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31/12/2013

c'est à vous à décider jusqu'où vos bontés pour moi peuvent s'étendre

...Pôpôpô ! si j'mérite, m'sieur-dames !

Toute honnête proposition sera examinée sans délai ni murmure et acceptée dans la joie, c'est tout dire . Faites-moi du bien, encore, je ne m'en lasserai pas , et ça coûte si peu de demander !

Cavale à trois pattes

 DSCF1540 cavale.jpg

 

 

« A Marc-René d'Argenson, marquis de Voyer

Au château de Ferney, pays de Gex, route de Genève, 16 décembre [1758]

Monsieur, daignez-vous vous souvenir encore d'un solitaire et d'un malade attaché à toute votre maison depuis qu'il respire, et à vous depuis que vous êtes né 1? J'achève mes jours dans le pays de Gex. Il est vrai que j'ai une jolie maison de campagne dans le territoire helvétique de Genève mais j'ai des terres considérables à deux lieues de Gex, en France. Il n'y a point de haras 2 dans le pays, ce pays est très-propre à fournir d'excellents chevaux. Je possède huit cavales fort belles. J'ai auprès de moi un de mes parents, nommé Daumart, mousquetaire du roi, qui me parait avoir beaucoup de talents pour les haras.

Je vous offre mes services, monsieur,3 et ceux de mon parent. On dit que vous voulez bien prêter des étalons du roi aux seigneurs des terres qui veulent s'en charger, c'est à vous à décider jusqu'où vos bontés pour moi peuvent s'étendre. Je vous serai très-obligé de me vouloir bien honorer d'une patente de votre capitaine et directeur des haras dans le pays de Gex. Si, au bout de quelque temps, vous êtes satisfait de mon administration, vous pourrez alors donner des appointements à mon parent Daumart.

Voilà ma requête présentée; j'attends vos ordres et vos bontés.

J'ai l'honneur d'être, etc.

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi ».

1 V* connait le comte Marc-Pierre d'Argenson , père du marquis, depuis ses études au collège Louis le Grand .

2 Pour le haras, voir fin de la lettre du 10 décembre 1758 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/25/j-edifie-plus-que-je-ne-detruis-je-parle-d-edifice-et-non-d-5255095.html

et celle du 22 décembre 1758 à Jean-Robert Tronchin : « J'ai chez moi un mien parent mousquetaire du roi qui tiraille comme vous calculez » ; ce qui confirme la date du 16 décembre 1758 . Il est seulement surprenant que V* fasse une telle ouverture avant d'avoir signé le contrat de Ferney (simple accord des 7 et 14 octobre 1758).

Haras royaux : http://fr.wikipedia.org/wiki/Haras_nationaux_%28France%29

3 Entre autres charges, le marquis de Voyer, fils du comte d'Argenson (voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Marc-Pierre_de_Voyer_de_Paulmy_d%27Argenson), avait celle de directeur général des haras royaux, qu'il conserva de 1752 à 1763 . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Marc-Ren%C3%A9_de_Voyer_d%27Argenson_%281722-1782%29 .

 

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