04/06/2016
quoique je ne puisse me flatter d'être connu
... Ma modestie proverbiale me souffle à l'oreille que je ne peux être complètement inconnu avec Voltaire pour parrain . Mais pas que ...
« A Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé 1
Au château de Ferney en Bourgogne,
par Genève 29è juin 1761 2
Monseigneur, quoique je ne puisse me flatter d'être connu de Votre Altesse Sérénissime que par mon respect pour les héros de votre sang, si bien imités par Elle, permettez que j'ose demander votre protection pour une entreprise qui n'a rien de commun avec les exploits de la guerre .
L'Académie française me charge de faire une édition des tragédies de ce grand Corneille (qui arrachait des larmes au grand Condé ) . Elle sera accompagnée de notes qui pourront être utiles, puisqu'elles seront revues par elle . Cet ouvrage orné d'estampes ne s'imprime que pour ceux qui en souhaiteront des exemplaires ; et le produit sera pour les héritiers du nom de Corneille, qui n'ont pour tout bien que ce nom illustre .
Votre nom, monseigneur, est fait pour être, en tous les genres, à la tête de ceux qui pensent noblement . Je suis persuadé que Votre Altesse Sérénissime daignera agréer la liberté que je prends de m'adresser à Elle puisqu'il s'agit de faire du bien .
Si Elle permet que son nom soit imprimé au premier rang des protecteurs du grand Corneille, si Elle daigne retenir une douzaine d'exemplaires, ainsi que font la plupart des académiciens , et si Elle veut bien me faire honorer de ses ordres, je La supplie de me les faire adresser à Paris chez M. Jannel, intendant des postes .
Je suis avec un profond respect,
monseigneur
de Votre Altesse Sérénissime
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire du roi. »
2 Le destinataire est identifié grâce aux termes de la lettre ; il souscrivit pour dix exemplaires .
15:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.