Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/11/2014

la meilleure manière de finir ces altercations qu'il suscitera sans cesse est un contrat qui ne lui laisse plus aucun prétexte de s'ingérer dans mes possessions

... Voici ce qu'in petto a dû se dire Juppé lors du passage de Sarkozy à Bordeaux, où visiblement le Nicolas buvait du petit lait (lui qui dit ne pas aimer boire de vin ) en se conduisant comme un saltimbanque ; qu'il profite bien de ces simili succès auprès de gogos flattés et flatteurs .

 

altercation.jpg

 

 

« A Charles de BROSSES , baron de Montfalcon
Aux Délices, 14 novembre [1759]
Votre lettre, monsieur, a croisé la mienne . Elle fortifie les raisons que j'ai de me plaindre des mauvais procédés de Girod 1, qui ne m'a communiqué aucun papier concernant les droits d'une terre qui m'appartient pendant ma vie, pleinement et sans restriction.
Je suis persuadé que les délations 2 de cet homme ne vous séduiront pas, et que vous ne voudrez jamais avoir à vous reprocher d'avoir mis dans la balance le tort imaginaire de quelques écus avec le bien réel de vingt mille francs que je procure à la terre, après l'avoir achetée si chèrement.
Je continue très-certainement à faire le bien de la terre en agrandissant les prés aux dépens de quelques arbres : il faut que Girod soit bien ignorant pour ne pas savoir qu'un char de fourrage vaut trente-six livres au moins, et souvent deux louis d'or aux portes de Genève. Feu M. le bailli de Brosses avait toujours projeté ce que je fais.
Mais, monsieur, pour trancher toutes ces mauvaises difficultés qu'un homme aussi intéressé et aussi chicaneur que Girod me fera toujours, faites-moi une vente absolue de la terre que vous m'avez vendue à vie. Voyez ce que vous en voulez en deux payements.
La vente ridiculement intitulée par Girod bail à vie, comme si j'étais votre fermier ad vitam, est d'ailleurs une impropriété qu'il faut corriger ; et la meilleure manière de finir ces altercations qu'il suscitera sans cesse est un contrat qui ne lui laisse plus aucun prétexte de s'ingérer dans mes possessions. Je présume que ce parti vous agréera. J'attends vos ordres, et ce dernier marché sera aussitôt conclu que l'autre. Il sera doux alors de n'avoir à vous parler que de belles-lettres.

Votre très-humble obéissant serviteur.

V. »

2 Ces « délations » ont motivé une lettre du président citée en note dans la lettre du 9 novembre 1759 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/11/18/ma-fortune-qui-me-met-au-dessus-des-petits-interets-me-perme-5492496.html

