07/01/2019
Il faut du temps pour que les réputations murissent
... Les bonnes comme les mauvaises ?
A tous ceux qui se soucient de leur e-réputation, vivent dans l'angoisse du vae victis et son pouce abaissé, je dis qu'ils ont encore bien du temps à perdre pour se soucier de l'avis de parfaits inconnus qui jamais ne seront capables faire plus qu'un clic, champions de l'anonymat à l'âme de charognards . Vivez et parlez à ceux qui vous entourent plutôt qu'à vos machines dites connectées, sinon vous finirez comme elles, à la poubelle , pollueurs pollués, inrecyclables .
Ami Georges Brassens, tu nous manques toujours : https://www.youtube.com/watch?v=Cz9NOhwK1yo
Ô Trompettes de la renommée bien mal embouchées : https://www.youtube.com/watch?v=gWRzopyZBSA
Un bisou ou un coup de pied au cul ? quel choix , tout en nuances ?!
« A Pierre Guy
1er janvier 1764 aux Délices
à Guy Duchesne, libraire
Le dessein que vous me communiquez, monsieur, de faire une jolie édition de La Henriade 1, sera, je crois approuvé, parce que notre nation devenue de jour en jour plus éclairée, en aime Henri IV davantage . J'ai été toujours étonné qu'aucun littérateur, aucun poète du temps de Louis XIII et de Louis XIV, n'eût rien fait à la gloire de ce grand homme . Il faut du temps pour que les réputations murissent .
Le bel éloge de Maximilien de Sully par M. Thomas 2, a rendu le grand Henri IV plus cher à la nation . Ainsi je pense que vous prenez le temps le plus favorable pour réimprimer La Henriade, et que l'amour pour le héros fera faire pardonner les défauts de l'auteur . Je n'étais pas digne de faire cet ouvrage quand je l'entrepris, j'étais trop jeune ; et à présent je suis trop vieux pour l'embellir .
La dédicace que vous voulez bien m'en faire m'est très honorable . Mais en me dressant ce petit autel, je vous prie d'y brûler en sacrifice votre Zulime et votre Droit du seigneur, que vous avez imprimés sous mon nom, et qui ne sont point du tout mon ouvrage . Vous avez été trompé par ceux qui vous ont donné les manuscrits, et cela n'arrive que trop souvent . C'est le moindre des inconvénients de la littérature .
Quant aux souscriptions pour le Corneille, arrangez vous avec l’éditeur de Genève ; je ne me suis mêlé que de commenter et de souscrire . Tout ce que je sais c'est que l'édition est finie . J'ai fait mes commentaires avec une entière impartialité, sachant bien que les belles pièces de Corneille n'ont pas besoin de louanges, et ses fautes ne font aucun tort à ce qu'il a de sublime .
On m'a envoyé de Paris un conte intitulé , Ce qui plait aux dames . J'y ai trouvé remormora pour remémora ; frange pour fange ; une rime doublée et d'autres fautes . Je ne crois pas que l'imprimeur s'appelle Robert Etienne .
Je suis de tout cœur, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Duchesne a déjà donné en 1761 une réimpression de l'édition Prault de 1746 de La Henriade ; il ne paraît pas avoir publié de réédition avant 1770 .
2 Voir lettre du 18 septembre 1763 à Bernard-Louis Chauvelin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/09/16/adieu-nos-beaux-arts-si-les-choses-continuent-comme-elles-so-6084973.html
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