29/07/2013
la France est un bon corps qui s'est toujours guéri de toutes ses maladies et elle en a essuyé de plus violentes
... Et si Voltaire affichait un tel optimisme en pleine Guerre de Sept Ans, c'est qu'il connaissait bien l'Histoire . Dirait-il encore la même chose de nos jours ? Peut-être pas dans notre pays où la grande question reste celle du lieu de vacances pour pouvoir épater la galerie en rentrant, avec, en deuxième plan, l'âge de la retraite qui doit bien évidemment être le plus jeune possible .
Mais je peux me tromper en affichant un certain pessimisme . Les Froggies indisciplinés se noient avec une constance remarquable alors que nous avons par ailleurs des nageurs bien davantage remarquables .
Avec une bonne longueur d'avance
« A Jean -Robert Tronchin
Aux Délices , 7 avril [1758]
Mon cher ami, vous voyez tout avec de bons yeux et je ne veux voir que par les vôtres . Je suis avec vous pour mes affaires comme avec le docteur Tronchin pour ma santé . Quand vous trouverez les effets publics mauvais et que vous vendez les vôtres, je vous prierai de vendre aussi les miens . Nous les avons achetés dans un temps où tout prospérait mais rien n'est encore désespéré . On ne dit pas de bien de nos affaires il est vrai , ni sur terre ni sur mer . Cependant la France est un bon corps qui s'est toujours guéri de toutes ses maladies et elle en a essuyé de plus violentes . Je n'enverrai le mandat de 25 mille livres qu'à la fin du mois, et je vous prierai de ne rien dire des affaires qui sont entre vous et moi à la personne qui doit payer les 25 mille livres .
J'ai envoyé à M. Camp un petit billet de change de 600 livres de Cadix . C'est tout ce que j'ai reçu de MM. Gilly 1 depuis 4 mois . Si ces messieurs traitaient leurs affaires comme les miennes, ils feraient bientôt banqueroute . On dit qu'il y en a beaucoup en France depuis quelque temps . Voilà le fruit de la guerre . C'est un fléau dont tout le monde se ressent . je ne songe qu'à cultiver en paix vos jardins . Je souhaite que vous ayez quelque fleuriste, quelque amateur de potager pour ami à Paris qui vous donne toutes les graines possibles . Quand pourrai-je vous voir à nos petites Délices ? Je viens d'y planter des noyers pour vos arrière-neveux . Mme Denis et moi nous vous embrassons de tout notre cœur .
V. »
1 Voir lettre du 3 février 1758 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/02/lettre-sur-un-ministre-public-ce-n-est-pas-une-chose-ordinai.html
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