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24/07/2014

sa parole d'honneur ce qui est comme vous savez en fait de traité un pacte avec le diable

... Qu'aucune eau trois fois bénite ne saurait effrayer, qu'aucune loi humaine ou divine ( pour autant que dieu existe ) ne peut réprimer, tant l'honneur de certains profiteurs et/ou politiciens est de paccotille, sous le signe du consommable-jetable-low cost .

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Dans un tout autre domaine, je me permets de vous conseiller "Quand l'Europe parlait français", sur Arte, émission diablement intéressante et qui me convient particulièrement car Voltaire en est un des éléments clés :  http://www.arte.tv/guide/fr/042513-000/quand-l-europe-parlait-francais?autoplay=1#details-crew

Vive Voltaire, "sel et poivre" irremplaçable ! vive la France capable d'accueil !

 

 

 

«Voltaire et Marie-Louise Denis

 à

François de Bussy

A Lausanne 3 juin [1759] 1

L'oncle et la nièce, monsieur, se joignent pour vous présenter les plus tendres remerciements . Vous avez fait encore plus qu'ils n’osaient demander, vous avez fait coucher en parchemin le nom de l'oncle, qui n'osait ni le demander ni l'espérer . Mille grâces vous soient rendues, nous avions bien dit qu'une affaire entre vos mains était une bonne affaire .2

Vraiment si nous avions deviné que vous pousseriez les bontés jusqu'à donner le brevet à l'oncle comme à la nièce nous aurions été plus hardis que nous ne l'avons été .

Ecoutez-nous s'il vous plait, voilà grâce à vos bontés Ferney libre comme il convient aux Suisses .

Pour être doublement libres, l’oncle acheta la comté de Tournay du président De Brosses à vie, en même temps qu'il achetait Ferney pour la nièce . Ce Tournay tout ancien dénombrement, franc de toute imposition quelconque n'ayant affaire ni à intendant ni à fermier général tenta l'esprit helvétique de l'acquéreur . Le vendeur par un article secret du traité lui garantit ces franchises et ces droits, et ajouta même sa parole d'honneur ce qui est comme vous savez en fait de traité un pacte avec le diable .

Malgré cette garantie si sacrée, les fermiers généraux m'ont attaqué, et ont prétendu que selon le droit des gens cette garantie était sans préjudice du droit d'un tiers. Un intendant non moins dangereux que fermiers généraux peut encore prétendre qu'un président n'a pu me vendre et garantir des droits qui lui sont personnels .

Me voilà donc exposé à plaider au conseil et à perdre contre un président bourguignon ; à dire, j'ai votre billet de garantie, payez pour moi . Le conseil , monsieur, répondra, le beau billet qu'a La Châtre !

je n'ai point osé dans mes requêtes à M. le duc de Choiseul et à vous, insérer un petit mot de Tournay, parce que je n'osais faire retentir mon nom aux oreilles des rois .

Je ne serais enhardi à demander dans le brevet insertion des droits de Tournay, j'aurais sauvé au président son honneur, et celui de sa terre , j'aurais tout prévenu si j'avais été assez hardi pour prévoir vos bontés . Maintenant que la chose est faite, et qu'on a signé Louis, je n'aurai pas l'insolence de vous importuner encore . Je dois m'en tenir à la reconnaissance, ce sentiment-là est bien plus agréable que celui des besoins . Il serait douloureux d'être libre à Ferney et de ne l'être pas à Tournay dans le voisinage, d'avoir acheté très chèrement des droits, et de n'en pas jouir, d'avoir un procès avec les meilleures raisons possibles et de le perdre .

Comment faire ? Da mi consiglio 3. Vous nous avez fait du bien, à qui demanderons-nous conseil si ce n’est à vous ?

Quoi qu'il en soit nous sommes et serons tant que nous vivrons, à Ferney, à Tournay, aux Délices, à Lausanne, et partout dans les neiges trois mois de l'année

vos très humbles, très obéissants et obligés

serviteur et servante, oncle et nièce

les marmottes du Jura,

l'oncle V.

la nièce Denis . »

1 Le manuscrit porte les notes : « à M. de Bussy » et « de M. de Voltaire . R [épon]du le 17 j[uill]et 1759 »

2 Cette lettre ainsi que la lettre du 3 juin à Dominique-Jacques Barberie, marquis de Courteilles, et d'un autre point de vue celle du 11 juin 1759 à Mme de Fontaine, sont éclairées à bien des égards par une curieuse lettre de Mme Denis à Cideville -avec lequel celle-ci semble avoir eu des rapports qui dépassent ceux de la simple amitié-, datée du 8 juin 1759, dont vous pouvez voir le texte dans la note de la lettre du 27 mars 1759 à de Ruffey : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/05/15/sa-petulance-augmente-avec-l-age-il-n-a-rien-gagne-sur-ses-d-5369822.html

3 Donne-moi un conseil.

 

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