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10/02/2010

Musique, soupers, bals, théâtres, amours, sciences, société ; il ne me manque ici que vous

"L'Europe ! l'Europe! l'Europe !" comme s'exclamait le général de Gaulle, la voici "galante", grâce à André Campra qui mourut en 1744, mais qui évoquait sans doute la déesse plus que l'entité géographique.

http://www.youtube.com/watch?v=BP3aJnm2k7s

 

 Frédéric II avec Schwerin  et von Podewils (à droite)

luc avec scwerin et von podewils à droite.jpg

« A Otto Christoph, comte de Podewils

Envoyé de Prusse à La Haye.

 

Ce lundi 10 février [1744] à trois heures du matin,

 doit partir demain mardi à dix heures.

 

                            Je crois, mon cher et respectable ami, que le prétendant est à Antibes [Charles-Edouard Stuart, débarqué à Antibes le 23 janvier]; du moins on le disait hier à Versailles. Ce n’est pas tout à fait le chemin de Londres. Notre flotte est à la voile [depuis le 6 février, pour envahir l’Angleterre], et tout Paris est au bal. On rejoue Mérope avec un succès prodigieux. Nous avons une mademoiselle du Meni [= Dumesnil] qui fait fondre en larmes pendant cinq actes. Je suis bien fâché que vous ne puissiez voir notre spectacle. Jamais il n’a été si parfait, j’entends de la part des acteurs. Je ne sais pas ce qu’on fera sur la frontière, mais  Paris sera toujours le paradis terrestre. Musique, soupers, bals, théâtres, amours, sciences, société ; il ne me manque ici que vous et votre adorable amie à qui je présente mes regrets et mes respects. Je vous envoie Acajou par M. de La Reynière [Acajou et Zirphile, de Duclos, roman composé, dit V*, pour être ajusté aux estampes qui avaient été faites pour un autre roman écrit et emporté par le comte Carl Gustav Tessin]. Ecrivez à M. de La Bonardière, près de l’hôtel Charost, faubourg Saint-Honoré. Mais quand vous enverrez gros paquets, adressez-les à M. de La Reynière.

                            Je vous embrasse tendrement.

                            J’ai tout reçu en son temps.

http://www.youtube.com/watch?v=BFKyWEZDvOM&feature=re...

05/12/2009

lui dire que je ne lui écris point parce que je suis malade

de troy diana bathing.jpg

"Je ne lui écris point parce que je suis malade " : et s'il avait eu le téléphone, je parie que Volti aurait dit qu'il n'avait pas le réseau, ou plus de batterie, ou plus d'abonnement ! Visiblement il a le cul entre deux chaises avec ses illustrateurs de La Henriade et ménage la chèvre et le chou.

Dure vie que celle d'auteur du XVIII ème qui doit s'occuper de tout - je dis bien de TOUT - pour enfin paraitre et s'exprimer .

Douce vie pour les auteurs modernes à qui on mâche le travail dans les grosses maisons d'édition. Je parie qu'ils ne connaissent même pas leur bonheur d'écrire au XXIème siècle.

Mais cette fois encore, Volti mènera, par sa ténacité, son ouvrage au public.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

                            En arrivant à Ussé [chez le marquis d’Ussé, entre Tours et Chinon], j’avais la plume à la main pour vous écrire lorsque dans le moment j’ai reçu votre lettre datée du 3è ; la conversation de Genonville [ son « vieil ami » La Faluère de Genonville –fils d’un ancien président à mortier au parlement de Bretagne – avec qui V* est resté en bons termes quoique celui-ci lui eût enlevé sa maitresse Suzanne de Livry lors de son séjour à La Bastille, V* l’ayant reconquise ensuite ; les relations avec Genonville se refroidirent à propos de la publication de La Henriade ] , vous a inspiré un esprit de critique que je m’en vais adoucir ; vous saurez que dans le marché que j’ai fait avec Levier [Le Viers , car il n’a pas obtenu le privilège en France suite au véto de Fleury, précepteur de Louis XV] à La Haye j’ai stipulé expressément que je me réservais  le droit de faire imprimer mon poème partout où je voudrais, je suis convenu avec lui que supposé que l’ouvrage pût se débiter en France je ferais mettre à la tête le nom du libraire de Paris qui le vendrait, avec le nom du libraire de La Haye . Mon dessein donc est que le public soit informé que le livre se débitera à Paris comme en Hollande afin de ne point effaroucher les souscripteurs [souscription annoncée dans la Gazette de Hollande les 6,16 et 23 octobre 1722, et dans le Mercure de France de novembre ], selon les idées que j’ai toujours eues sur cela et qui ont été invariables.

