04/10/2023
ce triste hermaphrodite Passa pour femme, et ce fut son seul art; Dès qu'il fut homme il perdit son mérite
... Désormais rejeté de la gay pride ?
https://www.retronews.fr/societe/long-format/2021/01/11/hermaphrodisme-dans-la-presse
« A Marie-Anne-Henriette Payan de Lestang, marquise d'Antremont 1
Vous n'êtes point la Desforges-Maillard 2:
De l'Hélicon ce triste hermaphrodite
Passa pour femme, et ce fut son seul art;
Dès qu'il fut homme il perdit son mérite.
Vous n'êtes point ,et je m'y connais bien,
Cette Corinne et jalouse et bizarre
Qui par ses vers, où l'on n'entendait rien,
En déraison l'emportait sur Pindare.
Sapho plus sage, en vers doux et charmants,
Chanta l'amour; elle est votre modèle
Vous possédez son esprit, ses talents;
Chantez, aimez : Phaon sera fidèle.
Voilà, madame, ce que je dirais si j'avais l'âge de vingt et un ans, mais j'en ai soixante-quatorze passés ; vous avez de beaux yeux, sans doute, cela ne peut être autrement, et j'ai presque perdu la vue ; vous avez le feu brillant de la jeunesse, et le mien n'est plus que de la cendre froide ; vous me ressuscitez, mais ce n'est que pour un moment, et le fait est que je suis mort.
C'est du fond de mon tombeau que je vous souhaite des jours aussi beaux que vos talents.
J'ai l'honneur d'être, etc.3
de Voltaire.
A Ferney, pays de Gex, le 20 février [1768]. »
1Copie contemporaine ; la formule finale est donnée d'après un autre manuscrit ancien ; édition « Réponse de M. de Voltaire » (à une lettre de Mme d'Antremont qui lui avait envoyé quelques ouvrages de vers), Mercure de France, juillet 1768 . Voir aussi les Poésies de Mme la marquise d'Antremont, 1770 .
Voir lettre de la marquise du 4 février 1768 : 7165 de https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henriette_Bourdic-Viot
et : https://poetesses.blog4ever.com/bourdic-viot-marie-anne-henriette-1746-1802
2 Sur cette supercherie littéraire de Desforges-Maillard qui défraya la chronique en 1732, voir https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/226-paul-desforges-maillard
et lettre 6 décembre 1732 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/06/il-ne-m-est-pas-permis-de-parler-d-un-si-grand-homme-sans-le.html
3 C'est-à-dire : « Madame, avec beaucoup de respect, votre très humble serviteur, Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre. »
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