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18/06/2018

Voici le temps où mon sang bout, voici le temps de faire quelque chose. Il faut se presser, l’âge avance, il n’y a pas un moment à perdre

... Signé Voltaire .

Contresigné Emmanuel Macron , possiblement .

Constat souhaitable des candidats au Bac ce matin ?

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« A Charles-Augustin Ferriol , comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

29 juin [1763] 1

Divins anges, je reçois votre lettre du 21 juin. Voici le temps où mon sang bout, voici le temps de faire quelque chose. Il faut se presser, l’âge avance, il n’y a pas un moment à perdre. Ils me font jouer de grands rôles de tragédies, pour amuser ces enfants et ces Genevois . Mais ce n’est pas assez d’être un vieil acteur, je suis et je dois être un vieil auteur , car il faut remplir sa destinée jusqu’au dernier moment.

Cela ne m’empêchera pas, dans les entractes, de travailler à votre gazette. Je suivrai très exactement les ordres de M. le duc de Praslin, s’il m’en donne. Encore une fois, il est pourtant bien étrange  que je n’aie pas vu une seule Gazette littéraire 2 : qu’est-ce que cela veut dire ?

Cramer assure qu’il n’a envoyé aucun exemplaire 3 à Robin-Mouton, et qu’on a ôté mon nom partout. Je désirerais fort de n’être pas réduit à faire un désaveu inutile, qu’on ne croira pas, et qui ne servira à rien. Il ne s’agit que d’engager Merlin à veiller sur son propre intérêt ; c’est ce que j’ai mandé à frère Damilaville.

Au reste, il y a longtemps que j’ai pris mon parti sur cette affaire. Si on me poursuit, je crois la chose très injuste, et tout le monde ici pense de même. Je n’ai pas écrit un seul mot qui puisse déplaire à la cour ; ma justification est toute prête. Je sais bien que le roi ne me soutiendra pas plus contre le parlement que le président d’Éguilles 4; mais je me soutiendrai très bien moi-même. Je n’habite point en France, je n’ai rien en France qu’on puisse saisir ; j’ai un petit fonds pour les temps d’orage. Je répète que le parlement ne peut rien sur ma fortune, ni sur ma personne, ni sur mon âme, et j’ajoute que j’ai la vérité pour moi. Un corps entier fait souvent de très fausses démarches . Il faut s’y attendre . Mais soyez très sûrs qu’à mon âge tous les parlements du monde ne troubleront pas ma tranquillité. Le sang ne me bout que pour les vers . Je suis et serai serein en prose : il importe fort peu où je meure ; j’ai quatre jours à vivre, et je vivrai libre ces quatre jours.

J’ai été fidèle avec le dernier scrupule . Je n’ai envoyé à personne une seule ligne de ce que vous avez très sagement supprimé. Je vous supplie de m’instruire si les Cramer ont laissé subsister mon nom à la tête de quelques exemplaires . Ce point est très important, car on ne peut procéder contre la personne que quand elle s’est nommée. Toutes les procédures générales et sans objet tombent. Mais enfin, qu’on procède comme on voudra, je suis aussi imperturbable que je suis dévoué à mes anges.

Respect et tendresse.

V.

J'ajoute que M. le maréchal de Richelieu m'a demandé tous mes rôles comiques pour une damoiselle d'Epinay . Je les ai donnés . Arrangez-vous avec lui mes anges . »

1 L'édition de Kehl supprime le post-scriptum .

2 Elle ne parut qu'en 1764 .

3 De l'Essai sur l'histoire générale ; voir lettre du 23 juin 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/06/15/on-a-tant-brule-de-livres-bons-ou-mauvais-tant-de-mandements-6059834.html

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