18/03/2010
Je suis dans une situation à avoir toujours besoin d’une somme considérable que je puisse trouver sous ma main
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« A Bonaventure Moussinot
[lettre très longue, dont on ne donne que le début pour avoir une idée des lettres d’affaires de V*]
Ce 18 mars [1737]
Mon cher abbé, Monsieur le marquis du Châtelet vous rendra ou vous fera remettre celle-ci. J’ai de très fortes raisons pour vous réitérer encore la prière de ne parler de mes affaires à personne, et surtout de dire que je suis en Angleterre.[pour ne pas montrer qu’il est à Cirey où il est depuis son retour de Hollande ; le 3 janvier La Gazette d’Utecht a annoncé qu’il avait sans doute quitté définitivement la France, pour éviter un emprisonnement]
J’ai encore quelques contrats que M. le m . du Châtelet vous remettra. Il y en a sur M. de Lézeau, de Rouen, sur M. le prince de Guise, sur M. de Goebriant, sur M. le marquis d’Estain. Vous aurez donc la bonté, mon cher ami, de joindre tout cela au reste de mes affaires.
Il y a trois ans que M. de Lézeau ne m’a payé. Il est riche, il a des terres. M. de Goesbriant commence à être à son aise. Il me doit cinq ans, il peut me satisfaire. On lui a déjà fait une sommation, uniquement pour empêcher la prescription. Le prince de Guise me doit trois ans, sur quoi il n’a payé que 1336 livres tournois.
M. de Villars me doit une année au premier janvier dernier.
M. d’Auneuil de même.
M. d’Estain de même, mais je crois que M. d’Estain vient de payer à un de mes créanciers.
M. de Richelieu doit une année au 1er avril prochain.
Arouet a payé l’année 1736.
On me doit ma rente viagère de 1736 échue en janvier dernier, mais il faut un certificat, et je ne vous l’enverrai pas sitôt.
Tout ceci bien établi, voici ce que nous avons à faire. Je vous prie d’écrie une lettre circulaire sous le nom de votre frère à tous les créanciers, conçue à peu près en ces termes :
Monsieur,
M. de Voltaire voyageant dans les pays étrangers a un besoin extrême de la rente que vous lui devez. Il espère de votre générosité et de votre amitié que vous voudrez bien le payer. J’attends vos ordres, etc.
Moussinot, rue de la Lanterne derrière Saint Merri.
M. de Richelieu n’aura point part à cette sommation, l’année n’étant pas encore échue. Mais dès qu’elle le sera, il faut écrire à son intendant, et établir un paiement annuel, de janvier en janvier. Il faut lui proposer de payer les trois quartiers depuis avril 1736 jusqu’à janvier 1737, auxquels échet le dixième, afin que dorénavant, à compter du 1er janvier 1737 je sois payé sans retenue de dixième puisque ce Xè a été aboli au premier janvier 1737.
Après deux lettres écrites à chaque créancier à un mois l’une de l’autre, il faudra faire des commandements aux fermiers des terres sur lesquelles mes rentes sont déléguées. Je vous enverrai la liste. Pour le reste de ma vie ce sera à ces fermiers que j’aurai affaire , le tout [avec] un mot d’excuse aux maîtres de la part de M. Moussinot votre frère.
A l’égard de la grande affaire de Bouillé Ménard,[Richelieu a lui-même une créance sur Mme d’Aubigné de Bouillé Ménard, sur laquelle il est question de donner délégation à V*] j’attends de vos nouvelles . Mais voici quel est mon plan. Je suis dans une situation à avoir toujours besoin d’une somme considérable que je puisse trouver sous ma main. Ainsi il y aurait à moi beaucoup d’imprudence à mettre dans le commerce de Pinga une partie forte qui serait trop longtemps à rentrer. Je vous prie même de n’y mettre que 4 ou 5 mille francs pour vous amuser, et surtout que cela soit, comme le reste dans un profond secret… »
Abbé, homme de confiance et plus encore :
Moussinot, Bonaventure, abbé, 1: 347, 350n, 379, 403n; Mémoire historique et critique sur la ville souterraine découverte au pied du Mont Vésuve, 9: 6, 7n, 34, 35n
et voir :
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