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31/01/2015

Je ne désavoue jamais ce que je dis ou ce que j'écris, parce que j'espère ne rien dire de malhonnête

... Additif à la note III de la lettre du 26 janvier de Voltaire à la duchesse de Saxe-Gotha, publiée le 26 janvier 2011 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/26/j-aurai-toujours-beaucoup-de-respect-pour-les-belles-et-tout.html

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Voltaire fait allusion à une indiscrétion de Frédéric II qui avait transmis à Pitt une lettre de Choiseul . Choiseul s'en était plaint à V* par une lettre du 14 janvier 1760 :   

« Ce 14 janvier [1760]

 Luc sans généraux, sans vertus, sans conduite, cèdera tôt ou tard à la toque bénite, et quand cela sera fait qui le relèvera ? Ce ne sera pas la France, encore moins l'Angleterre . Il faut que Luc soit fol à mettre aux petites maisons de Vienne, s'il ne fait pas l'impossible pour engager l'Angleterre à faire la paix cet hiver ; car sans cette paix, qu'arrivera-t-il ? Que la France  fera la guerre, que, la faisant avec désavantage sur mer, elle tâchera de s'en dédommager par des efforts sur terre, qu'elle sera forcée de se lier plus fortement pour cet objet avec la Russie et Vienne, que Luc sera anéanti parce que sa puissance n'est pas une puissance de circonstance, que nous ne ferons pas toujours les mêmes fautes et que, Luc terrassé, chacun cherchera à s'accommoder et pensera à se mettre en système sans songer à l'acteur que l'on aura ôté de la scène . Je pense en l'honneur et en vérité ce que je vous mande ; mais je vous prie de ne le lui pas écrire ; il m’a joué le tour d'envoyer en Angleterre la lettre que je vous ai écrite en été ; de là elle a fait plus de chemin, car la nouvelle m'est venue par Petersbourg . J'aurais quelques petits reproches à vous faire de confier des lettres que je vous écris d'amitié et sans trop faire d'attention à ce qu'elles contiennent, et de les montrer à qui ? à quelqu'un qui mésuse de la liberté qui doit régner dans ces sortes de lettres au point de les envoyer en Angleterre et en Russie . Je ne désavoue jamais ce que je dis ou ce que j'écris, parce que j'espère ne rien dire de malhonnête ; mais cependant je ne connais pas assez l'impératrice de Russie pour avoir la confiance que l'on lui communique toutes les lettres d'amitié que je peux vous écrire . Cette aventure m'a dégoûté absolument ; elle est déplaisante, elle ne produira rien à Luc, mais elle me donne une leçon vis-à-vis de lui dont je me souviendrai . Cet homme ne sait peut-être pas que j'ai la réputation d'avoir eu de l'ambition et que je n'en ai pas l'ombre, que je hais les affaires à mort, que j'aime mon plaisir comme si j'avais 20 ans, que je m’embarrasse fort peu de l'argent et que la fortune la plus médiocre qui me ferait vivre me serait suffisante, que je crois, sûrement par sottise et par hauteur, qu'hors de mon maître, quand j'ai fait la révérence à un souverain, je lui ai rendu tout ce que je lui dois ; que je ne suis point étourdi ni par la gloire ni par la chute des rois, et qu'enfin j'aime plus que tout la société, la bonne foi et la douceur ; et quand on m'a manqué une fois, Luc serait-il cent fois plus grand qu'il n'est et qu'il ne sera, on manquera peut-être au roi mon maître, mais on n'attrapera plus son ministre . La Russie n'a pas manqué de nous faire passer les soupçons obligeants que l'on lui avait donnés contre nous ; l’éclaircissement a été aussi un peu prompt, car nous ne sommes pas en guerre contre le roi de Prusse et par conséquent nous ne pouvons pas traiter avec lui d'une paix particulière . Ce sont ses ennemis ou ses alliés qui peuvent faire sa paix, mais ce n'est pas nous, et, à moins qu'il n'ait un acharnement décidé contre la France, il a grand tort de chercher à nuire à notre réputation en semant des soupçons .