La lettre de ce jour croise une réponse de De Brosses à celle du 9 novembre 1759 : « De M. le président de BROSSES
Novembre 1759.
Vous avez vu, monsieur, par ma lettre qui a croisé celle que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, que je suis très-éloigné de penser à avoir aucune difficulté avec vous. Si vous l'aviez imaginé, vous auriez rendu peu de justice à mes sentiments à votre égard. C'est au contraire afin qu'il n'en puisse naître à l'avenir ( non entre nous, ce qui n'arrivera jamais), mais entre d'autres, que je crois qu'il est à propos pour tous deux de faire ce qui est ordinaire et d'usage en pareil cas, c'est-à-dire de dresser un état en forme et un procès-verbal de reconnaissance de l'état dans lequel était la forêt lorsque vous êtes entré en jouissance. J'ai mandé qu'on y procédât de concert et d'un commun accord avec vous; que l'on vous communiquât d'avance tout ce qu'il y aurait à faire, et que l'on prît votre jour, parce que sans doute vous ferez trouver quelqu'un de votre part à la rédaction de cette reconnaissance, qui est une pièce commune entre nous, tout de même que le traité que nous avons fait.
Quant à ce que vous me marquez que vous ne tirerez que 2000 livres de rente de Tournay, je puis à cela vous répondre en un mot qu'il n'a tenu qu'à vous d'en tirer 3200 livres; c'était, lors de notre traité, le prix du bail actuel, dont il y avait encore plusieurs années à écouler. Je vous ai remis en main ce bail avec la soumission du fermier de le continuer à 3300 livres. Vous avez exigé de moi la résolution du bail ; et il m'a fallu donner pour cela 900 livres au fermier, que je n'étais nullement curieux de lui donner. Que si le sieur Chouet s'est ruiné dans cette ferme, comme vous me l'écrivez, rien n'est plus adroit de sa part, car assurément on ne pouvait, au vu et su de tout le monde, être plus parfaitement ruiné qu'il l'était quand il est revenu de Livourne et qu'il a pris cette ferme. Il y a vécu plusieurs années. Il m'a bien payé : ce ne peut être que sur le produit de la ferme, puisqu'il n'avait rien d'ailleurs. Ce n'est pas que je n'aie été très-content de me défaire d'un homme tout à fait déraisonnable et toujours ivre, je le suis encore bien davantage de voir à Tournay une personne telle que vous. Et si, par l'événement de la décadence publique, j'ai fait un pas de clerc en troquant la jouissance de mon fond contre 35000 livres qui s'en vont dissous per deliquium, ce n'est pas votre faute. Ne me demandez, ni presque à aucun Français, comment va ma fortune, mais seulement comment vont mes infortunes. Je ne suis plus en peine que de savoir comment fera désormais notre ministère, après avoir tout pris sans rien avoir.
Voici bientôt le temps propre à planter les vignes. Quand je partis pour Paris, M. Le Bault, votre ami et le mien, qui est dans un très-bon climat, voulut bien se charger de vous envoyer de ma part la quantité de plants que j'ai promis de vous fournir. Comme il est exact, je pense qu'il ne l'aura pas oublié. Je vais cependant lui en écrire. Mais si vous ne les avez pas reçus, pour plus d'expédition, ayez la bonté de lui en écrire aussi un mot en droiture.
Envoyez-moi, si vous voulez, les noms des gens en qui vous avez confiance pour garder la chasse : mon frère leur fera expédier des commissions. Ce seront des gardes que vous aurez sous votre main, à vos ordres, et que vous ferez révoquer à votre volonté si vous n'en êtes pas content.
J'ai l'honneur d'être, avec le plus inviolable attachement, monsieur, etc. »
Et dans le même temps de Brosses écrit à Girod : « De M. le président de BROSSES ,
à M. GIROD
capitaine en châtelain royal du pays de GEX.
Novembre 1759.
J'ai écrit à M. de Voltaire, sur l'article des bois, une lettre très-polie, mais forte et précise, par laquelle je lui fais voir qu'afin de prévenir les difficultés qui ne manqueraient pas de naître à l'avenir sur l'état primitif des lieux, s'ils étaient une fois dénaturés, il y a nécessité pour lui et pour moi de dresser dès aujourd'hui une reconnaissance en forme de l'état où était la forêt quand elle lui a été remise.
J'ai reçu de lui une lettre qu'il m'écrivait de son propre mouvement et qui a croisé la mienne. Il faut qu'il ait pris l'alarme sur la visite que vous avez été faire : car il s'étend beaucoup sur ce qu'on veut lui susciter des affaires et sur l'excellente culture qu'il ordonne, ayant, dit-il, dans les six premiers mois de sa jouissance, mis plus de 15000 livres en réparations, tant dans la maison qu'à faire ôter des pierres des terres labourables. Je crois qu'il y aurait beaucoup à décompter sur une si grosse somme, et qu'à peine peut-être y trouverait-on le dixième en utilités réelles.
Au reste il convient que son théâtre ne me sert à rien, et qu'il fait arracher les arbres de la forêt. Ainsi sa lettre ne change rien à une précaution toujours usitée en pareil cas, et nécessaire pour tous deux.
Vous comprenez combien il est essentiel que tout ceci soit fait en règle et qu'on n'y perde point de temps, par les raisons que vous m'avez dites vous-même.
Je désire que ceci se puisse faire d'accord et de bonne grâce avec M. de V. : il faudra lui demander son temps et son jour. Mon intention n'est point du tout de l'inquiéter; il est fort le maître de faire ce qui lui plaira.
Mais comme il va souvent fort vite, il est juste que les choses ne puissent être dégradées sans retour.
Par parenthèse, dites-moi, je vous prie, s'il a payé à Charlot les moules de bois qu'il me donna la commission, lorsque j'étais là-bas, de lui faire fournir par ce pauvre diable, qui certainement ne peut ni ne doit en être le payeur. Au reste, je crois que vous avez fini le compte avec Charlot pour la vente de bois qui lui a été faite de mon temps. »

 

Les commentaires sont fermés.