07/03/2022
Je ferai donc ce qu’on prétend que disait le cardinal de Bernis au cardinal de Fleury : J’attendrai
... N'en déplaise à tous ceux qui piaffent d'impatience pour débattre avec le candidat Macron, ils n'ont réellement rien à y gagner .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
6è décembre 1766
Anges excédés et ennuyés, si votre copiste a porté sur la pièce cinq paquets de corrections, il peut fort bien copier encore la sixième ; mais je jure, par tous les sifflets possibles, que ce sera la dernière.
J’apprends d’ailleurs que ce n’est pas pour moi que le four chauffe actuellement . On est occupé de la pomme de Guillaume Tell et de la capilotade d’un cœur qu’on fait manger à la dame de Vergy 1. Je sais que ces barbaries passeront devant ma pastorale. Je ferai donc ce qu’on prétend que disait le cardinal de Bernis au cardinal de Fleury : J’attendrai. J’en suis fâché à cause de l’alibi, car la rage des calomniateurs est montée à son comble.
Les affaires de Genève ne vont pas trop bien. J’ai peur que les médiateurs n’aient le désagrément de voir leurs propositions rejetées ; mais je m’intéresse encore plus aux Scythes qu’aux Genevois.
Vous avez lu sans doute le mémoire contre les commissions 2 ; il y a des fautes , mais il me paraît écrit avec une éloquence forte et attachante. Savez-vous que le dernier projet de Jean-Jacques était de revenir à Genève ? C’était apparemment pour s’y faire pendre . Il ne sera pas fâché de l’être, pourvu que son nom soit dans la gazette.
Le cœur me dit que je recevrai aujourd’hui une lettre de mes anges ; mais je me donne toujours la petite satisfaction de leur écrire, avant d’avoir le grand plaisir de recevoir de leurs nouvelles. Il faut savoir que le courrier de Ferney part à sept heures du matin, et que les lettres de France n’arrivent qu’à deux ou trois heures après-midi.
Respect et tendresse. »
1 Le Guillaume Tell, de Le Mierre, joué le 17 décembre 1766 : https://books.google.fr/books?id=7SpOHGRK0a0C&pg=PA30&lpg=PA30&dq=Guillaume+Tell,+jou%C3%A9+le+17+d%C3%A9cembre+1766&source=bl&ots=jW_0obmTJK&sig=ACfU3U0UA5YgyJi9SNQnqRZxol1oMxkYjA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjO3J2g_LH2AhUQCxoKHRj5Cw8Q6AF6BAg3EAM#v=onepage&q=Guillaume%20Tell%2C%20jou%C3%A9%20le%2017%20d%C3%A9cembre%201766&f=false
; et la Gabrielle de Vergy, par Buirette de Belloy, représenté à Versailles seulement en 1770 et à Rouen en 1772 : https://books.google.fr/books?id=O_w_AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q=vergy&f=false
2 Par l’avocat Etienne Chaillou de Lisy ; voir : https://gallica.bnf.fr/blog/09022021/des-delits-et-des-peines-de-cesare-beccaria?mode=desktop
. On retrouve ce mémoire à propos de la lettre du 15 décembre 1766 à Damilaville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-annee-1766-partie-53.html
, et celle de décembre 1766 au chevalier de Taulès .
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