16/07/2018
On coupe les vivres à l'âme , comme on coupe les bourses
... chaque fois qu'on incendie une école, un lieu de spectacles, un livre, où que ce soit dans le monde, et notre France , "championne du monde", qui va dérouler le tapis rouge pour une grosse poignée de footballeurs, n'est pas épargnée par les casseurs et des censeurs auto-proclamés .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
29 juillet [1763]
Mes divins anges, vous n'aurez pas de tragédie nouvelle par cette poste . Vous n'aurez pas même de changements pour la tragédie des roués parce qu'il vaut mieux que je vous la renvoie avec toutes les corrections que j'aurai imaginées et avec celles que vous m'aurez indiquées .
Je prends toujours la liberté de vous adresser des paquets pour frère Damilaville . Il y a des choses concernant mes petites affaires, des mémoires pour notaire et pour mon procureur . Je suis forcé de prendre ce tour parce que M. Mariette, l'avocat des Calas, n'a pas reçu une lettre de change que je lui avais envoyée avec un mémoire imprimé . L'imprimé a été saisi et la lettre de change avec lui . On ne sait plus comment faire . On coupe les vivres à l'âme , comme on coupe les bourses .
Vous devez avoir reçu sous l'enveloppe de M. le duc de Praslin une grande lettre accompagnée encore d'un paquet pour frère Damilaville . J'ai cru que vous permettriez que j'usasse de vos bontés jusqu'à ce que j'eusse pris d'autres mesures . Depuis la lettre de Jean-Jacques à Christophe il me paraît qu'il y a une inquisition sur les lettres . Je vous demande pardon de mon importunité mais je n'ai pu faire autrement . Vous pouvez aisément donner ordre qu'on remette au suisse de M. de Courteilles le paquet de M. Damilaville qui est de son bureau .
J'oubliais de vous dire que j'ai écrit à M. Douet 1 le fermier général une lettre aussi affectueuse qu'on en peut écrire à un homme qu'on ne connait point du tout .
Mes anges j'attends que vous me mandiez si vous pensez qu'on puisse faire quelque chose de mes roués .
Respect et tendresse et pardon pour les paquets . »
1 Cette lettre à Douet ou Drouet n'est pas connue, mais on peut s'en faire une idée par celle du 16 août 1763 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-26.html
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