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28/04/2017

Terras Astraea reliquit

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Mafalda , géniale petite Argentine que j'adore .

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

9 juin [1762] aux Délices

Vous m'affligez sensiblement, mon respectable ami en m’apprenant que monsieur votre fils prend d'autres arbitres que vous-même . Il ne m'appartient pas de faire des réflexions, je me borne à respecter en lui le fils du plus digne magistrat, et du plus honnête homme qu'ait la France, et je ne puis douter que son cœur n'ait les sentiments du vôtre . S'il y a quelque malentendu, je me flatte qu'il le fera cesser en s'en rapportant uniquement à vous . Mais en attendant le cœur me saigne . Je vous suis très obligé de vouloir bien m'envoyer votre mémoire . Mais prenez garde que je ne pleure en le lisant .

Au reste vous devez être averti que messieurs des postes ont décacheté plusieurs paquets adressés à M. d'Argental sous l'enveloppe de M. de Courteilles . Si vous m’adressez quelque chose par cette voie, ne mettez point de cachet au paquet qui m'est destiné . C'est ce cachet senti par les mains funestes des commis qui autorise leur insolence . Il faut donc passer sa vie à se précautionner contre des ennemis ! Terras Astraea reliquit 1.

Je vois toujours avec la même douleur cette fermeté de votre parlement , qu'on appelle sans doute opiniâtreté à la cour . Je ne vois pas pourquoi des juges refusent de juger mon procès sur le prétexte qu'ils en ont perdu un au conseil . Un régiment refuse-t-il de servir parce qu'il croira avoir à se plaindre de la cour ?2 Comment une telle réflexion est-elle sans aucun poids dans des têtes sages ? Je vous dis ma pensée avec une naïveté que vos bontés autorisent . Vivent La Marche et les Délices ! Pour moi qui n'ait été heureux que dans ma retraite, je vous crois encore plus heureux dans la vôtre parce que vous méritez mieux de l'être et que votre retraite est plus belle . Mais vous excepté, je ne troquerais pas mon sort contre aucun autre .

Je ferai l'impossible pour venir vous faire ma cour à La Marche . Il faudra demander la permission à Tronchin et à Corneille, et la permission est difficile à obtenir .

Permettez que je mette ici ce petit billet pour M. de Vosges 3. Adieu monsieur, je vous aimerai, je vous révèrerai jusqu'au dernier moment de ma vie .

V. »

1 Astrée [déesse de la justice] a quitté ce monde ; Métamorphoses, I, 150, d'Ovide .

2 V* pose fort bien le problème de la rébellion d'un corps ou d'une institution contre la loi fondamentale qui garantit seule l'existence des États .

3 Il ne nous est pas parvenu .Voir autre lettre à de Vosges du 3 juillet 1762 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-18-123050279.html

 

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