 

                            Quel démenti aurai-je donc ? et que pourra me reprocher la canaille d’auteurs quand mon ouvrage paraitra imprimé en Hollande et sera débité en France ? [Fuzelier se moque dans Arlequin-Persée de la souscription « urbi et orbi » ; cette édition franco-hollandaise est mal vue ] quel ridicule sera-ce à moi de voir mon poème être reçu dans ma patrie avec l’approbation des supérieurs ? Je n’ai que faire d’écrire au cardinal [Cardinal Dubois ]. Je viens de recevoir un billet du garde des Sceaux [ depuis février 1722 : Armenonville ] qui me croyait à Paris, et qui m’ordonnait de venir lui parler, apparemment au sujet de mon livre. C’est à lui que je vais écrire pour lui expliquer mes intentions.

 

                            A l’égard de M. de Troy, c’est de tout mon cœur et avec autant de plaisir que de reconnaissance que je verrai le dessin du frontispice exécuté de sa main, je vous prie de l’en remercier de ma part. Et de lui dire que je ne lui écris point parce que je suis malade. Vous pouvez fort bien dire à M. Coypel que les retardements qu’il apporte sont préjudiciables à l’édition de l’ouvrage, qu’ainsi vous croyez que je serai assez honoré et assez content quand je n’aurai que deux dessins de sa façon. S’il persiste à vouloir pour lui le dessin qui doit être à la tête, vous pourrez lui dire tout simplement qu’il est juste que ce soit un morceau pour le professeur [De Troy ] qui sans cette préférence ne voudra pas livrer ses dessins. Si cette déclaration le fâche, et si par là vous le mettez au point de refuser le tout, alors ce sera moi qui aurai à me plaindre de lui, et non lui de moi. En ce cas, vous exagèrerez auprès de lui l’estime que je fais de ses talents et la douleur où je serai de n’être point embelli par lui. Remerciez bien de Troy et Galloches, dites-leur que je leur écrirai incessamment, tâchez de consommer au plus vite cette négociation, j’ai trouvé  Ussé un peintre qui me fera fort bien mes vignettes [ Durand , que V* dira à Thiriot avoir été « vu à la comédie. Il était mauvais acteur et il est assez bon peintre » 12 décembre ]. Écrivez moi un peu des nouvelles des actions .Genonville ne peut rien auprès des Pâris que par M. de Maisons qui a déjà été refusé comme vous savez. J’écrirai une lettre très forte à Mme la maréchale [Maréchale de Villars] et je profiterai de mon loisir pour en faire une en vers aux Pâris où je serai inspiré par mon amitié [V* veut obtenir que ces banquiers « fassent quelque chose » pour Thiriot ] qui est assurément un Apollon assez vif. Adieu.

 

                            Voltaire

                            Le 5 décembre 1722 à Ussé. »

 

 

 

 

 

Pour mieux apprécier ce Jean-Francois De Troy que Volti considère comme un « professeur » :

http://www.artcyclopedia.com/artists/troy_jean-francois_d...

http://www.universalis.fr/encyclopedie/T323193/DE_TROY_LE...

 

Quand au Coypel, (Charles-Antoine pour les intimes ), source de « retardements » mais dont on aura « la douleur de n’être point embelli par lui » :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Antoine_Coypel

http://www.artcyclopedia.com/artists/coypel_charles-antoi...

 

 

 

c a coypel homme assis.jpg
"Je suis, Madame, votre très humble et très dévoué ... amant ! "