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24/05/2021

je veux soulever l’Europe ... Ma foi, les coquins en auront dans le cul.

... Ce qui est dit est dit . On ne peut être plus franc, plus direct, ni plus juste .

NDLR -- Pas d'illustration pour cette note .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4è février 1766

Il est arrivé, il est arrivé, le ballot Briasson1 ! On relie jour et nuit. Je grille d’impatience. Mille compliments à Protagoras.

Voici un certificat de ma façon 2 pour les Sirven. Consultez avec Élie s’il est admissible. Je voudrais bien que ce divin Élie m’envoyât un précis de son mémoire, dépouillé entièrement des accessoires qui sont nécessaires pour les juges, et qui ne font que ralentir l’intérêt et refroidir les lecteurs étrangers. J’enverrais ce précis à tous les princes protestants et à l’impératrice de l’Église grecque. Je l’accompagnerais d’un petit discours sur le fanatisme, qui n’est pas d’un bigot, mais qui est, je crois, d’un bon citoyen. Mon cher frère, je veux soulever l’Europe en faveur des Sirven.

Voici une feuille que je détache des Mélanges 3, et que je vous envoie pour en régaler Élie. Ma foi, les coquins en auront dans le cul. Je ne sais plus ou demeure l’indolent Thieriot 4. »

1 Contenant les volumes VIII-XVII de l’Encyclopédie.

2 Selon Beuchot : « Voltaire, dans sa lettre du 4 février , parle d’un certificat de sa façon. Il s’agit ici d’un petit discours. Je ne connais rien sous ces titres, et probablement c’était ce qu’il fit imprimer plus tard sous le titre de Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven (voyez https://fr.wikisource.org/wiki/Avis_au_public/%C3%89dition_Garnier ) ou une première ébauche.. »

Galland, en note, donne le texte de ce certificat, sans dire d'où il le tient : « Mon certificat n’est peut-être pas d'une grande valeur, puisque je suis devenu en quelque sorte, partie pour la famille des Sirven, en recommandant son innocence à ceux qui la défendent . Mais je dois d'autant moins cacher une vérité dont je suis convaincu que c'est cette conviction même qui m'a forcé de m'intéresser pour cette famille infortunée .

"Je dois dire que le père et les deux filles vinrent de Lausanne chez moi, le 5 avril 1765, pour signer une procuration . La mère, qui était attaquée d'une maladie mortelle, voulut accompagner ses filles, elle ne put se trainer que jusqu'à Genève . Le sieur Sirven et ses filles m'apprirent l'état où était la dame Sirven . J’envoyai sur-le-champ un domestique à Genève s'informer de la santé de la malade : il la trouva rendant les derniers soupirs, et prenant Dieu à témoin de son innocence et de celle de sa famille . On ne dissimule pas dans ces moments . Une femme , persuadée de sa religion, ne trompe point ,en mourant, Dieu et les hommes . Je dois ajouter que quiconque aura entretenu un quart d'heure le père et les filles aura vu tout ce qui peut pénétrer un cœur de compassion pour les plus grands malheurs et de respect pour la vertu la plus pure .

"Fait au château de Ferney, le 4 février 1766 / Signé : Voltaire . »

3 Selon Beuchot : « Au commencement de 1766, parurent, sous le millésime de 1765, trois volumes intitulés Nouveaux Mélanges philosophiques, historiques, critiques, etc. ; aux pages 190-195 du tome second est un Article nouvellement ajouté (au Traité sur la Tolérance ; voyez tome XXV, pages 115-118 : https://fr.wikisource.org/wiki/Trait%C3%A9_sur_la_tol%C3%A9rance/%C3%89dition_Garnier_1879/26 ). Je crois que c’est de ce morceau que Voltaire veut parler. »
En fait il est impossible de savoir vraiment quelle feuille a pu être déchirée .

4 Ce dernier a écrit le 24 janvier 1766 pour lui demander une aide financière pour subvenir aux besoins de sa fille naturelle à laquelle il dit s'être engagé à assurer pendant quatre ans une pension de six cents livres par an.

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