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27/04/2009

Quel chien de train que cette vie

Hier, belle journée pour un archer à Poncharra : de gris à menaçant, de menaçant à pluviotant, de pluviotant à petite brise, de petite brise à ensoleillé (malheureusement pour les gauchers!), de frais à tiède, de tiède à assez chaud, d'assez chaud à frais. Bilan : peut mieux faire, élève distrait, fort potentiel de progression ! Traduisez : encore trop de volées tirées à la va-comme-je-te-pousse ! Espoir, le même que pour tout sportif, d'abord effacer les défauts (heureusement) repèrés... et puis ce n'est que le début de la saison.

Pour des archers joueurs et un peu torturés des méninges : http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.ac-nice....

 

Rendez-vous sur les pas de tir pour la solution, prise de tête ! De toute façon un bon archer ne doit pas penser pendant son tir. Laisser parler l'inconscient et s'exprimer le corps, ça suffit largement et c'est ça le plus difficile à réaliser ... je suis bien placé pour le savoir...

 

 

 

 

 

 

 

Passons à une flèche de notre histoire avec Volti qui n'est pas sans me faire penser à mon copain Jacques qui lui aussi connait des terribles problèmes "d'entrailles" révoltées.

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Allez, Jacquot, reviens vite qu'on puisse manger ensemble (et péter, ne vous déplaise à vous les culs-pincés !).Oui, j'ose le dire et l'écrire, et je ne vois pas pourquoi je me génerais quand n(v)otre président national déblatère si aisément !

 

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E viva la "hypocrisia"  et embrassons nous Folleville... Ole !!!

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Mon cher ange, j’apprends que vous avez perdu Mlle Guichard. Vous ne m’en dites rien, vous ne me confiez jamais ni vos plaisirs ni vos peines, comme si je ne les partageais pas, comme si trois cent lieues étaient quelque chose pour le cœur et pouvaient affaiblir les sentiments. Voilà donc  cette pauvre petite fleur si souvent battue par la grêle, à la  fin coupée pour jamais ! Mon cher ange, conservez bien Mme d’Argental, c’est une fleur d’une plus belle espèce et plus forte, mais elle a été exposée bien des années à un mauvais vent. Mandez-moi donc comment elle se porte. Aurez-vous votre Porte -Maillot cette année ? Vous me direz que je devrais bien y venir vous y voir. Sans doute je le devrais et je le voudrais, mais ma Porte-Maillot est à Potsdam, et à Sans- Souci. J’ai toutes mes paperasses, il faut finir ce que l’on a commencé. J’ai regardé le caractère d’historiographe comme indélébile [bien que son départ en Prusse l’ait déchargé de ce titre]. Mon Siècle de Louis XIV avance. Je profite du peu de temps que ma mauvaise santé peut me laisser encore, pour achever ce grand bâtiment dont j’ai tous les matériaux. Ne suis-je pas un bon Français ? et n’est-il pas bien honnête à moi de faire ma charge quand je ne l’ai plus ? Potsdam est plus que jamais un mélange de Sparte et d’Athènes. On y fait tous les jours des revues et des vers. Les Algarotti et les Maupertuis y sont. On travaille, on soupe ensuite gaiement avec un roi qui est un grand homme de bonne compagnie. Tout cela serait charmant ; mais la santé ! Ah ! la santé et vous, mon cher ange, vous me manquez absolument. Quel chien de train que cette vie ! Les uns souffrent, les autres meurent à la fleur de leur âge ; et pour un Fontenelle [mort centenaire en 1757] cent Guichard. Allons toujours pourtant, on ne laisse pas d’avoir quelques roses à cueillir dans ce champ d’épines. Monsieur sort tous les jours, sans doute à quatre heures ; Monsieur va aux spectacles, et porte ensuite à souper sa joie douce et son humeur égale ; et moi, tel j’étais, tel je suis, tenant mon ventre à deux mains, et ensuite ma plume, souffrant, travaillant, soupant, espérant toujours un lendemain moins tourmenté de maux d’entrailles et trompé dans mon lendemain. Je vous le dis encore, sans ces maux d’entrailles, sans votre absence, le pays où je suis serait mon paradis. Être dans le palais d’un roi parfaitement libre du matin au soir, avoir abjuré les diners trop brillants, trop considérables, trop malsains, souper quand les entrailles le trouvent bon avec ce roi philosophe [V* s’est réconcilié avec Frédéric II lors d’un tête à tête le 5 ou 6 mars]; aller travailler à son Siècle dans une maison de campagne [au Marquisat] dont une belle rivière baigne les murs ; tout cela serait délicieux, mais vous me gâtez tout. On dit que je n’ai pas grand-chose à regretter à Paris en fait de littérature, de beaux-arts, de spectacles et de goût. Quand vous ne me croirez pas de trop à Paris, avertissez-moi et j’y ferai un petit tour, mais après la clôture de mon Siècle, s’il vous plait. C’est un préliminaire indispensable.