 A bon entendeur salut . Si vous vous servez de quelques phrases de cette lettre, vous les copierez et les ajouterez, mais surtout en disant que je vous ai grondé et que je suis de mauvaise humeur, de ce qui est arrivé en Russie ; ce qui effectivement est vilain en pure perte .

 Si vous croyez pouvoir mander à Luc que vous m'avez envoyé sa lettre ostensible du 18, mandez-lui que je vous réponds affirmativement qu'il n'est pas plus question des Pays-bas pour l'infant don Philippe que de la Champagne pour le Mogol ; il a les nouvelles des anciens rêves s'il pense que l'on songe encore à ces déplacements ridicules . La France est raisonnable vis-à-vis de l'Angleterre qui ne doit pas prendre un ton si peu modéré ; car malgré ses victoires, nous soutiendrons la guerre encore plus longtemps qu'elle ; il est vrai que ce serait avec le malheur de ne pas faire le carême commodément, mais notre saint-Père le pape nous en dispensera . Quand à l'Allemagne, le roi de Prusse peut être sûr que la France ne veut ni n'espère aucun dédommagement et qu'elle abandonne toute vue dans ce genre à l'espoir de voir la tranquillité établie . Autrefois nous nous sommes emportés, mais j'ai suivi depuis un système très modéré, il ne changera pas ; mais je vous assure qu'en même temps j'aimerais mieux mourir que de ne pas soutenir cette modération avec la plus grande hauteur . Je ne parle pas des injures que le roi de Prusse et les Anglais disent et impriment de nous ; le plus profond mépris est le seul dédommagement de pareilles insultes . Adieu , etc. Vous serez toujours dans mon cœur un ami tendre et estimable, et sur le dessus de lettre un gentilhomme ordinaire du roi .

Je vous envoie votre mémoire apostillé . »

 

La chose presse, et elle indigne

... Il serait temps que les Africains se bougent les fesses pour réduire à néant Boko Haram, pour autant que je sache ce ne sont pas les armes qui leur manquent, alors qu'ils en profitent, enfin ils ont l'appui de l'ONU .

http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20150131.AFP7235/ban-ki-moon-en-faveur-d-une-force-regionale-africaine-de-lutte-contre-boko-haram.html

 N'oublions pas, surtout n'oublions pas qu'il est des sauvages assassins qui détruisent des enfants

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« A Jean-Robert Tronchin

Aux Délices 26 janvier [1760]

Voici, mon cher monsieur, tout ce que nous ont rapporté jusqu'à présent les terres de Ferney et Tournay . Voilà cent mille écus bien employés ! Nous vous conjurons instamment Mme Denis et moi de vouloir bien faire passer le mémoire 1 ci-joint à M. le contrôleur général . Il ne s'agit que de l'engager à recommander cette affaire à M. l'intendant de Bourgogne par un mot au bas du mémoire . Nous sommes dans la plus grande peine et nous comptons sur votre amitié . La chose presse, et elle indigne .

V. »

 

Il y a dans toute cette indigne affaire, une envie marquée de nous chagriner et de nous nuire, une animosité secrète qu'il est aisé d'apercevoir

 ... François  Hollande en Hitler en une d'un journal marocain :

http://www.ledauphine.com/france-monde/2015/01/30/hollande-en-hitler-en-une-d-un-journal-marocain

OK ! OK ! la liberté d'expression est là ! les Marocains se reconnaissent-ils dans ce journal ? Si oui, ce sont des abrutis profonds . Si non, qu'ils le disent haut et fort , et vite . 

 Heureusement qu'il existe un magnifique contrepoison : Voltaire ! et que , quand même , la folie n'est pas maitresse partout , comme le prouve le succès du Traité sur la tolérance : https://www.actualitte.com/societe/houellebecq-voltaire-charlie-hebdo-2015-annee-de-tolerance-et-d-expression-54766.htm

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry

26 [janvier 1760] 1

Voici mon cher monsieur la copie de la déclaration que Mme Denis écrivit 2 hier 25 au soir, et a envoyé à Saconnex le 26 au matin . Je dépêchai hier à l'intendance à Dijon, à M. l'intendant à Paris, à M. le contrôleur général les mêmes mémoires que je vous adressai .

