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02/05/2021

la vérité, fermera la bouche aux imposteurs ; j'avoue que je dois les dédaigner, mais je ne dois pas moins les confondre 

... Entendez-vous, Marine, Jean-Luc, Nicolas, Jean-Frédéric, François, -- pour ne citer que les plus malfaisants et peu recommandables,-- menteurs patentés https://www.franceinter.fr/politique/presidentielle-2022-...

 

 

« A Abraham Freudenreich 1

Au château de Ferney par Genève 11è janvier 1766 2

Monsieur,

Je profite du premier relâche que me donnent les maux dont ma vieillesse est accablée pour vous souhaiter à vous et à Mme de Freudenreich des années plus heureuses que les miennes et aussi longues que votre vertu les mérite .

Permettez que je saisisse cette occasion pour vous parler d'un ridicule singulier qui s'est mêlé aux tracasseries de Genève . Vous savez que ces querelles se sont élevées en partie à l'occasion du sieur Jean-Jacques Rousseau . Des brouillons ont imaginé que j'étais l'ennemi de cet homme, que non seulement j'avais engagé le conseil de Genève à donner un décret de prise de corps après lui, mais que j'avais écrit plusieurs lettres à M. le pasteur Bertrand, pour vous engager à le chasser du territoire de votre République .

Vous savez, monsieur, qu'une telle imposture n'a pas le plus léger fondement . M'accuser de persécuter un homme de lettres, c'est m'imputer de me poursuivre moi-même . J'ai toujours été si éloigné d'une telle horreur, que dans tous les temps j'ai offert à M Rousseau une maison de campagne, dont il aurait été le maître, et où il eût été toujours à l'abri de ses ennemis . Quoiqu'il en ait très mal usé avec moi, je suis encore dans les mêmes dispositions . Jugez quelle apparence il y a que j'aie jamais sollicité personne de votre République de le faire chasser de votre territoire .

M. Bertrand est protégé par vous , monsieur ; il était continuellement dans votre maison ; vous avez vu toutes les lettres que je lui ai écrites ; elles n'ont roulé que sur des points d’histoire naturelle et sur sa collection de raretés , que j'ai sollicité Mgr l’Électeur palatin d'acheter de lui . Je ne lui ai jamais prononcé de nom de Rousseau non plus qu'à vous, ni à personne du Conseil, ni à aucun citoyen de votre État . C'est une justice que j'espère que vous me rendrez, en attendant que je puisse écrire à M. Bertrand que je crois actuellement en Pologne .

Il est triste que mes derniers jours soient fatigués par de si infâmes calomnies . J'ose me flatter qu'un mot de votre main, en rendant gloire à la vérité, fermera la bouche aux imposteurs ; j'avoue que je dois les dédaigner, mais je ne dois pas moins les confondre ; et je ne puis mieux y parvenir que par le témoignage d'un homme de votre naissance et de votre mérite, compté depuis si longtemps parmi les premiers seigneurs de Berne et parmi les plus vertueux des hommes .

J’ai l'honneur d'être, avec un très respectueux attachement qui ne finira qu'avec ma vie,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

2 Copie signée envoyée à J.-A. De Luc, (Genève), avec mention de la main de Voltaire , « copie de la lettre de M. de Voltaire à M. le baron de Freudenrik, conseiller banneret de l’État de Berne » ; l'édition Gagnebin , «  Voltaire a-t-il provoqué l'expulsion de Rousseau de l’île Saint-Pierre ? » dans les Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau, 1943-1945 . M. Gagnebin répond par la négative à la question qu'il pose, et cela à juste titre . Il est vrai que le 12/14 janvier, Dupan écrit à Freudenreich : « Tant que Rousseau n'a pas été loin d'ici, Voltaire s'est un peu ménagé sur son compte, mais à présent il en parle comme d'un menteur, d'un coquin qui mériterait d'être chassé de tout le pays . C'est sur ce ton qu'il en entretenait vendredi dernier le père et fils de Luc, lesquels abandonnèrent ce cher et illustre concitoyen sans répondre un mot . » Mais la correspondance entre Luc et Freudenreich qui vient d'être mise au jour,ne confirme pas qu'il ait joué un rôle actif dans l'affaire de l'expulsion de Rousseau .

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12227179/jean-andre_de_luc/

et  voir Du Pan et Freudenreich dans Annales de la société JJ Rousseau : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k16144h/texteBrut

Commentaires

Ah ! cher James, je reconnais bien là votre âme voltairienne frondeuse ! rassurez-vous, je serai toujours là pour vous apporter des oranges....

Écrit par : Lovevoltaire | 03/05/2021

Chère LoveV, si jamais les personnages précités venaient au pouvoir, je crains bien d'être bénéficiaire de votre aimable attention (il est vrai que cinq fruits et légumes par jour sont un bon régime pour la Santé , faute de Bastille ) .
Haut les coeurs !

Écrit par : James | 04/05/2021

Les commentaires sont fermés.