17/03/2010
Les vers … qu’on a substitué aux miens sont aussi mauvais que si je les avais faits moi-même
Ce jour, outre la naissance d'un agneau sur les terres du château, j'ai accompagné un groupe de visiteurs qui venaient de Nancy et qui heureusement pour eux, m'ont trouvé en pleine forme et sont repartis avec "la banane".
C'est très motivant ; j'ai même réussi à oublier cette lettre de remerciements qui me voue à la voie de garage de la retraite .
Remercié et largué .
Mais un vrai voltairien ne se laisse pas abattre !
Je vais faire comme Volti : "je reprendrai ma gaieté pour les minutes que j’ai à ramper sur ce misérable globule."
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental
17 mars 1773
Je ne sais pas, mon cher ange, si je suis encore en vie, mais si j’existe, c’est bien tristement. J’ai la sottise d’être profondément afflige de l’insolence avec laquelle ce fripon de Valade a fait accroire à monsieur le Chancelier et à M. de Sartines qu’il n’avait fait sa détestable édition [ Les Lois de Minos ; « Les vers … qu’on a substitué aux miens sont aussi mauvais que si je les avais faits moi-même ». : lettre à d’Argental le 30 janvier ; « feuilles remplies de fautes grossières… » : à d’Argental le 4 janvier ] que sur celle qui lui avait été envoyée de Genève, tandis que ma véritable édition de Genève n’est pas encore tout à fait achevée d’imprimer à l’heure où je vous écris.
Vous pouviez confondre d’un mot l’imposture de ce misérable, puisque son édition contient des vers que je n’ai point faits et dont la pièce a été remplie sans m’en donner le moindre avis. Vous savez ce que je vous ai mandé sur ces vers et vous pouvez juger de la peine extrême que j’en ai ressentie. Il faut peu de choses pour accabler un malade et souvent qui a résisté à cinquante accès de fièvre consécutifs ne résiste pas à un chagrin.
Pendant ma maladie il m’est arrivé des revers bien funestes dans ma fortune, et j’ai craint de mourir sans pouvoir remplir mes engagements avec ma famille. La vie et la mort des hommes sont souvent bien malheureuses : mais l’amitié que vous avez pour moi depuis plus de soixante ans rend la fin de ma carrière moins affreuse.
Pardonnez les expressions que la douleur m’arrache ; elles sont bien excusables dans un vieillard octogénaire qui sort de la mort pour se voir enseveli sous quatre pieds de neige et pour être comme il est d’usage abandonné de tout le monde. J’espère que je ne le serai pas par vous, que je ne mourrai pas de chagrin, n’étant pas mort de cinquante accès de fièvre ; et que je reprendrai ma gaieté pour les minutes que j’ai à ramper sur ce misérable globule. »
14:44 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Gardez courage, Mister James, et battez-vous ! Ce n'est pas parce que les vous mettent à la retraite que votre passion voltairienne s'arrête !
Faites les visites hors du château.
Ce serait marrant d'ailleurs que les visiteurs vous suivent hors des chemins battus, non ? Parce qu'après tout, l'âme de Voltaire est partout à Ferney-Voltaire, non ? Alors, faites une annexe. :)
Allez, il faut garder le moral.
A bientôt, en tout cas.
L.V
Écrit par : lovevoltaire | 17/03/2010
Je viens de vous écrire et je m'aperçois que les mots : MH - "Monuments Historiques" n'apparaissent pas dans mon message. C'est possible qu'il y ait une modération lorsqu'on parle des MH ?
Avec ce second message, je vais bien voir.
Bon courage, Mister James. :)
Écrit par : lovevoltaire | 17/03/2010
Non, point de modérateur-censeur, -heureusement ?- sur ce blog. Je suis certainement fiché par les R.G. mais sans plus, comme un bon nombre de citoyens .
Merci, chère LoveV pour vos encouragements, mais avec ou sans château, je reste voltairien et même voltairiste, comme vous . Volti a connu des désagréments autrement plus enquiquinants que ça, et mon côté optimiste va prendre le dessus .
Sur ce, je file sur Monsieurdevoltaire ...
Écrit par : james | 19/03/2010
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