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17/03/2022

S’il y a des avocats qui fassent les difficiles, il faut en trouver qui fassent leur devoir en les bien payant. Il ne sera pas difficile d’en avoir trois ou quatre qui signent ; cela nous suffira

... On croirait du Poutine tout pur : https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-e...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

17 Décembre 1766 1

Mon cher ami, l’affaire des Sirven m’empêche de dormir. Il serait bien affreux que les retardements de M. de Beaumont eussent détruit nos plus justes espérances. S’il y a des avocats qui fassent les difficiles, il faut en trouver qui fassent leur devoir en les bien payant. Il ne sera pas difficile d’en avoir trois ou quatre qui signent ; cela nous suffira. Tout ce que demandent les Sirven , c’est l’impression du mémoire . Ils veulent encore plus gagner leur cause devant le public que devant le Conseil. Si nous pouvons obtenir une évocation, à la bonne heure ; sinon, nous aurons du moins pour nous l’éloquence et la vérité, et ce qu’on aurait payé en procédures sera tout au profit d’une famille infortunée.

Les affaires de Genève se brouillent terriblement. J’ai peur que ces dissensions n’aient une fin funeste. Cela retarde la petite affaire de votre ami, M. de Lamberta. On ne peut rien faire dans tous ces mouvements . Presque toutes les boutiques sont fermées, et les bourses aussi.

Donnez cependant à M. de Lamberta les cent écus dont vous serez remboursé 2. J’en répondrai toujours. Je vous demande en grâce d'avoir un petit livret où vous mettrez tout ce que vous avez reçu pour moi, et pour les Sirven, et tout ce que vous avez dépensé, ce que vous avez donné à M. de Beaumont pour la signature des avocats, ce que vous avez pu donner à d'autres . Cette attention est d'une nécessité indispensable . Vous devez être accoutume à l’ordre . Ne négligez pas , je vous conjure, une précaution si nécessaire 3.

L’abbé Coyer jure que ce n’est pas lui qui est l’auteur de la Lettre au docteur Pansophe. On en soupçonne beaucoup un M. Bordes, de l’Académie de Lyon, qui a déjà donné une ode sous mon nom, pendant la dernière guerre. On ferait une bibliothèque des ouvrages 4 qu’on m’impute. Tous les réfugiés errants font de mauvais livres et les vendent, sous mon nom, à des libraires crédules. Les Fréron et les Pompignan ne manquent pas de m’imputer ces rapsodies, qui sont quelquefois très dangereuses. On me répond que c’est l’état du métier . Si cela est, le métier est fort triste.

Personne n’a encore ma tragédie ; M. d’Argental n’en possède que des fragments informes ; elle est intitulée les Scythes. C’est une opposition continuelle des mœurs d’un peuple libre aux mœurs des courtisans. Maman Denis 5 et tous ceux qui l’ont lue ont pleuré et frémi. Je l’ai envoyée à M. le duc de Choiseul, qui me mande qu’elle vaut mieux que Tancrède. J’ai déjà composé une préface dans laquelle j’ai saisi une occasion bien naturelle de faire l’éloge de M. Diderot ; cela m’a soulagé le cœur . Je vous embrasse mille fois.

Je vous recommande l'incluse .6 »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; l'édition de Kehl suit la copie Beaumarchais . On donne ici la copie Darmstadt plus complète . L’édition Besterman, de façon peu conséquente, ne donne qu'une partie des variantes qu'elle comporte en plus de la copie et édition de Kehl .

2 L'édition de Kehl suivie par Besterman, omet « dont vous serez remboursé . »

3 Tout ce paragraphe depuis je vous demande en grâce est omis dans l'édition de Kehl comme dans la copie . Celle -ci résulte d'un original sur lequel certains passages ont été corrigés ou biffés .

4 La copie et l'édition de Kehl donnent livres pour ouvrages .

5 Copie et édition de Kehl donnent Mme pour Maman .

6 Cette dernière phrase manque dans la copie et l'édition de Kehl .

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