez la main sur le pourpoint : ce n'est pas assez . Il y a 3000 livres, puis 3300 livres de rente dans le bail actuel . Cela vaut trente mille livres . Je dirais bien trente trois . Mais je n'ai jamais qu'un mot, et s'il m'arrivait d'en avoir plusieurs , ce ne serait jamais avec vous […] .

Vous vous obligez à ne vivre que quatre ou cinq ans ; point de cet article, s'il vous plait, sinon marché nul […] .

Je vous garderai le secret le plus exact et j'ai l'honneur de vous le demander de même à mon égard, surtout par une raison qui nous intéresse tous deux . J'ai tiré jadis cet avantage du malheur de mes pères, huguenots dès le temps de Calvin, que leur terre est de l'ancien dénombrement . Nous n'en sommes fâchés ni vous ni moi, pour qui les édits bursaux * n'ont pas des attraits vainqueurs . On a bien voulu me continuer ce droit en dernier lieu dans le renouvellement du cadastre […] le droit, selon la teneur du privilège, est pour ma famille, ou en cas de vente, à un Genevois, Suisse, etc. autrement il se perd et ne se recouvre pas par réachat . […]

Je suis si fidèle au secret que je n'en ai donné mot à Mme de Brosses […] . Mais , comme Dieu permet que tout se découvre, elle […] demander[a] la chaine du marché **. Je ne sais pas de combien […] Agissons politiquement. Commencez par me corrompre . En fait de terres, je suis vénal comme un Anglais . Quand nous serons tous deux contre elle, nous la réduirons. »

* Mesure extraordinaire de taxation .

** Terme de loi archaïque : gratification donnée à une femme lors de la vente par son mari d'une propriété où elle a un intérêt.

3 Antoine Burdet fut curé de Pregny de 1724 jusqu’à sa mort en 1762 . Ref . Voltaire et son curé, Antoine Richard .

 

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