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04/06/2017

il n'y a pas ici de milieu entre la réparation éclatante qu'on leur doit s'ils sont innocents, et l’effroyable justice qu'on doit faire d'eux tous s'ils sont coupables

... Dédicace - un peu emphatique il est vrai -- à tous les mis en examen politiques de tous bords d'aujourd'hui et de demain !

 

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« A Henri Cathala

[vers le 13 juillet 1762] 1

L'affaire concernant les Calas devenant de jour en jour plus intéressante, par l'attention qu'on y fait dans une grande partie de l'Europe, et la révision du procès paraissant essuyer quelques difficultés, ne serrait-il pas à propos que la mère signât la requête ci-jointe, sans en parler au sieur Gobert Lavaysse ? Ce jeune homme a ordre de son père de ne se point mêler de cette affaire , quoiqu'il y soit un témoin nécessaire ; et qu'ayant été lui-même accusé, il soit intéressé à détruire les soupçons qu'on jette encore sur lui dans tout le Languedoc .

Lavaysse le père regardé comme le premier avocat de Toulouse, et vivant du produit de sa professions, craint de choquer le parlement, et d'être ruiné, s'il se joint à la famille des Calas pour demander justice .

Mais comme les juges ont répandu dans le public que ce n'est qu'en considération de Lavaysse le père qu'on n'a pas fait mourir toute la famille des Calas, comme on est persuadé dans le Languedoc que Lavaysse le fils devrait être roué avec toute la famille, comme on affecte de dire encore que ce jeune Lavaysse avait été choisi dans une assemblée de protestants pour être le bourreau du parti, il paraît que la veuve Calas ne peut se dispenser de nommer au roi le jeune Lavaysse comme un sujet dont il faut s'assurer pour pénétrer dans la vérité d'une affaire qui intéresse l’État, la religion, et l'honneur de la France . Une telle situation n’admet aucuns ménagements . Il faut que la veuve Calas s'expose, elle, son fils Pierre, et Lavaysse aux extrémités les plus terribles, parce qu'il n'y a pas ici de milieu entre la réparation éclatante qu'on leur doit s'ils sont innocents, et l’effroyable justice qu'on doit faire d'eux tous s'ils sont coupables .

Mais étant persuadé que leur innocence est aussi claire que le jour, je ne balance pas à proposer le modèle de requête ci-joint . Mon avis est qu'on l'envoie par la poste à monsieur le chancelier et à tous les ministres, signée de la main de la veuve Calas, et qu'elle indique la demeure du jeune Lavaysse qui est caché à Paris, sans lui dire qu'elle a présenté cette requête . »

1 D'après une copie par Wagnière qui l'a intitulée « Mémoire ».

 

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