23/03/2014
M. Sinner peut mériter beaucoup de louanges, quoique son libraire mérite la corde
... Tout comme certains élus municipaux feront du bon travail bien qu'appartenant à des partis dont les chefs sont discutables .
« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches
Capitaine aux gardes, etc.
à La Haye
16 février 1759, à Genève à Tournay 1
Je ne peux écrire de ma main, ainsi, monsieur, pardonnez .
Le libelle diffamatoire a été saisi à Genève où Grasset en avait envoyé quelques exemplaires ; il y a ordre de le saisir à Paris, où il en fait passer une balle par un libraire nommé Tillard 2; ce libelle insolent rédigé par un prêtre fanatique a pour but principal de renouveler l'opprobre de la famille Saurin composée de onze personnes, qui crient miséricorde au conseil de Berne ; il n'est pas seulement farci d'injures grossières, il est souillé d'accusations aussi absurdes que criminelles, de déisme et d'athéisme, et ne peut faire qu'un très mauvais effet ; le profond mépris qu'il inspire, et 3
à tous les devoirs de l'honneur et de la société en tâchant de favoriser le misérable auteur de cette rapsodie . Je vous supplie de dire à M. Sinner 4 que je lui serai très obligé de m'envoyer son ouvrage . Grasset a été décrété de prise de corps à Genève, pour avoir volé les cousins germains de Mme Constant 5 ; mais il peut malgré cella avoir imprimé un bon livre à Lausanne, et M. Sinner peut mériter beaucoup de louanges, quoique son libraire mérite la corde . Les jésuites méritent pis s'ils ont ourdi la conspiration de Portugal , et s'ils ont donné une belle absolution aux [assass]ins du roi ; mais quand on aura brûlé la moitié de 6
moins du monde contre moi un libelle punissable ; ce serait bien là le cas où les battus paieraient l'amende . Je me flatte que notre ami , M. de Brenles, vous secondera de tout son pouvoir . Vous sentez, monsieur, que la plus grande obligation que je puisse vous avoir, est de me procurer le moyen de venir jouir des douceurs de votre amitié . Je voudrais bien vous envoyer ce que vous me demandez 7, mais le roi de Prusse m'a défendu expressément de le laisser sortir de mes mains ; et on dit qu'il a deux cent mille hommes .
A tout jamais votre très humble et très obéissant serviteur
V.
gentilhomme ordinaire du roi. »
1 La moitié inférieure de la lettre est déchirée et le texte de la première et de la seconde page manque à partir de là . La troisième page n'était qu'à moitié remplie et se retrouve donc ici retranscrite entière s'il n'y a pas eu de post scriptum.
2 On ne connait pas de libraire de ce nom .
3 Lacune jusqu'au bas de la première page .
4 Johann Rudolf Sinner , auteur de Extraits de quelques poésies du XIIè, XIIIè et XIVè siècle, 1759 à Lausanne.Voir : http://books.google.fr/books?id=4TcUAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
5 Les frères Cramer ; la mère de Charlotte de Constant était la petite fille de Jacques Cramer, dont le frère Jean-Antoine était le grand-père deGabriel et Philibert Cramer, les libraires .
6 Lacune correspondant au bas de la seconde page .
7 Il s'agit des vers composés par Frédéric II à l'occasion de la mort de sa sœur Wilhelmine .
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