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10/10/2008

Sainte Barbe priez pour Voltaire

J'ai un vieux parent qui a servi le roi cinquante-deux ans. Il s'est retiré dans la Haute Alsace, où il a une petite terre qu'il cultive dans le diocèse de Porentru. Il voulut un jour faire donner un dernier labour à son champ; la saison avançait, l'ouvrage pressait,  ses valets refusèrent le service, et dirent pour raison que c'était la fête de la ste Barbe, la sainte la plus fêtée à Porentru.

"Eh! mes amis , leur dit mon parent, vous avez été à la messe en l'honneur de Barbe, vous avez rendu à Barbe ce qui lui appartient; rendez moi ce que vous me devez : cultivez mon champ, au lieu d'aller au cabaret. Ste Barbe ordonne-t-elle qu'on s'enivre pour lui faire honneur, et que je manque de blé cette année ?"

Me maitre-valet lui dit :" Monsieur, vous voyez bien que je serai damné si je travaillais dans un si saint jour. Ste Barbe est la plus grande sainte du paradis ; elle grava le signe de la croix sur une colonne de marbre avec le bout du doigt, et du même signe, elle fit tomber toutes les dents d'un chien qui lui avait mordu les fesses : je ne travaillerai pas le jour de la ste Barbe ."

Mon parent envoya chercher des laboureurs luthériens, et son champ fut cultivé. L'évêque de Porentru l'excommunia. Mon parent en appela comme d'abus ; le procès n'est pas encore jugé. Personne assurément n'est plus persuadé que mon parent qu'il faut honorer les saints ; mais il prétend aussi qu'il faut cultiver la terre .

Je suppose en France environ cinq millions d'ouvriers, soit manoeuvres, soit artisans, qui gagnent chacun, l'un portant l'autre, vingt sous par jour, et qu'on force saintement à ne rien gagner pendant trente jours de l'année, indépendemment des dimanches : cela fait cent cinquante millions de moins dans la circulation, et cent cinquante millions de moins en main-d'oeuvre. Quelle prodigieuse supériorité ne doivent point avoir sur nous les royaumes voisins qui n'ont ni la Ste Barbe, ni l'évêque de Porentru ! On répondrait à cette objection que les cabarets ouverts les saints jours de fête, produisent beaucoup aux fermes générales. Mon parent en convenait ; mais il prétendait que c'est un léger dédommagement ; et que d'ailleurs, si on peut travailler après la messe, on peut aller au cabaret après le travail. Il soutient que cette affaire est purement de police, et point du tout épiscopale ; il soutient qu'il vaut mieux labourer que de s'enivrer. J'ai bien peur qu'il ne perde son procès .

Qui est l'auteur de ce texte que l'on peut facilement mettre au goût du jour ?

Voltaire-2 1759.jpg

03/10/2008

comédie comédie

Le jeudi 25 septembre, j'ai assisté à la représentation de la pièce "Le Droit du Seigneur", écrite par Voltaire il y a 236 ans, au théatre de La Comédie à Ferney-Voltaire.

Dans la représentation donnée par l'auteur lui-même, ce dernier n'avait pas pris le premier rôle, il y était le baillis et non pas le seigneur. Qu'aurait-il pensé de la mise en scène de M. Frédéric Souterelle assisté de Mlle Isabelle Bosq ? Je ne parlerai pas en son nom, on fait dire tant de choses aux défunts !

Je dois avouer que lorsque l'on parle de texte dépoussiéré et de mise en scène enlevée, évoquant souvent la comedia d'el arte, on est parfaitement servi par F. Souterelle et sa troupe. C'est d'ailleurs ce qui m'a fait rire, et je n'étais pas le seul, vous pouvez me croire, et ce qui après coup m'a déçu. Trop de mouvement et trop de gags tuent en effet le texte, et vous avouerez que le texte voltairien vaut quand même le coup d'être perçu et non pas aperçu.

Bilan : à voir, pour l'inventivité du metteur en scène et le feu des acteurs,

 

Acteurs

  1. Julie ANDRE = Berthe ( 2ème femme de Dignant)  et Dormène
  2. Lucas BLEGER = Mathurin :  fermier
  3. Marc-Antoine FREDERIC = chevalier Gernance
  4. Gwenaelle JULIEn = Colette
  5. Etienne LOUIT = le baillis
  6. Antoine TOME = le marquis du Carrage
  7. Emilie VIE = Acanthe : élevée chez Dignant
  8. ? (qui se cache sous son capuchon) =Dignant : ancien domestique