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05/02/2020

Daignez m'écrire seulement que les rentes que j'ai établies par contrats ..., en faveur de ma famille, lui seront toujours payées

... Telle est la requête des avocats , ou à peu près !

Du coup, ça fait tout drôle, étant innocent, de se retrouver derrière les barreaux .

https://www.lefigaro.fr/social/c-est-une-honte-c-est-du-v...

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« A Louis-Eugène, prince de Wurtemberg

5è décembre 1764 au château de Ferney

Permettez que j'aie encore l'honneur de parler à Votre Altesse Sérénissime sur la petite affaire de ma famille . Je ne suis point étonné que vous ayez mandé à ma nièce que dans l'occasion vous auriez égard à la justice de ses prétentions , nous comptons sans doute elle et moi sur la générosité de vos sentiments .

Vous avez ajouté à ces assurances de vos bontés, qu'il n'y avait plus de substitution dans les terres de votre maison . Vous entendez probablement qu'il est établi que les princes de votre sang en succédant à leurs parents, sont tenus de remplir les engagements de leurs prédécesseurs, de continuer les pensions , de payer les rentes et charges assignées .

C'est une loi qu'en effet l'honneur a dicté dans votre illustre maison ; mais la substitution est formelle dans toutes ses terres, et les ducs de Virtemberg ne peuvent aliéner aucun de leurs domaines, pas même en Franche-Comté et en Alsace .

Ainsi, monseigneur, aucun des domaines de votre maison n'est aliéné en ma faveur . J'ai établi seulement des rentes sur ma tête, et sur celles de mes neveux et nièces . Je ne jouirai pas longtemps des miennes ; mon âge de soixante et onze ans et mes infirmités, me font regarder l’extinction de ces rentes comme prochaines .

Reste donc celles qui sont sur la tête de Mme Denis, et celles qui sont sur la tête de mes neveux . Ils peuvent survivre à monseigneur le duc régnant, et en ce cas ils perdraient ce que je leur ai donné, si votre Altesse Sérénissime n'avait pas la bonté de tenir cet engagement, et d'ordonner le paiement de leurs rentes .

Ces rentes étant spécialement hypothéquées par-devant notaire sur les terres de l'Alsace et de la Franche-Comté , n'ont absolument rien de commun avec les États du Virtemberg . Je crois même que ce sont les seules dettes dont vos terres en France soient chargées . D'ailleurs, Votre Altesse Sérénissime sait bien que ces rentes, regardées comme alimentaires, et qui s’éteignent par la mort, n'entament jamais le fonds, et ne peuvent porter aucun préjudice ni à votre maison, ni à vos États .

Fondé sur ces raisons, et obligé de pourvoir à ma famille, j'ai donc pris la liberté de m'adresser directement à Votre Altesse Sérénissime . Je me suis félicité de voir mes intérêts dépendre de votre justice , et de la magnanimité de votre cœur . Il ne s'agit ici d'aucune discussion, d'aucun arrangement qui regarde le duché de Virtemberg, d'aucune affaire avec les États ; enfin, de rien au monde qui puisse compromettre votre personne . Je ne demande qu'un mot de lettre ; et si mon état me permettait de paraître en votre présence, je ne demanderais qu’une parole de votre bouche . Daignez m'écrire seulement que les rentes que j'ai établies par contrats avec monseigneur le duc votre frère, en faveur de ma famille, lui seront toujours payées .

Ces deux lignes certainement ne commettent pas votre personne, elles rassurent toute ma famille, et elles préviennent une foule de formalités très coûteuses dans chaque juridiction des terres situées en France .

Je vous demande cette grâce avec la plus vive instance . Je n'en abuserai certainement pas, et je vivrai et mourrai pénétré de la reconnaissance et du respect avec lequel j'ai l'honneur d'être

monseigneur

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

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