12/03/2014
triomphez des sots ; il y en a plus que de fous
... Et si cela n'est pas complètement rassurant, on peut se dire qu'il y a heureusement plus d'honnêtes gens que de voleurs .
Si vous voulez vous réconcilier (un peu plus) avec le genre humain, regardez et admirez les athlètes des Jeux paralympiques à Sotchi, vous verrez quelque chose de beau, et peut-être songerez-vous, comme moi, que de tels talents et courage sont admirables et que ces humains-là seraient de bon conseil au gouvernement . Ces sont des gens exemplaires, mais qui n'ont peut-être pas envie de grouiller dans le panier de crabes politique pour accéder à la direction du pays , ce qui est une mienne hypothèse , juste ou non ?
« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de BRENLES.
Aux Délices, 12 février 1759
Votre zèle pour vos amis, monsieur, pour l'honnêteté publique, et pour le maintien du bon ordre, triomphera sans doute de l'aveuglement et de la méprise de ceux qui veulent protéger un voleur qui imprime des libelles. Les magistrats de Genève agissent de leur côté ; il est à croire que ceux de Lausanne, et l'Académie, ne souffriront pas que leur ville soit déshonorée par un infâme et par des infamies. Je mande à peu près les mêmes choses à M. de S***1, confrère dans l'Académie de Marseille, et j'ajoute que je suis un peu plus utile à la ville de Lausanne que Grasset ; que j'y faisais plus de dépense que quatre Anglais ; qu'un notaire de Lausanne avait rédigé mon testament 2, par lequel je faisais des legs à l'école de charité, à la bibliothèque, à plusieurs personnes, et que la petite rage du bel esprit et de la typographie ne doit pas faire sacrifier la probité et les bienséances.
Les seules annotations que j'ai faites sur le libelle de Grasset, et que j'envoie à l'Académie, suffisent pour faire sentir quelle est l'insolence du libelle. Je vous prie, mon cher ami, de présenter mes tendres et respectueux remerciements à monsieur le bailli de Lausanne. Il me paraît que vous avez à présent dans votre ville un fou et un fripon à juger.
Je vous embrasse tendrement; mille respects à Mme de Brenles, et triomphez des sots ; il y en a plus que de fous.3
V. »
1Seigneux de Correvon .Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/745-gabriel-seigneux-de-correvon
2Une copie du testament de V* de mai 1758 est conservée dans les registres du notaire François-Albert des Tallens, actuellement aux archives cantonales vaudoises à Lausanne .
« L'an mille sept cent cinquante huit, et le premier jour de mai ; par devers moi François-Albert des Tallens citoyen de Lausanne, notaire public de la ville et bailliage du dit Lausanne, et présents les témoins ci-après nommés, fut présent messire François-Marie Arouet de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre de Sa Majesté le roi de France et l'un des quarante de l'Académie française,etc .
Lequel sain de corps et d'esprit m'a dicté ce présent testament en ces mots .
Je confirme le testament olographe que je fis en 1750 à Paris au mois de juin, et que je déposai entre les mains de maitre Laleu notaire royal à Paris, instituant pour ma légataire universelle et exécutrice de mon testament, Mme Denis ma nièce, léguant à Mme de Fontaine ma nièce cinquante mille livres de France, à M. l'abbé Mignot mon neveu conseiller au Grand Conseil cinquante mille livres de France, à M. Daumart , le fils de mon arrière-cousin huit mille livres de France lesquelles reviendront à Mme Denis en cas que le dit Daumart mourût avant moi .
Je n'ai aucune dette . Je pris M. le pasteur Polier de Bottens et M. l’assesseur de Brenles de vouloir bien accepter chacun un diamant de cinq cents livres argent de France .
Je donne à l'école de Charité de Lausanne six cents livres argent de France . Je donne cinq cents livres argent de France à mon domestique Vanier [Wagnière], s'il est à mon service au temps de ma mort ; cinq cents livres à Mlle Maton si elle est dans ma maison . Ma garde-robe sera partagée entre Vanier et le domestique nommé Fra s'ils sont tous deux à mon service à ma mort .
Je donne à chacun de mes domestiques une année de ses gages que je prie Mme Denis ma nièce de leur faire payer à compter du jour de ma mort ? Je pris qu'on m'enterre sans aucune cérémonie ainsi que j'en ai supplié ma nièce par un écrit séparé .
Lequel susdit testament le présent messire François-Marie Arouet de Voltaire a déclaré contenir sa volonté l'ayant ratifié en présence de MM. lieutenant Pierre-Noël Grand et justicier Jean-François-Louis Vullyamoz citoyens de cette ville . Lesquels se sont signés à Lausanne au bas du présent instrument, de même que monsieur le testateur, et le notaire soussigné ledit jour 1er mai 1758. Signés P.-N. Grand, Vullyamoz,
Des Tallens. »
3 Ce même jour , Tissot écrit à Haller : « M. de Voltaire a envoyé aujourd'hui par la poste à M. le recteur pour l'Académie un mémoire de trois pages dans lequel il cherche à prouver que toutes les pièces du recueil imprimé ici sont ou supposées ou des libelles . Ce qu'il y a de plus fâcheux c'est un certificat signé de la main des frères Cramer qui déclarent que François Grasset les a volés pendant dix huit ans et que ses friponneries ayant été prouvées le magistrat l'a décrété de prise de corps ; ce sont de ces certificats qui déshonorent celui qui en est l'objet et celui qui l'a mendié ; pour ne rien dire des os, que de bile noire dans ces maigres hypocondres . »
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