17/07/2009
Voici, Monsieur, la seule médaille qui me reste
Ce jour, jour du poisson et du repos associés –en tout cas pour moi-, grand ménage et repassage couplés à une mini-lessive. Sèchera quand pourra, orages (oh désespoir !) à qui mieux - mieux …
Fortement tenté d’en faire le minimum, ce jour de la flemme et des bonnes intentions désunies, je me retrouve incapable de résister à l’appel des 105 touches du clavier et au besoin de caresses (dans le sens du poil) de mon mulot attitré.
Cela me permet aussi le plaisir de trainer mes guêtres dans des chambres vides d’occupants, faire résonner mes talons sur les parquets et imaginer le va-et-vient des invités de Volti, amis , parents, touristes et aussi très souvent gens intéressés par les rondeurs de la bourse du maître des lieux (au fait pendant que j’y pense, quelques écus seraient les bienvenus !).
Comme « Jean qui pleure et qui rit », après les distractions heureuses, je viens d’apprendre le décès d’un homme bon, qui m’a connu enfant (c’est vous dire l’âge vénérable atteint), Auguste dit Gust’. Il a choisi sa mort faute d’avoir eu le choix pour sa maladie. J’avais et je garderai un profond respect et de l’affection pour lui. Ses abeilles se retrouvent orphelines, elles sont désormais mon aide-mémoire vivant …
Ce soir, Graf Mourja, violoniste ukrainien, viendra clore en beauté (je me laisse aller : clore en beauté !! plus kitsch que ça, tu pleures !) une série de trois concerts de solistes dans le salon du château (autrefois salle à manger et bibliothèque, réunies par M. Griolay au XIXème).
Nous avons eu l’immense honneur, bonheur et avantage (deuxième couche, avant que la première soit sèche !!) de recevoir et écouter Kenneth Weiss au clavecin, et Paul O’Dette aux luths les semaines précédentes. Très belles et très agréables prestations. Pour ajouter au plaisir musical, ces deux artistes sont des gens d’une gentillesse et d’une simplicité adorables. Notre vaillant ukrainien je le suppose sera aussi agréable. Son violon, de Lorenzo Storioni, poussa sa première note en 1776, ce qui fait que Voltaire aurait tout à fait pu entendre ses premières doubles – croches. A voir et écouter ce soir …
Merci, Volti. Ce 17 juillet, lettre courte, pas de cloques aux bouts des doigts en perspective …
« A François-Louis-Claude Marin
Voici, Monsieur, la seule médaille qui me reste. Il n’y en a jamais eu que douze qui aient porté pour légende [Il écrivait autre chose à Collini le 25 octobre 1769 ; médaille gravée par Wächter]: Il ôte aux nations le bandeau de l’erreur. [Extrait de la Henriade proposé par Grimm]
Si vous pouviez m’en faire tirer deux ou trois douzaines, je les paierais bien volontiers. On m’en demande de tous les côtés, il ne faut pas qu’il y en ait trop, mais il est assez bon qu’il y en ait quelques unes.
Mme Denis est bien loin d’oublier monsieur Marin, nous lui sommes tous deux très attachés.
Voltaire
17è juillet 1773 à Ferney. »
17:02 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : voltaire, marin, médaille, wächter, ferney
Commentaires
Vous savez me faire rire...
Mais vous savez aussi faire briller mes yeux de larmes.
J'ai une pensée émue pour votre ami, Gust' et ses petites abeilles, aujourd'hui, orphelines.
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On croirait des médailles de Voltaire, en chocolat... hummmm !
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Comme j'aimerais être au château ce soir...
Très bonne soirée à vous, veinard. :)
Écrit par : lovevoltaire | 17/07/2009
la soirée musicale fût bonne avec un petit goût de manqué.
Il a su faire jouer son violon remarquablement, avec parfois cette sensation de dédoublement qui m'enchante, de la douceur, de la violence, du touchant (trop peu à mon goût), et puis la capacité d'emplir l'espace et faire oublier l'ingratitude du violon joué en solo (surtout lorque certaines pièces sont des transpositions du clavecin de Bach au violon de Graf). Je ne boude cependant pas mon plaisir. A mon coeur, le bon l'emporte...
Graf excellent technicien, n'a pas eu la forme suffisante pour donner à chaque morceau l'âme nécessaire ; je regrette d'employer les mots de technicien, de professeur, de virtuose même; il a des circonstances atténuantes, un petit peu fiévreux, arrivant de Hollande et en partance dès ce samedi matin pour Moscou . Boulimie de concerts, trop demandé et hélas peu avare de ses prestations .
Pas le temps de converser, ni d'avoir un petit temps de souper avec lui comme nous l'avions fait avec les concertistes précédents .
Dommage ... et comme je suis encore un peu iconoclaste, je vous dirai qu'il est suffisamment enveloppé pour sauter un repas (et même plusieurs) , il a des rondeurs que Mme Denis avait atteintes grâce à une grande constance dans la gourmandise...
Écrit par : james | 18/07/2009
Je viens de l'écouter sur Internet, il se démène pas mal avec son violon...
Il joue fort bien.
Ma mère aurait bien voulu que je sois violoniste mais dès la première leçon, elle a bien vite renoncé à son rêve pour ne pas avoir de problèmes avec les voisins...
Écrit par : lovevoltaire | 19/07/2009
Chère loveV vous ne faites pas vibrer des boyaux de chats mais vous êtes une virtuose du clavier (bien inspiré !)
Écrit par : james | 20/07/2009
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