26/11/2012
C'est une belle vertu que la douceur et la bonté mais la justice est une vertu nécessaire
... Douceur - Bonté - Justice . Les deux premières sans la troisième seraient des vertus superflues .
Voilà ce qu'on peut mettre en parallèle avec notre célèbre et idéale déclaration tronant au fronton de nos monuments républicains : Liberté-Egalité-Fraternité , et on sait ce qu'il en est en réalité sur le terrain .
La fraternité semble bien être la dernière des vertus dès lors que la politique s'en mêle, en particulier à l'UMP (Un Minable Parti ) ; une consolation : voir que Juppé est encore assez intelligent pour se rendre compte que Copé est un coq fier de sa haute place sur le tas de fumier, et aussi pour son appel à Sarko pour qu'il mette un peu les mains dans la mouise qu'il a laissée .
« A Charlotte-Sophie von Altenbourg, comtesse Bentinck
Aux Délices 30 juillet [1757]
Tout ce que vous voulez bien m'apprendre de votre procès 1 Madame, me fait plus de plaisir qu'au plus déterminé des plaideurs . Laissons-là les chansons et allons au solide . Vous attendiez-vous madame, il y a un an que les Français seraient les gardiens de vos terres ? Dites-moi je vous prie si en effet ils ne pourraient pas vous servir à Kniphausen 2? n'êtes-vous pas toujours la maîtresse de ce domaine ? en jouissez-vous pleinement ? Vous ne m'en dites rien, et voilà ce que je veux savoir . Je présume assez que si vous êtes toujours dame souveraine de Kniphausen vous ne viendrez point à Monrion . Je serai puni de votre bonheur mais je me consolerai en vous sachant heureuse . Ce que vous me faites l'honneur de me mander est bien bon et bien consolant . Mais je ne serai point content si l'adverse partie n'est condamnée à l'amende et aux dommages et intérêts . Je ne doute pas que ce ne soit l'intention de votre illustre avocat . Pourquoi faut-il que votre chicaneur vive toujours aux dépens d'autrui ? C'est une belle vertu que la douceur et la bonté mais la justice est une vertu nécessaire .
J'ai été sur le point d'aller trouver le favori de Mars 3 qui l'était autrefois de Vénus . Mais ma pauvre nièce est malade et il faut la garder . Elle n'a pas porté santé depuis la belle aventure de Francfort 4. Figurez-vous madame ce que c'est pour une pauvre parisienne délicate qui voyage avec un passeport du roi de France, de se trouver arrêtée dans une rue de Francfort par un marchand prussien avec des soldats, la baïonnette sur le ventre, conduite à pied en prison au milieu de la populace, volée, maltraitée, couchant au milieu de quatre soldats et cela dans la ville où l’empereur a été couronné et où pour toute consolation on lui disait qu'un marchand prussien devait avoir plus de crédit que l'empereur .
Elle fut six mois malade à la mort et ne s'est jamais rétablie . On nous vola plus de douze mille écus, cela peut s'oublier, on se console de la perte de l'argent mais la perte de la santé pour le reste de la vie est quelque chose . Je suis bien sûr que le roi de Prusse n'avait point commandé toutes ces horreurs . Il est trop juste, trop humain, trop sage pour avoir jamais imaginé d'outrager ainsi une étrangère qui n'était point dans ses États, qu'il ne connaissait point , qui n'avait rien à démêler avec lui . Je crois même que s'il savait à quelles énormités les nommés Smith et Freytag s’emportèrent pour nous voler notre argent, il se servirait de son crédit à Francfort pour en faire justice, il saurait que son résident Freytag a été deux ans à la brouette de Dresde pour un vol et que son conseiller Smith convaincu de fausse monoye avait été condamné par une commission impériale , il ne soutiendrait point de pareils scélérats . Mais il a actuellement d'autres affaires et je ne dois pas l'importuner de ces bagatelles . Bonsoir madame . Mille respects . »
1 Ayant rompu son mariage d'avec Willem Bentinck en 1728, séparée juridiquement en 1740, elle fut de longues années en procès pour obtenir pensions et reconnaissance de propriété sur des terres . V* soutint certaines de ses démarches à Versailles .Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/13/il-y-a-de-belles-imaginations-madame-que-le-repos-effarouche.html
4 Voir la relation des évènements et son avis sur Frédéric II à partir de son départ de Berlin : page 203 et suiv. : http://books.google.fr/books?id=2_pBAAAAYAAJ&pg=PA205&lpg=PA205&dq=Smith+et+Freytag+francfort&source=bl&ots=ZJ_4IVANHy&sig=On1967FkP2bIl6gSmhN7rHyFjrY&hl=fr&sa=X&ei=vEazUIrqPNGwhAfpwoH4CA&ved=0CC8Q6AEwAA#v=onepage&q=Smith%20et%20Freytag%20francfort&f=false
V* , sachant que son courrier est souvent lu frauduleusement, use de termes polis envers Frédéric dont Mme de Bentinck n'est pas dupe .
14:53 | Lien permanent | Commentaires (0)