04/01/2009
cage à lapin - Gaza : la peine
Ah ! qu'il est réjouissant de commencer une journée en écoutant les nouvelles du monde - en guerre bien sûr - en me disant que décidément je serai redevenu poussière d'étoile (oui, je sais un peu de folie des grandeurs cosmiques avec du Banania et du miel, ça remonte le moral !) avant qu'on cesse de faire parler la poudre ( poussière, poudre : mais où vais-je chercher des images aussi poétiques ?). Je suis donc passé allègrement de la baston israelienne-hamassienne à une question existentielle : peut-on laisser passer l'hiver dehors à un lapin mâle de neuf mois logeant sur un balcon suisse ? Réponse des surdoués de la vie des bêtes ( journaleux -vétérinaires de salon ) : est-il dans une cage homologuée ? Surtout pas de cage destinée à un chat précise-t-on. Le préserver des courants d'air et si possible lui fournir un ou une compagne . Alors là tout se complique : avec un mâle, on se retrouve comme avec mon israelien tétu et le palestinien faché (ou inversement, c'est vous qui voyez !), baston et fricassée d'oreilles ! ; avec une femelle, je ne vous fait pas de dessin ( classé XXX ). Résultat : dans les deux cas de figure Jeannot Lapin pourra chanter à la chapelle sixtine car avec un bel ensemble nos oracles radiophoniques prescrivent une opération radicale qui supprime les "choses de la vie". Dur, dur d'être un mâle en Helvétie !
« A Jean le Rond d’Alembert
J’ai découvert, mon cher ami, que l’auteur du discours pour les prix de l’université s’appelle Belleguier, ancien avocat dans je ne sais quelle classe du Parlement [ Voltaire lui-même !!] . Son style m’a paru un peu médiocre, mais tous les faits qu’il rapporte sont si vrais et si incontestables, que je tremble pour lui.
Souvenez-vous dans l’occasion de l’avocat Belleguier, et ne vous moquez pas trop de l’université, de peur qu’elle ne se rétracte.
La belle Catau m’a envoyé copie de la lettre qu’elle vous a répondue [ en réponse à une lettre de d’Alembert qui s’inquiétait du sort des prisonniers de guerre français en Russie ]. J’aurai voulu qu’elle y eût joint la vôtre. Vous voyez qu’elle est bonne philosophe, et qu’elle est bien loin d’envoyer en Sibérie des étourdis de Velches qui sont venus faire le coup de pistolet pour l’honneur des dames, dans un pays dont ils n’avaient nulle idée. Vous verrez qu’elle finira par les faire venir à sa cour, et par leur donner des fêtes, à moins qu’on n’envoie encore de nouveaux Don Quichotte pour conquérir l’aimable royaume de Pologne. Pour moi, j’imagine que tout se traitera paisiblement d’un bout de l’Europe à l’autre, même qu’on payera nos rentes .
Je suppose que je dois une réponse à M. de Condorcet. Il ne signe point, et je prends quelquefois son écriture pour une autre . Cette méprise même m’est arrivée avec vous, mon cher philosophe . Je crois qu’il faudrait avoir l’attention de mettre au bas de ce qu’on écrit la première lettre de son nom, ou quelque autre monogramme pour le soulagement de ceux qui ont mal aux yeux comme moi . Par exemple, je signe Raton, et Raton aime Bertrand de tout son cœur [voir fable de La Fontaine ].
Raton
4 de janvier 1773 »
Raton
N'était pas content, ce dit-on.
Aussi ne le sont pas la plupart de ces princes
Qui, flattés d'un pareil emploi,
Vont s'échauder en des provinces
Pour le profit de quelque roi.
JEAN DE LA FONTAINE
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10:08 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, lapin, cage, raton, bernard, helvétie
22/11/2008
attention, gel dans 74000 ans
"A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, rue Louis le Grand à Paris.
Raton {Voltaire}, mon respectable philosophe, est depuis vingt ans l'ami de Mme l'Enveloppe {M. l'Enveloppe des pensées= Necker}, et lui a eu, en divers temps quelques obligations. Il ne faut point être ingrat envers ses amis parcequ'il leur arrive quelque bonne fortune.
.....
Toutes ces disputes sont des balivernes. L'essentiel pour moi est que la petite ville que je batissais tout doucement est détruite avant d'être achevée, et que ses ruines m'écrasent. Je ne pourrai pas dire en mourant,
Urbem ridiculum statui, mea moenia vidi,
Et nunc parva mei sub terras ibit imago.
= J'ai fondé une ville ridicule, j'ai vu des murailles qui étaient à moi, et maintenant une petite image de moi va descendre sous terre.
Mes pauvres horlogers qui avaient fondé la ville sont persécutés. Je ne suis pas assez sot pour les soutenir. J'abandonne tout, je meurs ruiné. Jean s'en alla comme il était venu.
Cependant Gilles Shakespear [William Shakespeare] et maître Guénée triomphent. Peut-être tout cela changera dans soixante et quatorze mille ans, quand tout sera gelé.
Je vous embrasse très tendrement du fond de ma caverne.
Voltaire.
Ferney, le 22 novembre 1776."
Notre latiniste distingué avait un peu le blues en voyant que des tracasseries gouvernementales et fiscales faisaient fuir des travailleurs émigrés qui avaient le plus contribué à transformer le "hameau misérable peuplé de quarante sauvages" de 1758 en petite ville prospère de près de mille habitants. Nous étions déjà dans un état où les normes pouvaient entraver certaines pratiques, en l'occurrence, "la liberté de travailler l'or et l'argent à des titres inférieurs à ceux prescrits par les ordonnances", autorisation pourtant accordée par "le feu roi" (=Louis XV). Voltaire en arrivera à conclure que le meilleur moyen d'améliorer la situation est "qu'on nous oublie", particulièrement les fermiers généraux, le fisc de l'époque .
Je crois qu'en cette période riche en demande pécunière de l'Etat, taxes diverses et variées dont celle d'habitation, nous aussi formulons cette prière :"oubliez nous", nous saurons bien utiliser au mieux ce que vous prélevez !
Quand aux prédictions de gel de toute la terre, c'était une théorie du grand Buffon. Alors réchauffement ou pas ? A suivre...
16:47 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, condorcet, ferney, raton, necker, shakespeare