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02/04/2022

avant ma mort, j’aurai la funeste consolation de rendre les persécuteurs exécrables

... Et ce serait extraordinaire si cela les faisait disparaitre de la surface de notre globe *.

NDLR - En toute modestie .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

29 décembre [1766} , à midi

Je vous ai déjà écrit ce matin 1, mon cher ange, à vous seul comme toutes les précédentes.

Il n’est plus question de faveur , ce nouveau mémoire que j’envoie à monsieur le vice-chancelier 2, et dont voici la copie, doit convaincre que nous ne demandons que la plus exacte justice.

Si on saisit l’équipage de Mme Denis, si on lui fait racheter son carrosse et ses chevaux pour avoir introduit dans le royaume des livres abominables, elle est déshonorée dans la province et ne peut plus y rester. Il serait horrible qu’un commis de bureau fût récompensé pour avoir prévariqué 3, et qu’une femme qui mérite de la considération fût flétrie . Il ne lui resterait que d’aller m’enterrer dans les pays étrangers . Mais avant ma mort, j’aurai la funeste consolation de rendre les persécuteurs exécrables.

Il ne s’agit au bout du compte que de colportage, et ni madame Denis, ni moi, ne pouvons être des colporteurs. Je sais bien qu’en France, sur un simple soupçon souvent absurde, on peut perdre un honnête homme , et même un homme qui mérite des ménagements. Encore une fois, mon cher ange, voici le mémoire sur lequel il faut insister.

Mais le point préalable, le point nécessaire, c’est de faire chasser sans délai le nommé Jeannin, contrôleur du bureau de Saconnex, près de Genève, et de s’adresser pour cela à M. de Courteilles ou à qui vous jugerez à propos . C’est ce que je vous dis dans une autre lettre du 29, sous le couvert de M. le duc de Praslin.

Pardon de tant de lettres, mais on ne peut s’expliquer qu’avec des paroles.

Comptez que ma douleur n’est pas le plus vif de mes sentiments. »

2 Ce mémoire n'est pas connu, mais on possède « l'addition » qui y est jointe le 11 janvier 1767 . On la trouve en note de la lettre du 7 janvier 1767 à d'Argental « Addition au mémoire envoyé à Mgr le vice-chancelier le 29è décembre 1766 par la dame Denis de Ferney au sujet de la saisie de son équipage à Collonges », signé et daté de la main de V* qui ajoute en marge : « Nota qu'ils n'avaient point de droit de visiter puisque le plomb n'est mis que pour assurer qu'on ne mettra point d'autres effets, et que le tout sera visité à l'arrivée à la douane. »

Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/04/correspondance-annee-1767-partie-3.html

3 Exemple frappant de la façon dont V* peut juger les gens en fonction de ses rapports avec eux .

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