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13/11/2021

je n’entends plus rien aux affaires de ce monde . J’y vois quelquefois des abominations qui atterrent l’esprit et qui lient la langue

... Trop d'opprimés ! vraiment trop ! désespérément trop  .

Patatras. La neutralité sert toujours l'oppresseur, jamais l'opprimé (108)  - L'1dex

https://1dex.ch/2019/08/patatras-la-neutralite-sert-toujo...

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

20 auguste 1766

Je suis tantôt aux eaux, tantôt à Ferney, mon cher frère : je vous ai écrit 1 par Mme de Saint-Julien, sœur de M. le marquis de La Tour du Pin, commandant en Bourgogne, et parente de M. le duc de Choiseul. Elle est venue avec monsieur son frère, et a bien voulu passer quelques jours dans ma retraite. Elle a la bonté de se charger d’une lettre pour vous, dans laquelle il y en a une pour M. de Beaumont. En voici une autre que je vous envoie pour ce défenseur de l’innocence.

J’ai vu M. Boursier, pour qui vous avez toujours eu les mêmes bontés ; il n’a pas été embarrassé un moment des calomnies qu’on a fait courir sur sa manufacture ; il est toujours dans les mêmes sentiments 2. C’est bien dommage que ses forces ne répondent pas à son zèle, car il est comme moi dans sa soixante-treizième année. Il désirait fort d’être secondé par des personnes d’un âge mûr, qui semblent avoir tourné leurs vues d’un autre côté. Il se plaint beaucoup d’un de ses camarades qui ne lui a pas répondu. Pour moi, mon cher ami, je n’entends plus rien aux affaires de ce monde . J’y vois quelquefois des abominations qui atterrent l’esprit et qui lient 3 la langue. On dit que, dans certaines îles, quand on a coupé la jambe à un nègre, tous les autres se mettent à danser.

Le gros recueil dont vous m’avez parlé ne paraîtra donc point ? Cela est triste pour ceux qui veulent s'instruire . Il me semble que la proposition qu'on avait faite à votre ami, était bien convenable .

J'attends enfin le mémoire de M. de Beaumont . Je suis toujours très persuadé que ce mémoire mettra le sceau à sa réputation, mais pour les Sirven, ils pourront bien n'être justifiés que par le public . Cela suffit, c'est le premier des tribunaux 4.

Je vous demande en grâce de me faire avoir le mémoire de feu M. de La Bourdonnais . Il manque à mon petit recueil des causes véritablement célèbres.

Adieu . Vos sentiments sont ma plus chère consolation. »

2 Ces sept mots sont absents sur le manuscrit de la copie contemporaine Darmstadt B.

3 Ce mot est remplacé par tuent dans toutes les éditions .

4 Les deux paragraphes précédents, omis dans la copie Beaumarchais-Kehl manquent dans toutes les éditions .

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