02/04/2015
Quoi qu'il en soit, rien ne peut aujourd'hui diminuer l'estime que toute l'Europe a pour votre nation.
... Aurait pu dire François Hollande à Angela Merkel , laquelle, avec la plus exquise politesse lui en aurait dit autant .
Mais bon, un peu de politique - fiction ne peut pas faire de mal , reste à joindre les actes aux paroles et faire un peu plus que trainailler sur un tapis rouge au son d'une clique en costume d'opérette .
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/03/31/20002-20150...
« A Ivan Ivanovitch SCHOUVALOV
Par Genève, aux Délices, 1er avril 1760
Monsieur, la lettre de Votre Excellence, du 19 février, reçue par la voie de Vienne le 29 mars, me remplit de reconnaissance, et augmente la douleur où j'étais de la perte du paquet que j'avais eu l'honneur de vous envoyer au mois d'octobre dernier.
J'ai remis aujourd'hui entre les mains de M. de Soltikof 1 un nouvel exemplaire pour suppléer à la perte du premier. J'espère que ce dernier paquet vous sera rendu ; mais cette ressource ne calmera pas les inquiétudes où nous sommes, les éditeurs et moi.
On prétend que le paquet envoyé au mois d'octobre a été intercepté en Allemagne, et qu'on imprime aujourd'hui à Hambourg et à Francfort cette première partie de la Vie de Pierre le Grand qui est contenue dans le paquet intercepté. J'envoie à Francfort un homme affidé pour suivre les traces de cette affaire.
Mais s'il est vrai que le livre a été vendu à des libraires allemands, je prévois avec douleur que tous mes soins seront inutiles. Ce chagrin est bien capable de corrompre la satisfaction que je ressentais à mettre en ordre les matériaux du monument que vous érigez, monsieur, au grand homme à qui nous devons votre auguste impératrice, et à qui je dois l'honneur de vous connaître. Mais vos bontés me servent de consolation, et, quelque contre-temps douloureux que j'essuie, je consacrerai le peu qui me reste de force à finir un ouvrage commencé sous vos auspices, et que vos soins m'ont rendu si cher. Si ma santé m'avait permis de faire le voyage de Pétersbourg 2, je l'aurais entrepris avec joie, et vous auriez été servi avec plus de promptitude ; mais mon âge et mes maladies ne me permettent plus de me transplanter. Ma seule espérance est de recevoir vos ordres dans ma retraite, et de vous témoigner de loin mon attachement et mon zèle.
Je ne sais si Votre Excellence a vu le petit livre qui a fait tant de bruit, et dont j'avais l'honneur de lui parler dans ma dernière lettre 3. Quoi qu'il en soit, rien ne peut aujourd'hui diminuer l'estime que toute l'Europe a pour votre nation.
J'ai eu l'honneur d'avoir chez moi, pendant quelques jours, deux de vos compatriotes amis de M. Soltikof, et même, je crois, ses parents ; ils sont tous deux infiniment aimables ; ils parlent ma langue aussi purement que vous l'écrivez. Je n'ai point encore vu de vos compatriotes qui ne m'aient convaincu du mérite de votre nation, et de l'éducation heureuse qu'on reçoit par vos soins et par votre protection dans les deux capitales de votre empire. Tout sert à confirmer les sentiments tendres et respectueux avec lesquels je serai toute ma vie,
monsieur,
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur.,
Voltaire. »
1 Voir lettre du même jour à Soltikof : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/31/les-freres-cramer-sont-dans-une-inquietude-inexprimable-5594625.html
2 Élisabeth, vers le commencement de 1757, avait fait témoigner à Voltaire le désir de le voir dans la capitale de son empire.
3 Il ne s'agit pas de la lettre du 5 février 1760 (http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/02/07/je-me-faisais-d-autant-plus-de-plaisir-de-celebrer-votre-nat-5553806.html), mais d'une autre lettre qui ne nous est pas parvenue .
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