06/03/2009
Sur toutes les oppressions que le peuple souffre
Yes, we can’t !! La boite à images a encore une fois montré une vérité qui dérange, qui doit déranger !! Hier, jeudi 5 mars, immersion dans la vie de pauvres gens qui, très agés, ont encore à subir l’imbécilité d’un système de retraite inadéquat. Je ne dis pas pauvre vie car ils sont touchants et exemplaires de modestie. Notre monde est encore capable de balancer des millions en foutaises (vins d’honneur pour inaugurations de pissotières, déplacements lointains pour arroser des pots de fleurs –pardon, dépôts de gerbes-, meetings pour brasseurs d’air, personnalisation de bagnoles ministérielles, remue-ménages à grand renfort de flics –touche pas à mon pote le bronzé-corse -, etc.), mais pas un fifrelin pour une aide de proximité . Le sacro-saint budget ne l’a pas prévu . Pourtant, on trouvera l’argent pour payer des escrocs patentés , loueurs de chambres à la petite semaine, dans des hôtels sordides le plus souvent . Décideurs, décidez une fois pour toute que ça a assez duré. Que les rois des ministères et des deux assemblées daignent enfin regarder et aider les sans grade. Bien sûr, ceux-ci ne seront pas capables d’ériger des barricades, sinon de leurs matelas et leur valise quand on est assez inhumain pour les exproprier. Proprios sans coeur, je vous déteste ; je vous souhaite mille tourments et mourir seuls et sans secours.
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Volti, heureusement, quoique chicanier en diable (vieil emmerdeur !), a utilisé son argent et son génie, pour lui-même bien sûr, et aussi pour les nécessiteux. On ne pourra pas lui enlever ses bonnes actions.
« A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, etc.
Mon illustre ami, vous voyez que les monstres noirs [les membres de l’ancien Parlement de Paris, rappelés après la mort de Louis XV et le départ de Maupéou ] mordent hardiment le sein qui les a réchauffés. Notre Rosny [= Sully = Turgot] a contribué à les établir, et ils veulent le perdre, cela est dans l’ordre. Ils viennent de faire brûler par leur bourreau le livre le plus sage et le plus patriotique que j’ai lu sur les corvées, sur toutes les oppressions que le peuple souffre, et que notre grand homme veut détruire. Ils pensent brûler sa barbe en brûlant cet ouvrage [« Les inconvénients des droits féodaux » de Pierre-François Boncerf, commis de Turgot]. Il faut espérer qu’ils en feront tant qu’ils obligeront la main qui les a tirés de l’abîme à les y laisser retomber.
En attendant, il n'y a sorte d’horreurs que la secte des convulsionnaires ne prépare. Il faut que Panckoucke ait perdu le sens commun, s’il ne renvoie pas sur le champ l’infâme édition qui va le perdre [les Œuvres de Voltaire ]. Je conçois encore moins le silence de sa sœur [ Mme Suard]. Il y a dans tout cela un esprit de vertige . Je suis très instruit, et je leur prédis malheur . Je souffre de leurs peines et des miennes .
Envoyez-moi, je vous prie, par M. de Vaines, la feuille que vous savez [ un écrit anonyme attribué à Condorcet, sur l’abolition de la corvée] .
Voltaire
6 mars 1776. »
18:39 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, condorcet, panckoucke, turgot, corvée, pauvreté, proprios
22/11/2008
attention, gel dans 74000 ans
"A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, rue Louis le Grand à Paris.
Raton {Voltaire}, mon respectable philosophe, est depuis vingt ans l'ami de Mme l'Enveloppe {M. l'Enveloppe des pensées= Necker}, et lui a eu, en divers temps quelques obligations. Il ne faut point être ingrat envers ses amis parcequ'il leur arrive quelque bonne fortune.
.....
Toutes ces disputes sont des balivernes. L'essentiel pour moi est que la petite ville que je batissais tout doucement est détruite avant d'être achevée, et que ses ruines m'écrasent. Je ne pourrai pas dire en mourant,
Urbem ridiculum statui, mea moenia vidi,
Et nunc parva mei sub terras ibit imago.
= J'ai fondé une ville ridicule, j'ai vu des murailles qui étaient à moi, et maintenant une petite image de moi va descendre sous terre.
Mes pauvres horlogers qui avaient fondé la ville sont persécutés. Je ne suis pas assez sot pour les soutenir. J'abandonne tout, je meurs ruiné. Jean s'en alla comme il était venu.
Cependant Gilles Shakespear [William Shakespeare] et maître Guénée triomphent. Peut-être tout cela changera dans soixante et quatorze mille ans, quand tout sera gelé.
Je vous embrasse très tendrement du fond de ma caverne.
Voltaire.
Ferney, le 22 novembre 1776."
Notre latiniste distingué avait un peu le blues en voyant que des tracasseries gouvernementales et fiscales faisaient fuir des travailleurs émigrés qui avaient le plus contribué à transformer le "hameau misérable peuplé de quarante sauvages" de 1758 en petite ville prospère de près de mille habitants. Nous étions déjà dans un état où les normes pouvaient entraver certaines pratiques, en l'occurrence, "la liberté de travailler l'or et l'argent à des titres inférieurs à ceux prescrits par les ordonnances", autorisation pourtant accordée par "le feu roi" (=Louis XV). Voltaire en arrivera à conclure que le meilleur moyen d'améliorer la situation est "qu'on nous oublie", particulièrement les fermiers généraux, le fisc de l'époque .
Je crois qu'en cette période riche en demande pécunière de l'Etat, taxes diverses et variées dont celle d'habitation, nous aussi formulons cette prière :"oubliez nous", nous saurons bien utiliser au mieux ce que vous prélevez !
Quand aux prédictions de gel de toute la terre, c'était une théorie du grand Buffon. Alors réchauffement ou pas ? A suivre...
16:47 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, condorcet, ferney, raton, necker, shakespeare