On dit publiquement qu'on nous a fait vivre cette avanie parce que je me mêle, dit-on, de prendre des mesures pour délivrer la province . Je ne sais qui a pu répandre le bruit que nous devons traiter pour le sel avec les fermes générales . On dit que le sieur Sédillot a fort encouragé les employés à faire cette violence à Mme Denis et à moi . Nous avons minuté une requête au roi en cas de besoin . Tout malade que je suis, je n'abandonnerai pas cette affaire . Il est certain par la déclaration de Mme Denis qui est dans la plus exacte vérité, que les commis sont dans leur tort . Mme Denis avait envoyé son secrétaire à neuf heures du matin endosser la permission à Saconnex . Elle le fut publiquement par lui . Et les commis ont supprimé ce fait essentiel dans leur procès-verbal . Il y a dans toute cette indigne affaire, une envie marquée de nous chagriner et de nous nuire, une animosité secrète qu'il est aisé d'apercevoir . On dit que le directeur de Mérin s'est vanté que le sel subsisterait malgré vous tel qu'il est, et que vous vous repentiriez de votre entreprise . J'ignore si la chose est vraie . Je ne suis sûr que de votre amitié et de votre prudence comme vous devez l'être du véritable et tendre attachement de votre très humble obéissant serviteur .

 

V.

 

Copie de la déclaration envoyée par Mme Denis au bureau de Saconnex le 25 janvier 1760, au soir.

Signifiée le 26 au matin

Nous Marie-Louise Mignot Denis, veuve de Nicolas Charles Denis, écuyer, capitaine au régiment de Champagne, correcteur de la Chambre des comptes de Paris, commissaire ordonnateur des guerres, chevalier de l'ordre de Saint-Louis etc. : promettons payer sur tous nos biens la somme à laquelle sera estimée la totalité de nos effets détenus à Saconnex, en cas qu'il en soit ainsi ordonné ; demandons qu'on nous rende nos chevaux et bœufs de labour, qui nous sont nécessaires . Protestant que nous avons envoyé consécutivement trois domestiques au bureau de Saconnex le 24 janvier, pour faire venir notre blé de Ferney pour la consommation de notre maison, avec billets de notre part, passeport de M. l'intendant de Bourgogne ; ordre positif à nos gens munis du dit passeport, d'écrire sur icelui la quantité de blé que nous faisions venir, par nos domestiques de campagne, pour notre usage suivant la permission de monsieur l'intendant ; que nous nous y serions transportés nous-mêmes, si nous n'avions été malades ; que notre secrétaire Jean-Louis Wagnière y a été de notre part, avec un autre domestique nommé Joseph Lyson .

Que le dit secrétaire a endossé l’ordonnance suivant l'usage, en présence de quatre personnes, et du nommé Joseph Lyson, que toutes les formalités ont été remplies.

Que s’il y a quelque erreur, ce que nous ne pouvons concevoir, cette erreur ne peut venir de nous ; et qu'enfin nous nous soumettons à payer ce qui sera jugé devoir l'être, étant prête même à consigner la somme qu'on voudra, entre les mains de tel juge, ou tel gentilhomme qu'on voudra choisir, en foi de quoi, nous avons signé et réservant tous nos droits . »

1 Manuscrit olographe avec pièce jointe originale portant deux additions de V* : « Signifiée le 26 au matin » dans le titre ; « et réservant tous nos droits » à la fin du texte . Sur cette affaire, voir lettre du 24 ou 25 janvier 1760 à Fabry : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/27/le-ble-et-les-equipages-ont-ete-saisis-par-le-brigadier-qui-a-dit-que-je-ne.html

2 V* a d'abord écrit envoya, rayé .