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06/01/2014

Votre Altesse Sérénissime, madame, daigne m'honorer d'un présent unique. Il me semble qu'il n'y a point de princesse qui pût en donner autant

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 Caroline-v-Baden.jpg

 

 

« A Caroline-Louise de Hesse-Darmstadt, margravine de Baden-Durlach 1

Aux Délices 23 décembre 1758

Je baise à deux genoux la main

Qui crayonna ce rare ouvrage.

Votre tableau paraît divin ;

Mais le portrait du peintre eût charmé davantage .

 

Ah que ne puis-je peindre à la postérité

La grandeur sans orgueil, la douceur sans faiblesse !

Et les charmes de la beauté

Ornant le front de la sagesse !

 

Je connais mon modèle ; on verrait trait pour trait

Les grâces, les talents et les vertus ensemble .

Que dirait-on de ce portrait ?

Qu'il est faible, mais qu'il ressemble .

 

Votre Altesse Sérénissime, madame, daigne m'honorer d'un présent unique 2. Il me semble qu'il n'y a point de princesse qui pût en donner autant . Je conserverai toute ma vie, madame, avec la plus respectueuse et la plus vive reconnaissance, ce monument de vos talents et de vos bontés . Je ne désire que de recouvrer un peu de santé pour être en état de venir remercier Votre Altesse Sérénissime et de me mettre encore une fois à ses pieds et à ceux de monseigneur le margrave . Je ne cesse de parler du séjour de Carlsrue . La nature a rendu ce lieu bien agréable . Vous l'embellissez par les arts, et quiconque en a vu la souveraine désire passionnément de lui faire encore sa cour . Lorsque j'avais l'honneur d'être dans le palais de Vos Altesses Sérénissimes j’étais confirmé dans l'idée que l'Allemagne est aujourd'hui ce qu’était l'Italie du temps des ducs de Ferrare, et des Médicis . Faut-il que tant de malheurs ravagent un pays qu'on embellissait avec tant de peine ? Mme la margravine de Bareith qui aimait comme vous tous les arts et dont le mérite approchait du vôtre meurt au milieu de sa carrière après les plus violents chagrins . Mme la duchesse de Gotha voit ses États dévastés . La Saxe est en proie à tous les fléaux . Toute l’Allemagne souffre . Carlsrue est très bien nommé dans ces temps horribles . C'est en effet l’asile du repos . Puisse-t-il longtemps l'être . Puissiez-vous madame, vous et monseigneur, et toute votre auguste famille jouir de la tranquillité que de princes ont perdue . Puissiez-vous être aussi heureuse que vous le méritez .

Je suis avec le plus profond respect madame

de Vos Altesses Sérénissimes

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire »

2 Le 8 décembre 1758, la margravine écrivait à V* : « Le coche qui va à Lausanne et qui partit samedi d'ici, est chargé de vous remettre, monsieur, mon méchant ouvrage que vous m'avez permis de vous envoyer . » Il s'agissait peut-être du « pastel » que la margravine dit être « en ouvrage » le 17 août 1758 , et qu'elle avait dû commencer lors du séjour de V* à la cour de l’Électeur palatin de juillet-août 1758 .

 

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