 

                            Adieu, je vous écris en souffrant comme un diable, et en vous aimant de tout mon cœur. Adieu, mille tendres respects et autant de regrets pour tout ce qui vos entoure.

 

                            Voltaire

                            A Potsdam, 27 avril 1751. »

10/10/2008

Sainte Barbe priez pour Voltaire

J'ai un vieux parent qui a servi le roi cinquante-deux ans. Il s'est retiré dans la Haute Alsace, où il a une petite terre qu'il cultive dans le diocèse de Porentru. Il voulut un jour faire donner un dernier labour à son champ; la saison avançait, l'ouvrage pressait,  ses valets refusèrent le service, et dirent pour raison que c'était la fête de la ste Barbe, la sainte la plus fêtée à Porentru.

"Eh! mes amis , leur dit mon parent, vous avez été à la messe en l'honneur de Barbe, vous avez rendu à Barbe ce qui lui appartient; rendez moi ce que vous me devez : cultivez mon champ, au lieu d'aller au cabaret. Ste Barbe ordonne-t-elle qu'on s'enivre pour lui faire honneur, et que je manque de blé cette année ?"

Me maitre-valet lui dit :" Monsieur, vous voyez bien que je serai damné si je travaillais dans un si saint jour. Ste Barbe est la plus grande sainte du paradis ; elle grava le signe de la croix sur une colonne de marbre avec le bout du doigt, et du même signe, elle fit tomber toutes les dents d'un chien qui lui avait mordu les fesses : je ne travaillerai pas le jour de la ste Barbe ."

Mon parent envoya chercher des laboureurs luthériens, et son champ fut cultivé. L'évêque de Porentru l'excommunia. Mon parent en appela comme d'abus ; le procès n'est pas encore jugé. Personne assurément n'est plus persuadé que mon parent qu'il faut honorer les saints ; mais il prétend aussi qu'il faut cultiver la terre .

Je suppose en France environ cinq millions d'ouvriers, soit manoeuvres, soit artisans, qui gagnent chacun, l'un portant l'autre, vingt sous par jour, et qu'on force saintement à ne rien gagner pendant trente jours de l'année, indépendemment des dimanches : cela fait cent cinquante millions de moins dans la circulation, et cent cinquante millions de moins en main-d'oeuvre. Quelle prodigieuse supériorité ne doivent point avoir sur nous les royaumes voisins qui n'ont ni la Ste Barbe, ni l'évêque de Porentru ! On répondrait à cette objection que les cabarets ouverts les saints jours de fête, produisent beaucoup aux fermes générales. Mon parent en convenait ; mais il prétendait que c'est un léger dédommagement ; et que d'ailleurs, si on peut travailler après la messe, on peut aller au cabaret après le travail. Il soutient que cette affaire est purement de police, et point du tout épiscopale ; il soutient qu'il vaut mieux labourer que de s'enivrer. J'ai bien peur qu'il ne perde son procès .

Qui est l'auteur de ce texte que l'on peut facilement mettre au goût du jour ?

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