14/10/2016
Adieu, réparez le passé, jouissez du présent, formez vous un avenir heureux et aimez
... Et laissez tomber cette course à l'investiture de la présidence, François H* . Cela vaut aussi pour l'excité avide Nico Ier sans oublier Marine fille indigne d'un père délabré. Vous voyez, je ne vous veux aucun mal, et pourtant les motifs d'insatisfactions sont plus nombreux que les nouvelles lois et décrets que vous avez pondus ces dix dernières années , ce qui n'est pas peu dire . Il fut un temps, très bref, où j'ai cru ouïr 'simplification', serais-je atteint de Jeanne d'Arc-éite aigüe ?
Je viens juste de me rendre compte que je parle comme le Dalaï Lama [sic] qui se désole de voir mis au premier plan tout ce qui va mal et nourrit un pessimisme dégradant .
Oiseaux de mauvais augure, augures mensongers, circulez, on ne veut plus vous voir, ni vous entendre .
Il est temps de débugguer le programme !
« A François-Pierre Pictet
À Ferney 24 octobre [1761]
Mon cher Russe, si Pierre le Grand et le grand Pierre Corneille, ne prenaient pas tous mes jours et une partie de mes nuits, si des histoires générales, et des tragédies nouvelles, et un théâtre que j'achève de bâtir et un jardin , que j'achève de planter, me laissaient un moment de loisir, il y a longtemps que j'aurais saisi ce moment pour vous répondre, pour vous dire combien je vous regrette, et même combien vous devez regretter notre petit pays, et notre manière de vivre, si libre, si franche, si faite pour l'homme .
Mettez-vous en état de la reprendre . Vous reviendrez à Varembey mais vous reviendrez quand je ne serai plus . Peut-être qu'alors vos prêtres sociniens n'auront plus l'insolence de croire ou de feindre qu'il n'est pas de la dignité d'un membre des quinze cents de jouer Cinna avec ses amis . Vous trouverez votre petite nation plus raisonnable que vous ne l’avez laissée, car la raison gagne de jour en jour et les prêtres perdent . Alors votre Genève sera la plus jolie ville de la terre . En attendant il faut que votre jeunesse vienne se former à Ferney . On vous aura mandé sans doute que vos cuistres de prédicants qu'on appelle la vénérable compagnie ont écrit à la sensée compagnie de Berne pour les conjurer d'empêcher que les histrions de Châtelaine ne soient reçus par Leurs Excellences, et qu'on s'est moqué prodigieusement de vos cuistres .
Mille tendres respects je vous prie à M. de Voronzof . Je viens de boire à la santé de M. de Loudon, et j'ai fait tirer l'artillerie de Ferney . Je trouve la prise de Shwednits la plus belle action de la guerre .
Mme de Bentinck devait venir à cheval me l'annoncer . Si vous approchez d'elle dites-lui je vous prie qu'elle ne méprise plus tant le pays d Gex, et que mon château est plus beau que celui de M. le baron de Thundertentrunchk en Wesphalie et que Mlle Corneille ne lavera jamais les écuelles comme Mlle la baronnette , quoi que M. de Caunits n'ait pas souscrit pour Pierre Corneille .
Adieu, réparez le passé, jouissez du présent, formez vous un avenir heureux et aimez .
V.
Je présente encore une fois mes très tendres respects à M. de Voronzof . Je lui suis attaché comme si j'avais eu l'honneur de le voir toute ma vie . Je lui demande la continuation de ses bontés . »
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