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27/02/2022

si ceux qui sont capables de rendre les plus grands services à la raison humaine avaient du courage, je sais bien quel parti il y aurait à prendre. Mais il faudrait se voir...Non seulement c’est un fou, mais c’est un monstre

... Que faire et que dire , pourquoi rencontrer un dictateur capable de traiter de sang froid ses opposants de nazis et drogués, et les bombarder sans trêve ?

L'Ukraine sera-t-elle le Viet-Nam des Russes ?

 

 

« A André Morellet

Rue de Colbert

à Paris

Je vais chercher, monsieur, les deux petites curiosités 1 que vous désirez avoir, et elles vous parviendront par votre ami 2, à qui j’envoie cette lettre, et à qui je demande comment il faut s’y prendre. Je ne crois point que ces bagatelles doivent de droits aux fermiers généraux ; mais il est toujours bon de prendre toutes ses précautions, et de ne pas s’exposer à des avanies.

Il est vrai, monsieur, que ce serait une grande consolation pour moi de former des élèves qui soutinssent le seul véritable théâtre qu’on ait en Europe. En vérité, j’ai besoin de consolation. Les choses que vous me mandez, celles que je sais d’ailleurs, et certains événements publics, font frémir le bon sens, et déchirent le cœur. Si j’étais plus jeune, si je pouvais me transplanter, si ceux qui sont capables de rendre les plus grands services à la raison humaine avaient du courage, je sais bien quel parti il y aurait à prendre. Mais il faudrait se voir ; et puis-je encore me flatter que vous ferez un voyage à Lyon pendant ma vie, et que je pourrai vous parler à cœur ouvert ?

Il n’était pas possible que vous prissiez le parti de Rousseau dès que vous l’avez connu. Non seulement c’est un fou, mais c’est un monstre. M. Tronchin a la preuve en main qu’il ne m’avait écrit une lettre insolente 3 que pour m’engager dans une querelle sur la comédie, et pour soulever contre moi les prédicants et le peuple de Genève. Je n’ai pas été sa dupe. Ce pauvre fou a trop d’orgueil pour être adroit, il est méchant, mais il n’est pas dangereux . C’est un grand malheur, je l’avoue, qu’un homme qui pouvait servir en ait été si indigne ; mais il n’aurait pu être utile qu’avec un meilleur cœur et un meilleur esprit. Aimons toujours, monsieur, les lettres, qu’il déshonore, et qu’on persécute. Vous ferez plus de bien que Jean-Jacques n’a fait de mal. Continuez-moi vos bontés. Combattons sous le même étendard, sans tambour et sans trompette. Encouragez vos alliés, et que les traités soient secrets . Comptez sur ma tendre et respectueuse amitié.

Votre très humble et très obéissant serviteur.

Miso-Priest 4.

26è novembre 1766.

La lettre au docteur Pansophe n’est point de moi ; elle est de l’abbé Coyer . Je voudrais l’avoir faite. »

2 Helvétius, à qui Morellet avait précédemment apporté une lettre de Voltaire.

4 Ennemi des prêtres ! V* se moque encore une fois de la police royale qu'il se plait à croire incapable de traduire ce pseudonyme qui était un mystère pour le pasteur Du Peyrou : lettre du 5 janvier 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/26/vingt-quatre-a-misoprist-6312160.html

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