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01/12/2019

il n’y en ait pas un qui s’empresse à porter au moins un peu d’eau quand il voit la maison de ses voisins en flammes. La sienne sera bientôt embrasée, et alors il ne sera plus temps de chercher du secours

... Voltaire a peut-être inspiré Jacques Chirac quand il disait "La maison brûle et nous regardons ailleurs !", paroles qui doivent être suivies d'effets, et qui ne le sont que rarement .

https://www.dailymotion.com/video/x7lqyto

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« A Etienne-Noël Damilaville

15è octobre 1764

J’ai parcouru, mon cher frère, la critique   des sept volumes de l’Encyclopédie 1. Je voudrais bien savoir qui sont les gadouards 2 qui se sont efforcés de vider le privé d’un vaste palais dans lequel ils ne peuvent être reçus . Je leur appliquerai ce que l’électeur palatin me faisait l’honneur de m’écrire au sujet de maître Aliboron , Tel qui critique l’église de Saint-Pierre de Rome n’est pas en état de dessiner une église de village 3Belles paroles, et bien sensées, et qui prouvent que la raison a encore des protecteurs dans ce monde.

Je crois que le public ne se souciera guère qu’une des îles Mariannes s’appelle Agrignon ou Agrigan, ni qu’il faille prononcer Barassa ou Bossera . Mais je crains que les ennemis de la philosophie ne regardent cette critique comme un triomphe pour eux.

Je suis surtout indigné de la manière dont on traite M. d’Alembert, pages 172 et 178 4.

Pour M. Diderot, il est maltraité dans tout l’ouvrage. Ce qu’il y a de pis, c’est que ces misérables sonnent le tocsin. Ils sont bien moins critiques que délateurs ; ils rappellent, à la fin du livre, quatre articles des arrêts du Conseil et du parlement contre l’Encyclopédie . Ils ressemblent à des inquisiteurs qui livrent des philosophes au bras séculier. Voilà donc la persécution visiblement établie ; et si on ne rend pas ces satellites de l’envie aussi odieux et aussi méprisables qu’ils doivent l’être, les pauvres amis de la raison courent grand risque. Je ne conçois pas que, parmi tant de gens de lettres qui ont tous le même intérêt, il n’y en ait pas un qui s’empresse à porter au moins un peu d’eau quand il voit la maison de ses voisins en flammes. La sienne sera bientôt embrasée, et alors il ne sera plus temps de chercher du secours.

Je voudrais bien que M. d’Alembert suspendît pour quelques jours ses autres occupations, et que, sans se faire connaître, sans se compromettre, il fît, selon son usage, quelque ouvrage agréable et utile, dans lequel il daignerait faire voir en passant l’insolence, la mauvaise foi et la petitesse de ces messieurs. Il est comme Achille qui a quitté le camp des Grecs ; mais il est temps qu’il s’arme et qu’il reprenne sa lance, je l’en prie comme le bon homme Phœnix 5, et je vous prie de vous joindre à moi.

Il est assez triste que le Dictionnaire philosophique paraisse dans ce temps-ci, et il est bien essentiel qu’on sache que je n’ai nulle part à cet ouvrage, dont la plupart des articles sont faits par des gens d’une autre religion et d’un autre pays.

Avez-vous à Paris la traduction du plaidoyer de l’empereur Julien contre les Galiléens, par le marquis d’Argens 6? Il serait à souhaiter que tous les fidèles eussent ce bréviaire dans leur poche. Adieu, mon cher frère, recommandez-moi aux prières des fidèles, et surtout écr. l’inf. »

2Mot en usage dans la région lyonnaise pour vidangeurs .

3 La citation de cette lettre de l’Électeur palatin, du 1er octobre 1764, est exacte, à la modification du temps des verbes près .

4 Page 172, l'auteur des Lettres sur l'Encyclopédie préfère les Mélanges d'histoire et de littérature de Vigneul-Marville (pseudonyme de Bonaventure d'Argonne) aux Mélanges de d'Alembert ; à la page 178, il accuse d’Alembert d'avoir suggéré que les pasteurs de Genève qui avaient fait brûler Servet méritaient de l'être au même titre que lui . 

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8626481s/f7.image

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bonaventure_d%27Argonne

et : https://classiques-garnier.com/export/html/melanges-de-litterature-d-histoire-et-de-philosophie-avertissement.html?displaymode=full

5 Iliade, IX, 424, d'Homère .Voir Phoinix dans : https://mediterranees.net/mythes/troie/iliade/chant9.html

6 Défense du paganisme par l'empereur Julien, en grec et en français, avec des dissertations et des notes pour servir d'éclaircissement au texte et pour en réfuter les erreurs, par M. le marquis d'Argens. V* publia lui-même une nouvelle édition de ce texte sous le titre plus explicite de Discours de l'empereur Julien contre les chrétiens, 1768.

