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07/11/2013

Cela n'est pas humain mais peut-on avoir pitié des pirates ?

... Non !

 

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« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de LUTZELBOURG.

Aux Délices, 2 octobre [1758]

Vos nouvelles de Choisy, madame, ne sont pas les plus fidèles. On a imaginé à la cour de bien fausses consolations. Il est bien triste d'être réduit à feindre des victoires. Les combats du 26 et du 27 sont bons à mettre dans les Mille et une Nuits. Il est très-certain que les Russes n'ont point paru après leur défaite du 25 1, et il est bien clair que le roi de Prusse les a mis hors d'état de lui nuire de longtemps, puisqu'il est allé paisiblement secourir son frère et faire reculer l'armée autrichienne 2. Croiriez-vous que j'ai reçu deux lettres de lui depuis sa victoire ?3 Je vous assure que son style est celui d'un vainqueur. Je doute fort qu'on ait tué trois mille hommes aux Anglais, auprès de Saint-Malo; mais j'avoue que je le souhaite. Cela n'est pas humain mais peut-on avoir pitié des pirates ? La paix n'est pas assurément prête à se faire. A combien Strasbourg est-il taxé ? Pour nous, nous ne connaissons ni guerre, ni impôts. Nos Suisses sont sages et heureux. J'ai bien la mine de ne les pas quitter, quoique la terre de Craon soit bien tentante. Adieu, madame; je vous présente mes respects, à vous et à votre amie, et vous suis attaché pour ma vie.

V.»

2 V* a eu des nouvelles précises de la bataille de Zorndorf dans sa lettre du 16 septembre 1758 : «  […] elle est rapportée si différemment par les gazettiers de Vienne et de Berlin . Les premiers avouent que les Russes ont été battus le 25 d'août mais que le lendemain […] avaient regagné le terrain et que de toute l'armée prussienne il n'y avait été de sauvés que huit mille hommes et quelques escadrons de cavalerie . Les Berlinoises vous couvrent le champ de bataille de vingt mille Russes tous restés sur le carreau, cent trois canons que les Prussiens veulent avoir pris, 27 étendards, toute la caisse militaire, toutes les munitions, deux mille prisonniers, enfin c'est selon ceux-ci une victoire complète . […] Les trois jours suivants les Russes ont brûlé plus de dix villages et ont commis selon les gazettes de Berlin des cruautés incroyables . »

3 Aucune de ces deux lettres ne nous est parvenue . V* fait allusion à l'une d'elles dans sa lettre du 26 septembre 1758 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/05/je-trouve-que-c-est-un-grand-effet-de-votre-sagesse-de-ne-po.html

Et à sa réponse dans la lettre du 27 septembre 1758 à la margravine de Bayreuth, sœur de Frédéric II : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/06/il-faut-vivre-tout-le-reste-n-est-rien-5214859.html

On sait aussi que Frédéric II avait envoyé sa lettre du 1er septembre 1758 par le canal de sa sœur .

 

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