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61992d.texteImage

et : https://fr.wikisource.org/wiki/Discours_de_l%E2%80%99empereur_Julien/%C3%89dition_Garnier

I deserve the praise he was pleas'd to bestow upon me, when he said I am a lover of truth / je mérite l’éloge qu’il a pris plaisir à faire de moi quand il a dit que j’étais amant de la vérité

...

 

« Au journal « The Monthly Review » 1

I do return the most sincere thanks to the generous author of the Monthly review ; he has told what I would be, rather than what I am .

Yet I must own I deserve the praise he was pleas'd to bestow upon me, when he said I am a lover of truth . My passion for truth and freedom has kindled the benevolence of a free writer who gives letters of naturality to a frenchman.

I am with a due gratitude

his most humble sr

Voltaire. 2

Au château de Ferney, 14 octobre 1764. »

1 V* a noté sur le manuscrit : « Pour faire rendre à M. *** auteur du Monthly Review ». Cette revue a, dans son numéro de mars 1764, publié un long compte-rendu de la traduction anglaise de l'Histoire de l'Empire de Russie […] dont les premiers paragraphes, notamment, sont extrêmement élogieux pour V* historien . Le numéro de mars 1765 accusa réception de la lettre reçue, en assurant que V* n'avait nullement à être reconnaissant pour des éloges dus à son seul mérite .

2 Je retourne au généreux auteur du Monthly Review les plus sincères remerciements ; il a plutôt dit ce que je devrais être que ce que je suis . Pourtant je dois reconnaître que je mérite l’éloge qu’il a pris plaisir à faire de moi quand il a dit que j’étais amant de la vérité . Ma passion de la vérité et de la liberté a excité la bienveillance d'un écrivain libre qui donne des lettres de naturalisation à un Français . Je suis, avec la gratitude que je lui dois, son très humble serviteur . »

 

 

« A Paul Vaillant

Ferney, 14 octobre 1764 1

I do entreat mr Vaillant to be so kind as to send this little brief to the author of the Monthly Review, whom I have not the honour to know but to whom I am must oblig'd . I am mr Vaillant's humb. obed. servt. 2

Voltaire. »

1 Le manuscrit fut acheté par Maggs chez Sotheby le 2 avril 1928 .

2 Je supplie M. Vaillant d'être assez aimable pour envoyer cette petite lettre à l'auteur du Monthly review que je n’ai pas l'honneur de connaître, mais auquel je suis très obligé . Je suis de M. Vaillant le très humble et très obéissant serviteur.

Vous êtes au fait de tout

... Et ce n'est pas toujours réjouissant .

https://www.sudouest.fr/2019/11/29/gaz-impots-accidents-d...

Black friday, OK, et maintenant grise mine !

 

 

« A Sébastien Dupont

Vous avez dû recevoir, mon cher ami, la lettre de change payable à Lyon au 12 octobre préfix . Nous sommes aujourd’hui à ce 12. M. Jeanmaire m’avait promis en partant de chez moi, le 22 septembre, que j’aurais de ses nouvelles les premiers jours d’octobre, qu’il serait alors à Colmar, et qu’il finirait tout avec vous 1. Je n’entends point parler de lui . Je suppose que les affaires de M. le duc de Virtemberg l’ont arrêté. Vous êtes au fait de tout . Je ne crois pas qu’il y ait le moindre risque à courir . J’ai en main une procuration spéciale de M. le duc de Virtemberg au sieur Jeanmaire, qui suffirait en cas de besoin pour constater tous mes droits. M. Jeanmaire m’a paru le plus honnête homme du monde . Ma créance est établie sur des terres qui sont en France, et qu’on m’assure n’être hypothéquées à personne qu’à moi . Ainsi j’ai tout lieu de croire qu’il ne s’agit que d’une simple formalité que M. Jeanmaire remplira dès qu’il aura conféré un moment avec vous . Je vous assure que je voudrais bien être à sa place, et avoir la consolation de vous revoir encore. Je vous embrasse tendrement, vous et toute votre famille.

Je vous prie de présenter mes respects à M. le premier président.

V.

C’est par Mme Defresney que je vous écris, et c’est par elle que je vous ai envoyé la lettre de change. 

12è octobre 1764 à Ferney.»

1 Le contrat a été effectivement signé le 10 ; voir lettre du 10 octobre 1764 au comte de Montmartin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/11/28/je-vous-ai-deja-mande-que-tout-etait-pret-6194269.html

L'appendice D 252 de Besterman reproduit les trois contrats .